ILERI - 10 janv. 2020
Dorian Malovic : la Chine veut-elle étouffer Hong Kong ? | Conférence à l'ILERI
Dorian Malovic, chef du service Asie au quotidien La Croix, est intervenu à l'ILERI dans le cadre d'une conférence sur la situation à Hong Kong.
"Tu sais, entre l'amour et l'argent, presque toutes les femmes chinoises choisiront l'argent. On est faîtes comme ça. On a été éduquées pour ça. Le temps est compté pour nous les femmes. La jeunesse file très vite. Le temps presse. On veut profiter de la vie tout de suite, au diable les sentiments, on verra plus tard. Souviens-toi, la sécurité passe avant les sentiments. L'amour offre la paix du cœur mais pas de l'âme."
"J'ai vu la société perdre tous ses repères, les responsables politiques dériver dans la folie de l'argent, les fonctionnaires oublier leurs responsabilités au service du peuple, les professeurs accepter de l'argent des parents pour donner les examens à leurs enfants... Mais à mes yeux il y a beaucoup plus grave et terriblement inquiétant : la confiance s'est dissoute dans la grande marmite de l'argent et de la corruption à tous les niveaux de la société, mais, au sein même des familles et des couples, le lien de confiance s'est brisé."
"Je n'étais pas du tout préparée à ce choc du retour, c'est terrible, je n'ai pas de travail, je suis déprimée et je ne peux pas rentrer dans le moule local de la fille et de son copain qui vont se marier." Déracinée trop longtemps, Qian Qian fait partie de cette jeune génération exposée à d'autres cultures, d'autres codes, d'autres modes de pensée. Si bon nombre de ces jeunes reviennent en Chine pour y trouver l'assurance d'un travail, il semble parfois plus délicat pour les filles de se réintégrer dans un modèle devenu trop conservateur à leur égard. La majorité des garçons chinois ne tiennent pas à se marier à une Occidentale, jugée trop autonome et au caractère ingérable, et préfèrent de loin rentrer au bercail où le système leur convient parfaitement. Pour les filles, au contraire, la vie à l'étranger les a épanouies en les éloignant de leur carcan traditionnel.
L'impénétrable Corée du Nord sait jouer de ses atouts considérés comme des faiblesses par les États-Unis : pauvres infrastructures informatiques, isolement, frontières hermétiques aux Occidentaux, pays montagneux à 80 % où le peuple creuse d'inaccessibles tunnels depuis des décennies afin de dissimuler ses bases de lancement, ses chaînes de production nucléaire ou ses usines chimiques. Enfin, en lançant un processus de détente totalement inattendu avec la Corée du Sud en ce début 2018, Kim Jong-un illustre son habileté diplomatique et sa capacité à prendre Washington à contre-pied.
- En Chine, les jeunes filles aiment l'argent et ne cherchent pas l'amour, elles sont avant tout vénales et veulent devenir l'épouse d'un homme riche qui a réussi dans les affaires. Elles peuvent commencer à être sa concubine, puis cherchent à évincer la première épouse, en le forçant à divorcer, et à prendre la première place. C'est classique. Tout le monde le voit, tout le monde le sait, et même si ce n'est pas bien d'un point de vue moral, on accepte ces façons d'agir détestables car chacun essaye de survivre comme il peut avec les atouts qu'il a. Les jeunes filles ont la fraîcheur et elles l'utilisent. C'est un choix de survie."
En six ans, le leader nord-coréen a pratiqué près d'une centaine de tirs de missiles. Celui du 29 novembre 2017 a été le plus sophistiqué jamais lancé, pouvant atteindre désormais « tout » le territoire nord-américain. Terrifié et outré, le monde fait mine d'être surpris. Il semble découvrir que ce petit pays pauvre et isolé, dirigé par un leader « fou » et « irrationnel », qui aurait dû disparaître dans les poubelles de l'histoire à la chute de l'Union soviétique en 1991 a survécu. Pire, la Corée du Nord est devenue une puissance nucléaire.
Une personne qui n'adhère pas au projet national est considérée comme un « ennemi ». Arrestations, procès, purges, exécutions n'ont jamais cessé depuis la création de la République démocratique populaire de Corée, au nom de la blessure toujours purulente incarnée par la Zone démilitarisée (DMZ pour DeMilitarized Zone) posée sur le 38e parallèle qui balafre la péninsule depuis 1953, là où un armistice a été signé. La Corée du Sud et la Corée du Nord restent toujours techniquement en guerre depuis cette date. La guerre froide n'est peut-être qu'un lointain souvenir dans nos mémoires d'Occidentaux mais elle demeure une dangereuse réalité dans les esprits nord-coréens. Ces derniers se sentent menacés par une invasion américaine depuis plus de soixante ans. Cette mentalité de forteresse assiégée conditionne toutes les politiques de Pyongyang.
Depuis 2012, à chaque défilé militaire sur la place Kim Il-sung à Pyongyang, elle exhibe fièrement ses nouveaux missiles de courte, moyenne et longue portée, ses camions lanceurs d'engins, ses forces spéciales, ses tanks, chars, lance-roquettes... Ses images diffusées dans le monde entier viennent rassasier les éternels sceptiques et les moqueurs qui n'y voient que « propagande », « affichages » et « mensonges ». Par principe, tout ce qui vient de Corée du Nord n'est que bluff et mise en scène. On ne peut pas y croire. Ou plutôt on ne doit pas y croire.
Aujourd'hui les années difficiles sont révolues et la consommation a fait son apparition. Ces donju se sont enrichis (dans les secteurs du bâtiment, du transport de matières premières essentiellement) et, fidèles au régime, ils investissent dans le pays, voyagent en Asie, prêtent de l'argent, sont à la tête de petites sociétés semi-étatiques et mènent une vie plutôt aisée. Beaucoup possèdent des voitures, achetées sur leurs propres deniers, et payent leur essence sans passer par le système de distribution publique.
Les deux familles avaient déjà trouvé un accord sur la future union de leur progéniture. Sans même en parler à leur enfant, à l'image de la longue tradition confucéenne des mariages chinois depuis l'Antiquité. Les parents décident. Les enfants n'ont pas leur mot à dire et doivent le respect à leurs parents. Un siècle après la fin de la dernière dynastie impériale des Qing, cette coutume est réapparue en dépit des sombres années de communisme.