Edouard Jourdain

Tiers lieux, habitats collectifs "autogérés", espaces collectifs de biodiversité, associations de services aux personnes, etc. C'est tout cela que les auteurs mettent derrière l'expression "nouveaux bien communs" : des initiatives qui ne sont pas portées par l'état ou ses subdivisions (communes, départements ou régions) mais par des collectifs d'individus.



L'objectif des auteurs est de montrer que ces projets induisent une dynamique de transformation profonde du rapport à l'état et à la propriété personnelle : on n'attend plus tout d'un état providence et on est capable de s'organiser pour gérer collectivement des biens ou des services au-delà de la propriété individuelle.

Malheureusement, la démonstration est, sinon totalement ratée, au moins trop théorique pour être aisément compréhensible. Tout à leur sujet, les auteurs finissent par en oublier le lecteur.

Dommage, car le thème est effectivement porteur de nouveaux liens sociaux dans une société qui a fortement développé l'individualisme. Il faudra attendre une plus grande vulgarisation pour en convaincre le plus grand nombre...
Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..

La notion de "communs" sont l'occasion de penser les relations humaines en dehors de celle de la propriété privée. Pour Proudhon, ce qui est commun est ce qui est nécessaire (eau, air, lumière). La définition est amusante parce qu'elle part à l'inverse de l'habitude (ce qui doit être partagé par des règles édictées). Sans transition, Samuelson établit une typologie qui distingue les biens privés et les biens publics selon deux critères : les premiers sont rivaux et excluables ; les second sont non rivaux et non excluables. Excluables : on peut facilement priver son accès à quelqu'un (les vêtements que je porte ne sont pas disponibles pour autrui) ; rivaux : ma consommation n'empêche pas celle d'autrui (la connaissance, les service de police [mouais]).



C'est un peu sommaire, mais c'est ce à partir de quoi Buchanan remplit la case des biens exclusifs et non rivaux, qu'il dit "de péage" ou "clubs" (danser en boîte de nuit n'empêche pas les autres de danser, mais le videur empêche facilement l'entrée) ; et Elinor Ostrom, la Prix Nobel "des communs", la dernière, la quatrième, où elle range ce qu'elle définit comme les "biens communs" : rivaux et excluables. Les bassins d'eaux souterraines, les forêts, les pêcheries sont difficiles à privatiser (mouais) et y puiser limite la consommation des autres.



Là, on note que la réflexion porte bien principalement sur des "choses" "à partager".



Benjamin Coriat ajoute à cela qu'ils sont collectivement gouvernés.



L'auteur tente de généraliser : les communs seraient "des institutions gouvernées par les parties prenantes liées à une chose commune ou partagée (matérielle ou immatérielle) au service d'un objet social, garantissant collectivement les capacités et les droits fondamentaux (accès, gestion et décision) des parties à l'égard de la chose ainsi que leurs devoirs (préservation, ouverture et enrichissement) envers elle".



Le temps et l'innovation, comme ce qui n'est pas encore et pourrait donc advenir, semblent donc ne pas pouvoir être intégrés à la notion de "communs", mais seulement ce qui "est déjà là".



D'où l'intérêt de la notion à une époque "écologique" : ils seraient une notion qui permettrait d'orienter les énergies à l'échelle de la planète ou locale vers des modes de gestion des ressources disponibles à la collectivité considérée, indépendamment des structures politiques existantes. Il faudrait voir en quoi la notion ne serait pas culturellement marquée et ne pourrait pas s'intégrer à d'autres déjà existantes dans d'autres contextes culturels (ou voir si la notion de communs n'est pas plus culturelle que révolutionnaire).

Cet essai propose un état des lieux du mouvement libertaire dans le monde.

Depuis les premières organisations humaines avec un fonctionnement plus ou moins anarchiste jusqu'au foisenement actuel, un bref historique est réalisé et les diverses branches comtemporaines sont décrites.

Les chapitres s'enchaînent rapidement et sans l'usage d'un jargon universitaire souvent utilisé dans ce type d'ouvrage.

Ce livre n'est pas un manifeste et permet à n'importe quel lecteur de se faire une idée sérieuse de ce qu'est l'anarchisme en 2023 en France et dans le monde, un mouvement aussi souvent évoqué que rarement compris.

N'étant pas expert dans le domaine, je peux difficilement avoir un avis motivé sur le fond mais pour ce qui est de la forme, je le recommande vivement aux néophytes.

Édouard Jourdain est docteur en Science politique et en philosophie de l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales). Spécialiste de Proudhon, il est l’auteur, entre autres, de « Proudhon, Dieu et la guerre » (L’Harmattan, 2006), « Proudhon, un socialisme libertaire » (Michalon, 2009) et « L’anarchisme » (La Découverte, 2013). Il vient de publier « Proudhon contemporain » (CNRS éditions, 2018), où il démontre l’actualité du père de l’anarchisme en le confrontant à des penseurs de ces dernières décennies. Nous l’avons rencontré afin de discuter du typographe révolutionnaire.

Le Comptoir : Vous venez de publier un livre comparant Pierre-Joseph Proudhon à des auteurs contemporains. Comment est née votre démarche ?

Édouard Jourdain : Proudhon connaît aujourd’hui un regain d’actualité pour refonder une réelle démocratie et poser les bases d’une réelle démocratie économique. Il n’est pourtant que rarement lu, et lorsque c’est le cas on se cantonne souvent aux ouvrages du début de sa vie intellectuelle, sur la propriété, et de la fin, sur le fédéralisme. Mon ambition était de donner un aperçu global de sa pensée, notamment concernant la justice, la guerre et la paix, la religion, tout en dépoussiérant sa pensée qui est parfois un peu datée. Pour cela, j’ai établi des correspondances avec les pensées d’auteurs contemporains qui, souvent, ne l’avaient pas lu mais dont les idées étaient susceptibles de prolonger voire de corriger les théories de Proudhon.
Lien : https://comptoir.org/2018/09..

Né au XIXe siècle sous la plume de théoriciens tels que Proudhon, Bakounine, Kropotkine ou Fourier, l'anarchisme est un courant idéologique souvent caricaturé et finalement très mal connu. L'image que le grand public en a, c'est surtout la violence des Black Blocs, les attentats qu'il a pu y avoir à certaines périodes (et qui ont été au final assez peu nombreux), et surtout le chaos généralisé, dont l'anarchie est quasiment toujours le synonyme. Or, l'idée de base est tout autre. L'anarchie désigne à l'origine une société sans Etat, sans hiérarchie, où tous les gens seraient égaux, tous auraient voix au chapitre et s'auto-gouverneraient dans une sorte de démocratie totale.

L'objet de cet ouvrage est justement de présenter ce courant de manière simple et sans parti pris. il en fait un bref historique avec une présentation des principaux penseurs et des expériences politiques qui ont été inspirées (notamment la commune de Paris), ainsi que ses projections et inspirations dans le monde actuel (le Rojava, le Yucatan, les Kibboutz israéliens, l'altermondialisme...).

Le livre est bien documenté, relativement court et très intéressant, constituant une bonne base pour découvrir la réalité de l'idée d'anarchisme.

Pour Edouard Jourdain, auteur de « Théologie du capital », les grandes notions de la science économique nous viennent directement de la pensée religieuse.
Lien : https://www.nouvelobs.com/id..

Envoyé grâce à la masse critique. Cet essai s'adresse à un public déjà averti sur l'anarchisme. Il n'en reste pas moins intéressant car il fait un état des lieux des différents mouvements dans l'histoire et de leur continuité aujourd'hui. Il reste court et la langue est fluide et globalement accessible à tous. Il convient d'être familier avec certains principes de l'anarchie néanmoins. On pourrait reprocher de rester trop en surface dans certains chapitres.

Je n'ai jamais bien compris ce qu'était l'anarchisme et je ne suis pas persuadé que mes camarades qui s'en réclament y comprennent vraiment quelque chose, eux non plus. Car, en effet, ils sont incapables de l'expliquer!

Est-ce une idéologie? Eux vous diront que oui, mais laquelle? En ce moment, je crois que l'anarchisme est plus une démarche, celle du chiant qui cherche la petite bête, quelque part. Pardon, c'est probablement un cliché... Alors je vais dire "la démarche de celui qui pousse l'individu dans le débat populaire." Admettez que ça a un côté "chiant", non?

Et c'est le problème de ce livre, bien que lu aux trois quarts, j'ai encore moins compris. De détails en détails, de courants en courants, j'ai finalement eu l'impression qu'anarchisme voulait tout dire, c'est-à-dire "rien". Abandonné... Allez voter pour faire barrage au lieu de vous la péter philosophes depuis 20 ans, les concernés. car d'antifas vous n'avez aucun résultat, bien au contraire... (Trois points de suspension lourds de ressentiment).

Ce livre s’interroge sur le processus qui a permis à l’économie de s’émanciper de la sphère religieuse qui l’a vue naître.
Lien : https://www.la-croix.com/Cul..

belle analyse de la pensée de Proudhon

Une synthèse éclairante sur un sujet connu mais qui mérite d'être approfondi par de nouvelles recherches.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..