« Je connais tes tours de passe-passe, Dormestro, tu ne m’auras pas comme ça ! »
La tempête s’arrêta d’un coup, le vent et les nuages sombres disparurent. Le
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véhicule poursuivit rapidement son chemin. L’immense papillon doré veillait sur leurs arrières, telle une sentinelle volante des nuits magiques. « Plus vite, plus vite », marmonnait Dormestro à Esper.
Les enfants se regardaient éberlués. Yuna chuchota à l’oreille de son petit frère en tendant son auriculaire vers lui.
« Plus jamais nous ne nous couche- rons trop tard...
– Promis ! » lui répondit sur le même ton Arthus en prenant l’auriculaire de sa sœur dans son petit doigt, matéria- lisant par le geste la promesse faite. Dormestro leur jeta un coup d’œil. Ce n’était pas faute de le leur rappeler chaque soir...
« Quand vous sentez la fatigue tomber sur vous, vous allez vous coucher, ce n’est pas bien compliqué... et gardez vos ceintures, on ne sait jamais. » Autour d’eux, les étoiles et galaxies devenaient floues, des images et des sons surgissaient de-ci, de-là ; ils
approchaient du lieu des rêves. Yuna résistait aux démangeaisons sur son bras.
Tout à coup, la carriole se brisa comme une allumette.
Les deux astronautes descendirent la rampe, les coeurs battant fortement dans leurs poitrines. Il faisait chaud, il faisait bon ! Ils sentaient les rayons du soleil et une brise chaude sur leurs visages. Des odeurs et des bruits inconnus intriguaient leurs sens. Quelle différence avec leur planète d’origine ! À mi-chemin, ils s’arrêtèrent net, les astronautes et les cœurs, le temps d’un battement.
Face à eux se trouvait un autochtone, un humain de Nova Planedo. Ou plutôt une humaine.
Ederson plaça rapidement son masque sur son nez et sa bouche. Celoni serra fortement les sacs à dos contre lui.
« Zutzutzutzutzutzut ! » pensaient-ils.
L’humaine de Nova Planedo s’était figée, se demandant certainement ce qu’elle avait face à elle. Ederson et Celoni eurent rapidement le même constat à l’esprit : comme vu sur l’internet de Nova Planedo, ces humains leur ressemblaient un petit peu.
Très vite, les neurones de Celoni s’activèrent ; il avait oublié son malaise.
Paraître amical, dire bonjour.
Il leva la main, esquissa un sourire et dit :
« Saluton ! »
Une ville se précisa, avec au milieu un grand terrain vert clair comportant des taches de différents verts et jaunes. L’écran de l’ordinateur confirmait à Ederson qu’il s’agissait de leur but. Ôter le pilotage automatique, ralentir le moteur à ergols, se positionner en stationnaire, vérifier les données extérieures…
« Nous y sommes, Celoni.
- Humpf, fut la seule réponse qu’elle obtint.
- Nous sommes au-dessus du parc. Pour le moment le capteur de présence n’y détecte pas d’humains.
- Oui, c’est bien, répondit la mâchoire crispée de Celoni.
- Tu ne veux pas voir par toi-même ? demanda Ederson.
- J’regarderai quand on sera posé…
- Ok… Relâchement des muscles, Celoni, relâchement des muscles… prévint Ederson.
- Oui , marmonna Celoni, les paupières et les mâchoires contractées.
- Pieds d’atterrissage sortis. »
Ederson manœuvra le vaisseau entre les cimes des immenses arbres du parc, de telle sorte qu’aucune branche ne fut abîmée.
« Atterrissage sur l’exoplanète Nova Planedo dans 3, 2, 1… »
Allez, allez, petit poussin, pour ton premier voyage, c’était très bien. Maintenant, il est temps de sortir de ton œuf, nous avons du travail et peu de temps