Le bon reporter quant à lui, pour exercer ce métier qu'il aime, doit avoir la capacité de vivre un événement. Il le vit même s'il n'a pas de reportage à écrire. Mais il ne pourrait écrire sans le vivre.
(...) Les lieux et les phénomènes qu'il décrit, les expériences qu'il réalise, les événements dont il est le témoin et les sources qu'il recherche n'ont nul besoin d'être lointains, rares ou péniblement accessibles si, dans ce monde où le mensonge a pris des proportions gigantesques, dans ce monde qui veut s'oublier et qui pour cela s'est mis à la seule quête de la non-vérité, il se dévoue à son sujet; car rien n'est plus étonnant que la simple vérité, rien n'est plus exotique que ce qui nous entoure, rien n'est plus imaginatif que le réalisme.
Le soir, le Reichstag brûlait et, le lendemain matin, j'étais arrêté. Cela faisait tout juste quatre semaines que j'avais emménagé dans ma chambre de la Motzstrasse, le jour même où Monsieur Hitler avait reçu le pouvoir des mains de Hindenburg, ce même Hindenburg dont les sociaux-démocrates avaient soutenu la candidature à la présidence du Reich quelques mois auparavant à cor et à cri.