AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Eric Dejaeger (11)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Un orval des ors vaut



« Notre bière d’abbaye d’Orval, que ton verre soit sanctifié.

Que ta volonté soit faite au bar comme au comptoir.

Donne nous aujourd’hui notre houblon quotidien.

Pardonne-nous nos gueules de bois comme nous pardonnons aussi à ceux qui boivent du coca.

Soumets-nous à la tentation et délivre-nous de la soif.

Amen. »

(La prière du bon buveur d’Orval)



Pardonne-leur aussi à ces deux auteurs, qui ont réussi l’exploit de se mettre à deux pour écrire un livre aussi mauvais... Ce n’est même pas mauvais, c’est très mauvais !



Tout démarrait pourtant très bien. De passage dans ma librairie hutoise préférée où quelques livres réservés m’attendaient, mon regard de gaumais se perd quelques secondes sur l’étalage des livres à découvrir... Une délicate odeur de houblon devait passer dans l’air... J’aperçois ce livre que je m’empresse d’acheter... Une quatrième de couverture avec une intrigue originale : une pénurie d’Orval (cette bière trappiste brassée dans ma Gaume natale, petite terre chantante de l’extrême sud de la Belgique), un commando terroriste qui vole la dernière cargaison prévue à l’exportation vers Paris et c’est tout l’Hexagone qui tressaille ! Quel est donc ce mystérieux groupe terroriste, le GAOABJALE, acronyme imprononçable pour Groupement Armé, Orval Aux Belges, Jupiler A L’Exportation ?



J’aime beaucoup l’absurde. Nous, petits belges, ne sommes en général pas dénués d’humour...



Mais une fois à l’intérieur de ce bouquin, c’est pauvre... très pauvre... Ca cause l’argot, ça se pochtronne, ça nique bien vulgaire, ça mélange extrême-droite et homosexualité, ça joue d’un humour lourdingue en prenant un accent belge ridicule...



Et ça boit son Orval bien froid, même pas tempéré... Et ça coûte 15 euros le livre... Mazette... Pour le prix de deux exemplaires et avec de bonnes entrées à l’abbaye, vous avez un casier complet. :)



Pauvres moines trappistes ! Ce roman n’est vraiment pas une éloge à votre divin breuvage...

Commenter  J’apprécie          3727
La cité des fleurs fanées

Je suis perplexe. Eric Dejaeger parvient à distiller une belle humanité quand son personnage de professeur a la main sur le récit. Je trouve beaucoup moins réussis les échanges type "chat" ou emails entre les élèves. Je ne sais pas si 16 ans plus tard, il toucherait encore les jeunes, lectorat a priori visé. Parce que les technologies en jeu sont déjà quasi obsolètes. Même si les problèmes de la jeunesse restent fondamentalement toujours les mêmes.

Ce qui frappe, c'est que l'école est le creuset de plein de grosses et graves problématiques qui s'entrecroisent. Et que personne n'est capable de gérer. On fait juste ce qu'on peut. On essaie de faire le moins de dégâts ou de s'en sortir avec le moins de blessures possibles.

En évitant les enflures, les destructeurs...

Beaucoup de problématiques abordées mais pas assez de pages pour ça. (Et encore certaines problématiques restent absentes, les questions identitaires, de genre, l'intersectionnalité... qui n'avaient pas encore explosé en 2007). Qui trop embrasse, mal étreint, ce dicton semble une fois de plus justifié, hélas.

L'humour et le ton de Dejaeger est présent, un humain caustique, un caustique humain. Qui cherche à faire évoluer, sans jugement, sans critiques faciles. C'est pas si mal. C'est déjà ça.
Commenter  J’apprécie          74
Assortiment de crudités

Commenter  J’apprécie          70
Maigros se marie

Une suite à la Saga Maigros, pas évident ? Ou alors trop évident ? Cette ambiance et ton très proche de San Antonio ferait plutôt pencher la balance vers le oui, c'est évident. Etant donné le nombre de volumes du policier français...

Ici le policier est CAROLO. Il a un pur accent, les phrases sont écrites en carolo, les personnages sont tous grotesques, décalés (du coup comme ils le sont tous (sauf peut-être, quoique... non.) aucun ne dissonne de l'ensemble). Un ensemble qui tient toujours bien la route. C'est cocasse, crade et drôle. Force est de constater que ce deuxième opus m'a moins surpris car il reprend l'ensemble des codes du premier. Cette Saga Maigros qui avait précisément profité d'un positif et fort effet de surprise.

Allez, c'est bon quand même.
Commenter  J’apprécie          20
La saga Maigros

J'ai bien apprécié ce livre qui N'EST PAS UN POLAR ! (Heureusement pour moi, car je ne suis pas très fan de polar.) Ce livre c'est bien une saga, une suite de courts épisodes de deux pages max., qui constituent une histoire continue. L'histoire de Maigros, un inspecteur carolo ( = de Charleroi) à pisser de rire et à pousser des cris d'orfraies et à pouffer de dégoût. A peu près.

L'auteur, Lauteur dans le texte, a réalisé ici une sorte de mix entre San-Antonio, La conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole, et, disons, Bukowski dans ses moments les plus cradingues. Toutes ces excellentes influences, mais patinées de dialecte wallon de Charleroi bien typique, ce qui ajoute ce qu'il faut pour faire en sorte que ce livre ne soit pas une pâle copie ou un simple hommage aux artistes précités.

Faut pas être trop prude, faut pas être trop prudent, parce que !a peut faire mal alors aux dents, car c'est malodorant. Parfois. Peut-être.

En tout cas, moi ça m'a bien plus, je me suis bien attaché au-x personnage-s, j'ai même été intéressé par l'intrigue, et ce ton, cette gouaille et ce caractère m'ont enchanté. Si on peut utilisé le terme "enchanté" pour ce qui est loin d'être un conte de fée avec ce qui est loin d'être un prince charmant. Soit. A vous de voir, de lire, de sentir, de humer, attention à mon avis, rien que de humer on peut être torché tant les effluves d'alcool peuvent traverser le papier.

Courage, je pense que vous ne regretterez pas ce voyage au Pa-yi Nwèr- Pays Noir de ce connard de Maigros.

Salut !
Commenter  J’apprécie          20
La cité des fleurs fanées

On suit l'histoire d'ados à partir du jour où une nouvelle élève arrive. Ensuite l'histoire s'accélère et professeurs et élèves on chacun des problèmes. J'ai aimé ce livre car la vie y est en quelque sorte décrite
Commenter  J’apprécie          20
La cité des fleurs fanées

Nous sommes à l’ère des SMS, des blogs, des salles des clavardage, des courriels, mais le journal intime (sur support informatique ou papier) est loin d’être désuet selon Francis Bartin, jeune enseignant en début de carrière qui vient d’arriver à l’école de la Cité des fleurs fanées (nom donné par les jeunes du quartier parce que toutes les rues ont des noms de fleurs).



Nous sommes en plein XXIe siècle, en Belgique, dans un quartier multiethnique, qui réunit des jeunes de différentes confessions religieuses, dont la langue parlée à la maison n’est pas toujours le français, dont les habitudes de vie ne sont pas partout les mêmes. Des jeunes où il y a des bons comme des méchants et qui se retrouvent en dehors de l’école dans une salle de clavardage où ils peuvent discuter « en privé ».



Cette salle accueillera Faktorye, une jeune Algérienne arrivée en cours d’année scolaire, à qui son père interdira de participer à un stage, ce qui déclenchera toute une série d’événements, car la petite bande qui se réunit pour discuter a décidé de venir au secours de leur nouvelle amie et de mobiliser chacun des élèves de 3e au moyen d’une pétition.



Une roman alerte où la plume passe de l’un à l’autre des protagonistes au moyen des journaux intimes, de courriels, de pages de blogs et de conversations dans la salle de clavardage alors que ponctuellement intervient le narrateur. Un roman dans lequel les ados se retrouveront même si à certains égards ils se trouveront confrontés à quelques clichés qui pourront les agacer, mais qui ne sont pas en nombre suffisant pour nuire à la lecture de ce roman.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
Commenter  J’apprécie          10
Le violon pisse derechef sur son powète

« Le violon pisse derchef sur son powète » Eric Dejaeger. Couverture André Stas. Ed Les Carnets du Dessert de Lune, 2019. Collection Pousse-Café. 6 €.



« Le poète poursuit sa désacralisation du statut du poète tout puissant, tout lyrique, plein d’ego, nombriliste au plus haut point. Avec sa dose massive d’humour et de dérision, Dejaeger remet les choses à leur juste place : « Quand le powéte va à la pêche, / il rentre toujours bredouille : / ses vers n’attirent pas le poisson ». Dejaeger sait trop bien jusqu’où le poète peut ou ne peut aller. Sa charge est bénéfique et salutaire pour une « profession » qui a tendance à se multiplier. N’est pas « powète » qui veut !

© Philippe Leuckx in Bleu d'encre.



Dans Le poète pisse dans son violon, un mince recueil d’aphorismes et de sentences bien à sa façon, Pierre Autin-Grenier écrivait : « On imagine toujours le pire, et puis c’est pire ». En très complice écho-hommage mais en focalisant davantage la cible sur le petit monde des poètes, Éric Dejaeger répond avec un opuscule de calibre identique, Le Violon pisse derechef sur son powète. “Derechef” parce qu’il y eut un premier tome de même titre et de même type, et qu’il n’y en aura pas de troisième (l’auteur pense qu’il s’est fait comme ça suffisamment de copains et de copines !) ; et le mot “powète” tout en rondeur béate, avec un w entre le o et le è, se pose cependant comme un concept précis et pointu qui sert à désigner ceux qui s’autoproclament “poète” sans invoquer d’autre légitimité (si l’on peut dire) que la boursouflure d’un ego quasi trumpien : le powète est au poète, ce que la twittomanie (tiens ! encore un w !) de Trump est à la prudence politique d’un homme d’État. Powète ou poète, à vrai dire rien de bien nouveau (sauf bien sûr pour les stratèges du scrabble que les possibilités nouvelles de placer le w réjouiront !). Du moins depuis le linguiste Étiemble qui à partir d’une même étymologie grecque — poieisis signifiant l’art de faire, de fabriquer — distinguait jadis le travail de fabrication du poète de celui du faiseur : l’un et l’autre “fabriquent” des objets avec des mots, le premier s’effaçant devant le poème posé dans l’évidence de sa propre fin, le second considérant l’exercice comme un moyen d’exhiber un moi je qu’il se complaît à trouver talentueux forcément. Peut-être Antoine Émaz songeait-il à Étiemble en formulant cette exigence : « le poète n’a pas à convaincre si le poème n’a pas convaincu ». Le poète se tait, laisse agir le poème. Tandis que le drame du powète, empalé sur son powème, est qu’il se croit obligé d’endosser une défroque supposée “poétique” et porter un masque — personna, en grec — c’est-à-dire de jouer un “personnage” pour tenter de séduire et persuader autour de lui ; de sorte que la plupart du temps le drame existentiel (la non-reconnaissance) vire à la sottise grotesque, le powète rajoutant « toujours le mot pour faire rire de lui », comme disait Jules Renard à propos du sot. Éric Dejaeger, comme s’il revisitait les Caractères de La Bruyère avec un tempérament de belle humeur et de bon humour belge qu’il partage avec Magritte, Verheggen, Gelluck et quelques autres, se régale de mitrailler à coups d’aphorismes, sentences et invectives textuelles les powètes, ces nouveaux “précieux ridicules” qui, contrairement à trop d’autres espèces sur la planète, sont « une espèce en voie de multiplication », hélas ! Quelques extraits du pilonnage : « dans la basse-cour aux powètes, le dindon se prend pour un cygne ». « le powète ne se creuse jamais la tête, seulement le nombril ». « le powète s’y connaît en harcèlement textuel ». « au marché de la powésie, le powète fait le poids : il a vingt-cinq tapuscrits de son dernier recueil dans le sac à dos ». « le powète n’est pas incontinent, il marque son territoire ». « en quittant le marché de la powésie, le powète se sent léger : il n’a plus que vingt-deux tapuscrits dans son sac à dos ». Et le powète fréquente également d’autres lieux où il est recommandé de paraître : « une fois terminé l’atelier d’écriture animé par un powète, tous les participants peuvent écrire de la powésie » « le powète ne peut habiter qu’une maison de la powésie, même insalubre » « le powète a généralement remporté quelques concours, prix, médailles ou diplômes lors de joutes powétiques dont personne n’a entendu parlé » Enfin — et serait-ce l’aspect positif de la powésie ? —, force est de constater une parité quasi parfaite entre powètes et powètesses qui accomplit la prédiction d’une féministe incontestable, Françoise Giroud, quand elle déclarait que « les femmes seront les égales des hommes lorsque, dans la même fonction, elles se montreront aussi nulles qu’eux ! » La fonction powétique est assurément à l’avant-garde, pour une fois ! Bref ! Powètes et powètesses, mêmes ébats : affligeants, impudents et insupportables. Et la conclusion restera à Éric Dejaeger : « les powètes et les powètesses ne m’aiment pas. Je suis quasiment certain que c’est réciproque ». Je partage la réciprocité et je m’en retourne de ce pas vers ce qui se contente d’exister sans fanfare ni fanfarons : la poésie.

…Passage de témoin

Plus précisément, vers un éditeur de poésie. Les deux titres cités plus haut ont été publiés par Jean-Louis Massot à l’enseigne des Carnets du Dessert de Lune (67 rue de Venise, 1050 Bruxelles). Or, voilà que Jean-Louis annonce sa cessation d’activité pour la fin de l’année, le temps de peaufiner le passage de témoin à un repreneur des éditions. Le travail est fait, les fondations solides et les murs aptes à recevoir les rayonnages pour d’autres livres. Jean-Louis a fait de ses éditions une maison renommée, accueillante à de nouvelles voix et courageuse dans la prise de risque, par exemple pour ne citer qu’une des plus récentes, la réédition complète (après la première édition au Dé bleu et la seconde à Folio-Gallimard) des Radis bleus de Pierre Autin-Grenier, un gros, beau et bon livre qui concentre l’écriture d’un poète aujourd’hui incontournable. Dans le Catalogue — une “œuvre” à part entière, celle de l’éditeur — on relève les noms de poètes sans lesquels quelque chose manquerait dans notre monde littéraire, et pas que : S. Durbec, J.-C. Martin, C. Couliou, J.-P. Georges, L. Guilbaud, J.-F. Mathé, A.-L. Blanchard, B. Bretonnière, C. Guivarch, R. Piccamiglio, A. Gellé, J.-M. Flahaut, A. Marembert, T. Radière, C. Van Acker, M. Glück, V. Joyaux, G. Cathalo, etc. Sans oublier bien entendu le duo de Décharge, Jacques Morin et Claude Vercey. Plus d’une centaine, et pas un powète ! Des livres qui poursuivront leur aventure sous la même marque, c’est la bonne nouvelle de la journée ! Jean-Louis Massot me confiait récemment qu’un des ses regrets c’était de n’avoir pu mener à bien, comme il l’a fait pour Pierre Autin-Grenier, une réédition des poèmes de Georges L. Godeau. Ces deux poètes s’étaient rencontrés grâce à un poème et, comme ici tout se termine sur un poème, en voici un de GLG consacré à PAG que je te dédie, Jean-Louis :



UN JOUR un jour, dans un journal, j’ai lu un poème signé Autin-Grenier. J’en ai eu un frisson. Rare. Plus tard, j’ai traversé la France et, au bout, un champ d’herbe. Il était là. En trinquant, il m’offrit un livre. Le même qu’il avait envoyé à son voisin Char. Resté sans réponse. Le lendemain, je dînais chez Char, je lui demandai ses raisons. Il n’écrivait plus, mais il se souvenait. Depuis, chez moi, quand je reçois la N.R.F., je cours au sommaire. Si j’y trouve Autin-Grenier, je passe une bonne journée.

L. Godeau

© Louis Dubost in Décharge



Le titre explicite une distance prise avec le sérieux dans lequel se présente trop souvent la poésie. Le livre présente un ensemble de brefs paragraphes : pataphysiques un peu, humoristiques beaucoup, absurdes jamais, nonsensiques souvent. Le recueil est tombé de la tour d’ivoire et de la boue des sons ; le gravier des lettres a bâti des mots architecturant des aphorismes. Un aphorisme est une phrase orpheline, mais rassemblez-les dans un recueil et ils invitent le lecteur à trouver, entre les paragraphes plutôt qu’entre les lignes, la poésie.

C’est que réunis, les aphorismes voient leur binarité constitutive s’émousser. Leur autonomie, celle-là même qui constitue la puissance de l’aphorisme se dilue quelque peu, surtout qu’ici, ils se suivent comme des strophes d’un long poème de discontinuités. Si le fil directeur d’un raisonnement jamais ne se forme, l’épaisseur d’une tonalité se mue en attitude d’engagement dans le monde. Le danger pour le poète est de briser les limites de l’instant, or l’aphorisme fait mouche dans l’instant. Mais la suite d’aphorismes ne convoque-t-elle pas une durée ? Les contradictions autour desquelles sont structurés les aphorismes s’interpellent, se font échos, parfois se perdent dans le nonsensique. Une conséquence de cette primauté de la durée, de la suite et de l’à suivre, c’est que Le violon pisse derechef sur son powète n’agit pas sur le référent, sur le monde mais interpelle l’univers même de la poésie, les représentations verbales, le langage comme univers. N’est-ce pas une altération du genre, dans le sens où altérer c’est faire autre ?

© Philippe Geneste in Lisezjeunesse



« Ecrire de la powésie parce que l’on se proclame powète est profondément ridicule.» Dans un précédent recueil d’aphorismes, « Le violon pisse sur son powète », à coup de formules toutes plus aiguisées les unes que les autres, Eric Dejaeger dénonçait déjà les faux poètes, les « powètes » comme il les désigne, les pauvres hères des lettres, qui posent, se pavanent, publient et croient avoir un don, mais la vraie poésie est un art de forçat, elle demande talent, travail et surtout humilité. Mais ça je l’ai déjà écrit après la lecture du premier recueil. Dans ce second recueil qui ne sera jamais le deuxième car l’auteur a promis que ce serait le dernier, il enfonce le clou en dégainant de nouveaux aphorismes, encore plus acérés, pour stigmatiser les poètes qui ne sont que des « powètes ». Ils n’atteindront jamais le statut de « poëte » comme l’écrit Paul Valéry dans « La renaissance de la liberté » (Bartillat/Omnia poche) que j’ai lu juste avant l’ouvrage du barde du Pays noir. « Le powète ne se creuse jamais la tête, seulement le nombril ». « Le powète n’a jamais dit la vérité, il ne doit pas être exécuté » ; (pour ceux qui ont plus de vingt ans depuis très longtemps : petit clin d’œil à Guy Béart). « Le powète rêve d’absinthe mais ne peut s’offrir que du pastis sans alcool ». Eric a la dent particulièrement dure à l’encontre des gâcheurs de vers qui dévoient les mots à grands coups de rimes bancales, ils comptent les pieds de leurs vers sur leurs doigts comme le dénonçait le grand Léo, Léo Ferré. Ces besogneux du pied et de la rime ne méritent aucun égard : « Il ne faut pas protéger le powète : il est en voie de multiplication ». Le powète ne sera sans doute jamais un poëte tel que le définit Paul Valéry dans le texte cité ci-dessus : « Un poète est en somme un individu en qui paraissent au plus haut degré l’agilité, la subtilité, l’ubiquité, la fécondité de cette toute-puissance économie (de mots) ». Mais le poète peut écrire pour des raisons moins louables comme le dit si joliment Léon-Paul Fargue dans un court extrait de Tancrède que Paul Valéry cite dans l’ouvrage désigné ci-dessus : « Il était plusieurs fois un jeune homme si beau que toutes les femmes voulaient expressément qu’il écrivît ». Alors, il faut rester vigilant et peut-être qu’Eric Dejaeger devra écrire un nouvel opus pour dénoncer les bellâtres qui croient que poème rime avec je t’aime.

© Denis Billamboz in mesimpressionsdelecture.unblog.fr



Publié par les Éditions Les Carnets du Dessert de Lune, dans sa collection « Pousse-Café », « Le violon pisse derechef sur son powète », d'Éric Dejaeger est le deuxième volet du violon qui pisse sur son powète. Hé oui, depuis le premier petit tome, les poètes, en général, ont encore frappé avec leur tonne de poèmes. Je suis bien placé pour le savoir, moi qui reçois et lis pas mal de textes, et en vois aussi passer d'autres que je ne lirai jamais. Tout cela dans un cloisonnement la plupart du temps parfaitement réussi. Et ils continuent, pourtant, les poètes ! C'est pour cela qu'ici Éric Dejaeger les appelle des « powètes ». Au moins, en faisant publier ces quelques aphorismes, le lecteur ne pourra pas dire que l'auteur est pris en flagrant délit de contradiction avec ce qu'il dit des powètes, lui-même en étant un. En effet, le livre compte une dizaine de pages et se compose de 50 phrases environ. Pas de quoi avoir le temps de s'endormir ou d'attraper le mal de crâne ! Extrait de « Le poète pisse derechef sur son powète », quelques aphorismes bien sentis : « Quand les poètes penseront aux lecteurs plutôt qu'à leur nombril, la poésie s'en portera mieux. » « Contrairement à ses textes, le poète est teigneux. » « Le powète ne peut habiter qu'une maison de la powésie, même insalubre. » « Le powète n'a jamais dit la vérité, il ne doit pas être exécuté. » La première de couverture est illustrée par André Stas, avec « Le poète écorché ».

© Patrice Maltaverne, in https://poesiechroniquetamalle.

Commenter  J’apprécie          00
Poèmes mignons pour petits capons

Je ne sais lequel a enrichi le document de l’autre, la fille a-t-elle commencé à faire des dessins ou le père a-t-il écrit d’abord les textes ? J’aimerais à croire que la jeune femme, se souvenant des dessins réalistes dans toute leur naïveté, chatoyants des couleurs les plus vives, qu’elle s’appliquait (en tirant la langue ?) à garnir son cahier quand elle n’était encore qu’une gamine haute comme trois pommes, a voulu, par affection envers les petits bouts de sa famille, leur offrir quelques uns de ces dessins revisités par sa main désormais plus rompue au dessin publicitaire (mais la publicité aime tellement les enfants).

Oui j’aimerais à croire que la jeune femme, un peu par nostalgie, beaucoup par affection, a dessiné ces quelques illustrations que le « pépEric » n’a pas pu s’empêcher d’enrichir de quelques mots dont il a le secret. Des textes évidemment courts, même très courts, comme il les affectionne. Mais ces textes ne sont pas seulement des poèmes pour enfants destinés à les initier aux belles lettres, c’est aussi un grand message d’amour et de tendresse de « pépEric » pour ses petits-enfants chéris. J’ai pensé avec beaucoup de nostalgie en lisant :

« J’ai des moustaches / Et je m’en mets partout / Papa devient fou / Devant tant de taches »

à la chanson « La petite Josette » d’Anne Sylvestre que mes enfants ont tellement écoutée quand ils étaient, eux aussi, hauts comme trois pommes. Et, comment ne pas rester ému devant ce joli petit poème, c’est tellement mignon, je suis sûr que les petits-enfants de « pépEric » diront un jour :

« Le haut-de-forme : De mon pépé / Est fatigué / Il faut qu’il dorme »

Il ne sert à rien que je m’évertue à parler de tendresse et d’affection « pépEric » a tout dit dans sa conclusion :

« Mes petits-enfants / Quand ils seront grands / Reliront ces lignes / Trouveront les signes

De mon affection / De mon attention

© Denis Billamboz
Commenter  J’apprécie          00
Le violon pisse sur son powète

Publié par les éditions "Les Carnets du Dessert de Lune" dans la collection intitulé "Pousse-café", "Le violon pisse sur son powète" est un court recueil d'aphorismes (19 pages) bien sentis d'Eric Dejaeger. Une sorte de digestif, comme le titre de la collection le confirme.

Ce petit livre par la taille (10 X 14 cms) constitue un médicament fort pour ceux et celles qui ont la grosse tête (tous ? N'est-ce pas pour cela que l'on écrit ? A chacun son truc pour montrer sa grosse tête) en poésie.

Lisez en une page et la pression de l'ego retombe, jusqu'à la prochaine injection deux heures plus tard.

Eric Dejaeger joue sur les mots lorsqu'il parle de "powète". Le poète est aussi quelqu'un qui a tous les "powers" d'évocation. C'est bien pour cela qu'il ne cherche pas à exercer de "power".

En même temps, le mot "powète" est quand un peu plus compliqué à dire que "poète" (sauf que ça revient au même !). On reconnaît bien là notre sens de la simplicité, à nous les "powètes".

Bien sûr, le power du powète ne casse pas trois pattes à un canard (autour de lui). Il faut bien le reconnaître et ça ne me fait pas trop déprimer.

Peut-être l'absence du power et de son poète est déjà une présence (discrète !) ?...

Ah j'oubliais : "Le violon pisse sur son powète", est un clin d'oeil à Pierre Autin-Grenier, récemment disparu et à son "Le poète pisse dans son violon", paru dans la même collection.

Parmi les perles que compte le recueil, je citerai :

"Quand deux powètes se rencontrent, ils s'autoparlent de leur prochain recueil de powèmes."

"Le powète déménage sans cesse : il a de nombreux nombrils."

"Quand il est mort, le powète, personne ne pleurait."

"La powésie est à la littérature ce que le charlatanisme est à la science".

Pas mal décapant non ?

La couverture est un collage d'André Stas, membre de l'éminent collège de pataphysique.

© Chroniques ta Malle

Commenter  J’apprécie          00
La cité des fleurs fanées

Sylvie : Une année de la vie d'une bande d'adolescents scolarisés dans un collège en Belgique. Amitié, intégration, religion, engagement, tels sont les principaux thèmes abordés dans ce roman, les nouvelles technologies et réseaux ne jouent à mon sens qu'un rôle secondaire. Donc pas vraiment le thème pour moi.



Myriam : Adolescence, amour, amitié, vengeance, délinquance juvénile, grossesse précoce, choc de cultures/ religions (musulmane / catholique), éducation, conflit de générations, chat, e-mail, secret

Mélange de chat, e-mail, extraits de journaux intimes de différents personnages et récits. La vie de collégiens de 3e à travers leurs regards et ceux de Francis Bartin, jeune enseignant de Français et narrateur principal. Un récit attendrissant qui montre bien comment il faut bien choisir ses amis et être vigilant concernant les échanges sur Internet, espace de liberté où l’on s’expose aussi (voir le blog d’Ishak et les interventions malsaines de Fernand sur le chat et par e-mail). Un livre très touchant. Limite hors du thème. Niveau : 4e
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Eric Dejaeger (30)Voir plus

Quiz Voir plus

Chaos ou Karma ?

Rouge XXX Jean-Christophe Grangé

chaos
karma

12 questions
57 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , humour , chaos , karmaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}