AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Note moyenne 3.79 /5 (sur 14 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Chaumont-en-Vexin , 1965
Biographie :

Emmanuel Godo est un poète, écrivain et essayiste français.

Agrégé de lettres, docteur ès lettres, il est professeur de littérature en classes préparatoires au lycée Henri IV de Paris. Il est aussi universitaire, enseignant à l'Institut catholique de Lille.

Critique, auteur d'essais littéraires, il s'est spécialisé dans les rapports entre la littérature et l'expérience intérieure, en particulier la spiritualité.

Ses premiers travaux sont consacrés à l’œuvre littéraire de Maurice Barrès. Sa thèse est publiée en 1995 aux Presses universitaires du Septentrion sous le titre "La Légende de Venise, Maurice Barrès ou la tentation de l'écriture". Sur Barrès, Emmanuel Godo publie en 1998 aux éditions Kimé les actes d'un colloque, "Ego scriptor, Maurice Barrès et l'écriture de soi" qui réunit des études, dont le dernier texte publié de Jean-Marie Domenach.

En 2004, il publie, en collaboration avec Jean-Michel Wittmann, une édition commentée des "Déracinés" de Maurice Barrès aux éditions Honoré Champion.

Grâce au soutien amical des écrivains Jean-Pierre Lemaire, Sylvie Germain et Colette Nys-Mazure, il publie, en 2012, son premier ouvrage de fiction, "Un prince", dans la collection Littérature ouverte, aux éditions Desclée de Brouwer.

Même s'il se consacre toujours à la critique littéraire, Emmanuel Godo infléchit plus nettement son œuvre vers la création à partir de 2017. Il fait une exploration méditative des territoires personnels en deux volets: "Ne fuis pas ta tristesse" (2017) et "Mais quel visage a ta joie ?" (2019) et écrit un auto-fiction: "Les trois vies de l'écrivain Mort-Debout" (2018).

+ Voir plus
Ajouter des informations
Bibliographie de Emmanuel Godo   (19)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

La Café Littéraire - Emmanuel Godo, Ne fuis pas ta tristesse

Podcasts (4) Voir tous


Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Journal de poésie (2009-2014)


VEZELAY
Pour Jean-Pierre Lemaire
Extrait 2

Au silence des fantômes
Dans les sous-bois
     Le pas craque
Sur le tapis de feuilles
     Et de branches
Dans la pénombre des lisières
L’eau dort sans méfiance
La petite fille se fait silhouette
     Ma joie
     Mon puits de larmes
Le détour est un art
Autour de la colline
Et du dieu qui se tait
Pour ne pas nous effrayer
     La marche
     Une prière
Qui attise en nous
     Un feu
     Imprévisible
     Et doux

p.19
Commenter  J’apprécie          120
A MES FILLES

Vous me lirez quand je serai mort
et ce sera bien ainsi
Car tout ce que j'ai écrit je l'ai écrit
dans cette ombre paisible
Juste à côté de vous dans le silence heureux
Où les mots se laissent entendre dans une clarté
Qui n'existe que là

Et lorsque vous me lirez ce sera
comme si une voix glissait
De l'autre côté des futaies et venait vous rappeler
Qu'il existe une autre manière
de parler donc de vivre
Et que le monde n'est pas cette fête triste
qu'on en fait
Pour vous empêcher de vivre
toute la vie qui vous appelle
Commenter  J’apprécie          80
...
« Qui pousserait le cri de joie pour réveiller morts et orphelins à l'aurore ? » ― Léopold Sédar Senghor, Prière aux masques, Chants d'ombre.

Près de l'écluse une chanson s'est pendue
La robe verte de l'ange fait frissonner son feuillage
Au dernier souffle de la nuit
Le crépuscule prépare sa prière
Les feuilles s'envolent quand tu roules
L'honneur est redonné par la voix bien-aimée
On dirait une tour de contrôle des années 70
Il n'y a plus d'éclusier on fait les poches à tout ce qui passe
Il faut croire que les avions flottent maintenant
Elle a dit qu'elle n'aimait pas la poésie
Qu'elle ne sait pas quoi faire des poèmes
Drôles d'éclairs figés là dans la peau du jour
Elle voudrait connaître le nom de l'assassin
Ou du sauveur avant la dernière page

Le jour n'a pas besoin de chanter pour dire qu'il voudrait naître
Vue du train la ville fait briller son collier de pacotille
Elle se lèche le dos comme une bête assiégée

Je pense à vous Paul Claudel Saint-John Perse
Léopold Sédar Senghor Patrice de La Tour du Pin
Le temps où je vis manque de votre parole
De confiance et de splendeur
Je rêve à une messe
Dans le jardin aux pierres d'oubli
Avec versets venus de la Grande Maison
Avec koras balafons légendes
Et bras de femmes levés sur les douleurs
Avec appel du nom et douceurs suppliantes
Ce sont des clous plus forts que les discours
Sans cœur que le présent nous plante au cœur
Pour l'empêcher de battre

Sur la place Maubert les premiers prix s'affichent
Les pâtisseries d'Auvergne
Le veau élevé dans des larmes de mère
Les poupées aux yeux de varech

Et toi combien te coûte un poème ?

Je viendrai te chercher dans ta peur
Je te délivrerai de ta peur
Je t'embrasserai
J'embrasserai ta beauté
J'embrasserai la beauté qui te fait peur

― p.128
Commenter  J’apprécie          60
L'écho des voix évaporées fait de nous d'étranges coquillages.
Quand on tend l'oreille sur notre vide, on entend le bruissement d'une mer intérieure vaste comme le mystère du temps.
Commenter  J’apprécie          70
Les hommes glissent comme des poissons
Derrière la lumière de lune des fenêtres
Combien de fois par semaine faut-il changer l'eau du théâtre ?
Sur l'écran de télé les morts heureux demandent
Qu'on applaudisse leur imitation de la joie
Mes trois plantes n'ont jamais tremblé
Quand je fais entrer le vent à petites toux dans la maison.
Commenter  J’apprécie          60
Journal de poésie (2009-2014)
PROSE


Dans le roman que je n’écrirai jamais
Il y aurait eu cette phrase
Il portait
Vestige de l’élégance des anciens dimanches
Des chaussures de cuir blanc
Il y en aurait eu des détours
Pour que la phrase puisse venir à point
Et avec elle la silhouette d’un homme
Qui marche devant sa pauvreté
Traversant la rue à pas de corde
À côté de cette peur que la vie leur fait tomber dessus
Cette sorte de défaite qui accable les hommes
Et que lui conjurait avec cette paire de chaussures blanches
Que la poussière ne grisait pas suffisamment
Pour qu’on ne puisse reconnaître des
Chaussures blanches
Et avec elles l’élégance
Toute l’élégance
Des anciens dimanches
Ou de ce qu’on appelle ainsi
Cette manière que les hommes ont parfois
De glisser sur leurs peurs
D’en faire un tapis de verre
Et de glisser dessus
Comme sur le parquet de bois blond
Des guinguettes ou des thés dansants
Des anciens dimanches

p.16-17
Commenter  J’apprécie          40
Avant de poser son bâton, le pèlerin professionnel achève son tour du monde. Après l’Amérique, Bruxelles. […]. Le Claudel bruxellois est un homme qui vieillit. Il se rase la moustache, manière d’inaugurer la vieillesse, la vraie. Sa surdité va croissant. Avec elle resurgit la grande hantise de Claudel ― d’être séparé, coupé des autres, du monde. A quoi s’ajoutent des problèmes d’anémie. Heureusement ses relations avec le roi Albert Ier sont très amicales. A sa mort en février 1934, Claudel pleure un ami. Autre source de joie ; sa rencontre avec les peintures flamandes et hollandaises ; Rubens, Vermeer. Il aime que chez les flamands la question de l’existence de Dieu soit pour eux si forte, qu’ils la posent à chaque élément de la création. Leur foi s’exprime non pas en tant que pieuse reproduction de la nature, mais en ce que chaque imitation, chaque figuration opère comme une humble interrogation de ce monde qui en cache un autre.
Commenter  J’apprécie          40
De retour en France en 1905, Claudel cherche le repos auprès de sa sœur Louise. Il écrit « Partage de midi », avec la sensation d’être parvenu au tournant majeur de sa vie, à ce qu’il appellera, dans ses « Mémoires improvisées », un changement de versant. Il écrit à Francis Jammes : « Vous savez que je fais un drame qui n’est autre que l’histoire un peu arrangée de mon aventure. Il faut que je l’écrive, j’en suis possédé depuis des années, et cela me sort par tous les pores. D’un autre côté je me demande s’il convient à un chrétien de peindre des passions coupables. »
Commenter  J’apprécie          40
 
 
Comme un qui retourne vers la maison abandonnée
Et se rend compte à l’approche sans même
     L’épreuve du seuil
Qu’il n’a jamais cessé de l’habiter
     En pensée comme en rêve
Tout au long du voyage qui le menait ailleurs
Vers cet oubli bruyant qu’on appelle le monde
J’ai fait retour au pays natal
     Ouvert aux quatre vents
     Sans drapeau et sans haine
Ce lieu de nulle part aux fondations errantes
     Où tout a commencé
La parole les abords lumineux de l’absence
     La forme inexacte de ton visage
J’ai retrouvé l’usage du silence
     Je suis redevenu poète
Sans savoir si j’appelais poésie
Le lieu lui-même ses parages les sentiers inaperçus
L’attente évanouie ma mémoire capricieuse
     La promesse toujours nouvelle

p.9
Commenter  J’apprécie          30
Journal de poésie (2009-2014)


VEZELAY
Pour Jean-Pierre Lemaire
Extrait 1

Labours de pierres
Chemins effacés
Par le jeu des hommes
Dans la terre serrée
Nos empreintes éphémères
     Et lourdes
La vie comme une énigme
Déchiffrable soudain
Les trois bonds d’un chevreuil
     Dans le visible
     Sur la route
Le salut de l’inconnu
L’esprit envolé
Le sourire du simple
     Qui dit
Je connais le chemin le plus court
     Mais il monte
À la maladrerie
     Le rire
Pour tenter de tenir tête

p.18
Commenter  J’apprécie          30

Acheter les livres de cet auteur sur
LirekaFnacAmazonRakutenCultura