Edward Charles

Elles sont captives des lois contradictoires et des règles de cette métropole grouillante.

Les merveilles de la nature… Elles sont sans fin, chaque saison offrant un don à la suivante, comme chaque génération d’hommes laisse un héritage à ceux qui suivent.

C’était ce dont j’avais rêvé la nuit précédente, mais tandis que le rêve devenait réalité, je savais que ce que nous faisions était mal, et soudain j’avais peur. C’était la première fois que je touchais à une femme de qualité, que je pouvais palper sa chair, et mes doigts brûlaient à ce contact.

La plus grande, et de loin la plus attrayante, était plus belle qu’aucune des filles que j’avais connues. On disait qu’elle avait quatorze ans, mais elle semblait plus âgée, avec son dos bien droit, sa chevelure d’un roux fauve qui venait effleurer ses charmantes épaules du haut de son long cou, et ce teint éclatant de santé, signe d’une existence confortable passée à l’air frais de la campagne. Elle était richement vêtue, portant une pièce d’estomac serrée, ornée de broderies, qui n’en laissait que mieux deviner ses formes naissantes. À n’en pas douter, c’était une bien jolie fille, et personne n’aurait osé affirmer le contraire.

N’essaie pas de le nier. Je t’ai vu lui faire les yeux doux. Tu n’es pas le premier, ni le dernier. Elle en a brisé des cœurs, et le tien n’est pas le premier. Elle est belle, intelligente, bonne musicienne, et de sang royal. Elle fera une bonne compagne à celui qui l’épousera, Richard. Mais ce ne sera pas toi, sauf dans un monde à l’envers.

La loi dit que notre avis doit être pris en compte, mais en réalité, nous sommes forcées d’accepter. Deux choix s’offrent à nous. Soit accepter tout de suite, ce qui est la voie facile, ou bien résister, pour finalement accepter de force, ce qui est la voie plus difficile.

Traditionnellement, les aigles et les pèlerins étaient réservés à la royauté et je n’avais certainement pas le rang nécessaire pour en posséder un. Je m’étais dit, cependant, que si Le pèlerin présentait un autre risque: traditionnellement, les aigles et les pèlerins étaient réservés à la royauté et je n’avais certainement pas le rang nécessaire pour en posséder un. Je m’étais dit, cependant, que si je pouvais faire voler l’oiseau jusqu’à ma main, et le faire répondre à mes ordres, je pourrais le présenter officiellement à Lady Frances (qui, pensai-je, était suffisamment noble pour mériter l’espèce) et continuer de le faire voler en son nom lors de nos expéditions de fauconnerie. Ce serait un bon stratagème s’il fonctionnait, car il me permettrait non seulement de chasser au faucon avec la famille, mais aussi de rentrer dans les bonnes grâces de Lady Frances.

Il était notoirement difficile d’élever et d’entraîner un fauconneau pour la volerie: il fallait lui consacrer toute son attention durant les premiers jours, et la plus grande partie des premières nuits.

Le pouvoir amène la richesse. Et la richesse peut tout acheter: le manger, le boire, le savoir, et même, selon certains, le salut éternel.

Juge les gens comme ils te paraissent, prête l’oreille à leurs conseils, mais au bout du compte, tire tes propres conclusions. Il faut se souvenir d’une chose, Richard. Nous vivons dans un mondje dur où chacun doit veiller sur lui-même.

Comme tous les hommes de pouvoir, en particulier ceux qui sont proches de la cour, Lord Henry a des ennemis. Ce qui n’arrange pas les choses, c’est que Lady Frances traite les sots comme des imbéciles et les compétiteurs comme des chiens, et la plupart du temps elle sait reconnaître les deux. Je te conseille de ne pas encourir sa colère si tu veux sauver ta peau.

Elle ne serait jamais aussi belle, jamais aussi facile d’approche. Pas plus qu’elle n’aimait rien de ce que j’aimais. Elle me paraissait, comme sa mère l’avait dit, faible – du moins au sens physique. Elle était également distante, inaccessible, enfermée dans ses livres. Alors, pourquoi mon cœur s’était-il réchauffé si soudainement quand, lors de notre première rencontre, John Aylmer en avait fait l’éloge? Je n’étais certainement pas amoureux d’elle comme (peut-être) j’aimais Catherine. Mais elle avait quelque chose, une qualité particulière qui, malgré sa réserve studieuse, la rendait en même temps vulnérable et digne d’intérêt, et je savais que je voulais mieux la connaître, et devenir son ami, si elle me le permettait.

Essayer d’être quelqu’un d’autre, c’est se condamner à être malheureux, car l’on est forcé de vivre dans le mensonge. La vérité l’emporte toujours, en bout de ligne.

C’est toujours plus difficile pour ceux qui restent. Le monde s’ouvre à toi. De nouvelles rencontres. De nouveaux endroits. De nouvelles expériences. Mais ils ne peuvent entrevoir cela. Tout ce qu’ils voient, c’est la perte que ton départ leur cause.

Ils disent tout ce qu’ils sont en devoir de dire, mais au fond d’eux-mêmes, je vois bien qu’ils sont inquiets. Aucun d’entre eux n’a jamais voyagé plus loin qu’Exeter ou Taunton.

La vieillesse. Chacun de nous en arrive là irrémédiablement. J’avais remarqué un changement chez mes parents, ces dernières années. Depuis que mon frère, John, et moi avions quitté la maison, leur conversation avait changé. Quand j’étais garçon, ils regardaient toujours vers l’avenir; à présent, j’avais remarqué qu’ils commençaient à se tourner vers le passé.

J’ai conscience d’avoir beaucoup à apprendre, mais je souhaite améliorer mon sort et le monde m’appelle – même s’il y a des risques.

On me faisait marcher, comme un poisson prêt à mordre à l’appât, et je devais éviter de me prendre à des hameçons invisibles.

Une accusation de mauvaise conduite, avec quelque fille que ce soit, serait déjà bien assez grave, mais elle le serait d’autant plus s’il s’agissait d’une jeune lady de sang royal – très jeune, même. Et si ces allégations émanaient du marquis et de la marquise de Dorset, je serais certainement pendu.

C’est après tout ma sœur bien-aimée, et bien que nous soyons différentes sous bien des aspects, il existe entre nous un pacte tacite qui rend plus supportable notre difficile existence.