Le courant passe-t-il toujours entre les joueurs et le sélectionneur ? Le cérémonial de remise de la tunique bleue met mal à l'aise par son côté répétitif. Roger Lemerre set rigoureusement la même formule d'adjudant : "Je t'ai donné un maillot, tu dois l'honorer."
L'ancien tennisman Jean Borotra, commissaire aux Sports du gouvernement de Vichy, devient le fossoyeur du foot et de l'équipe de France. Il supprime le professionnalisme, qu'il déteste, et réduit arbitrairement la durée des matchs à 80 minutes.
Avec le retour de Robert Herbin et un système de zone, les Français font belle figure contre l'Angleterre, malgré la défaite (2-0), mais sont victimes du terrible Noby Stiles, l'exécuteur des basses œuvres d'Alf Ramsey, le sélectionneur anglais. Ce fils d'entrepreneur de pompes funèbres enlève ses lunettes et son dentier avant chaque match, mais pas ses crampons... En deux coups de genou, il blesse Herbin en début de match, puis Jacky Simon à un quart d'heure de la fin... Les Français terminent pratiquement à neuf.
Meilleur au marquage du buffet diplomatique qu'à celui des attaquants magyars, André Rollet doit même quitter le terrain avant la demi-heure de jeu, victime... d'une indigestion.
En cette époque préhistorique du football, Eugène [Maës] a une technique bien à lui : tamponner le gardien adverse ! Il a marqué de nombreux buts ainsi
- Comment expliquez-vous que l'équipe de France ne gagnait pas très souvent à l'époque ?
- Marius Trésor : Simplement parce que le foot français à cette époque-là n'était pas tellement compétitif, et peut-être que cela agissait sur nous. L'ambiance était toujours bonne mais on avait un sélectionneur, Georges Boulogne, quand tu perdais 2-0, c'était presque comme si tu avais gagné.
L'apprentissage est très douloureux pour l'équipe de France, avec 14 défaites en 15 matchs entre 1908 et 1911.
Ce que retient surtout Raoul Diagne de son Mondial 1938, c'est "davantage les virés avec mes potes de l'équipe, là où on pouvait rencontrer plein de filles plutôt déshabillées, qu'une action rondement menée". Les joueurs passent leurs nuits à Pigalle, et le sélectionneur est bien trop clément.
Guérin écarte notamment le génial Gilbert Gress pour ses cheveux longs : "Pas de Beatles en équipe de France !"