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Critiques de Eric Guillon (6)
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Le bon camp

Le bon camp, roman noir, est un bel hommage à Simonin, à André Hélena période Les salauds ont la vie dure, et surtout à Alphonse Boudard, quand il dépeignait avec tout le talent qu'on lui connaît le Milieu et les demi-sels ou quand il dénonçait les résistants de la dernière heure acclamant De Gaulle sur les Champs-Elysées après avoir adoré Pétain pendant quatre ans.

L'historien Eric Guillon manie une langue qui claque, faite d'argot et de langage populaire avec une authenticité qui coule de source comme le Viandox dans les bistrots pendant l'Occup'. Le bon camp offre un vrai bon moment de lecture. Seulement trois lecteurs sur Babelio, j'entrave que dalle, alors autant vous affranchir, c'est de la came premier choix.



Le roman s'ouvre sur un scène de torture. Dans une cave de la Casbah d'Alger, en 1961, un Français nommé Jo Mat est torturé par des fellaghas. Il sait qu'il va mourir et voit défiler sa vie. Et quelle vie ! Abandonné par sa mère chez ses grands-parents, élevé par un grand-père végétarien et anarchiste, ouvrier typographe, il adhère très jeune au parti communiste, s'engage dans les Brigades Internationales. Fiché comme défaitiste pendant les combats de 39-40, il est interné en tant qu'indésirable au camp de Gurs d'où il s'évade après avoir tué un garde. Résistant de la première heure, passeur, contrebandier,, condamné à mort par le parti communiste, il est approché par les services de renseignements, différents réseaux de résistance, par des voyous dont les affaires fleurissent pendant l'Occupation. Les fréquentations de Jo pendant la guerre, son parcours, ses démêlés avec la justice sont symptômatiques d'une époque particulièrement trouble dans laquelle les acteurs jouent sur deux voire trois tableaux, par conviction, par intérêt ou par désir de survivre. Mais Jo Mat n'est pas Lucien Lacombe, qui trouve porte close dans la résistance et rejoint par dépit la Gestapo française. Il sera toujours fidèle à ses convictions. Son parcours est plutôt tributaire de ses amours, de ses amitiés, de ses rencontres. Malgré tout, dans cette cave sordide où on le torture, il se demande s'il a fait les bons choix, a choisi le bon camp.



A travers le parcours de cet homme, Eric Guillon restitue les belles années du Milieu dans toute leur complexité, donnant à voir le jeu des alliances, les compromis, les petits arrangements entre amis. Voyoucratie, collaborateurs, décorés de l'après-guerre…on trouve dans le bon camp l'univers de la pègre, des truands, la Carlingue, les Henry Lafont, Abel Danos-le Mammouth, Spirito, Georges Boucheseiche, Jo Attia…. mais aussi le commissaire Blémant du contre-espionnage, des républicains espagnols, des membres du réseau Marco Polo.

Guillon nous promène dans les clubs et les bordels où les affaires fleurissent, car tout se paye, les papiers, les vies, la matière première. Tout s'achète donc, et tout le monde est à vendre. Et dans ce marigot, Jo Mat se dépatouille comme il peut , courageux toujours, combatif, amoureux souvent. « Finalement, j'ai jamais été du bon côté de la barricade. » constate-t-il désabusé.

Quoiqu'il en soit, le lecteur lui ne peut que se passionner pour cette vie chaotique et périlleuse.

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Abel Danos, dit

En 1960 sort Classe tous risques de Claude Sautet. On y voit Lino Ventura incarner Abel Danos, un truand condamné par contumace , trahi par la pègre, et réfugié en Italie où il commet des braquages. Inspiré du roman de José Giovanni qui l'avait connu à la Santé, le personnage de Danos alias « le Mammouth » est pourtant bien plus complexe. Claude Sautet dira à ce propos « Je n'ai appris que longtemps après le véritable passé d'Abel Danos (…) Si j'avais su qui il était vraiment, je n'aurais peut-être pas pu faire le film. Et Lino non plus sans doute!. »

Car Danos n'était pas juste un truand, un membre du Gang des Tractions Avant. Il fut aussi un membre important de la Carlingue pendant l'Occupation, au sein de la Gestapo française de la rue Lauriston sous les ordres de Henri Lafont.

Rien d'exceptionnel à l'époque, comme le souligne l'auteur Eric Guillon dans cette biographie qu'il lui consacre: « La grande majorité des voyous de la capitale en ont « croqué » avec les diverses « carlingues ». de près ou de loin, mais sans états d'âme: pour eux, l'Occupation a été une époque bénie dont ils auraient eu tort de ne pas profiter. »

Abel Danos, dit « le Mammouth ». Entre Résistance et Gestapo relate le parcours de ce natif de Haute-Garonne fusillé en 1952, ancien des Bat d'Af, spécialiste des attaques à main armée et figure du Milieu qui passa du gangstérisme à la Collaboration. Eric Guillon soulève dans son ouvrage un autre aspect du personnage, qui se serait engagé dans le contre-espionnage aux côtés du commissaire Blémant en 1941. L'enquête est passionnante, l'auteur dépouille les archives, relate les nombreux entretiens qu'il a eus avec son ancienne compagne afin d'apporter un éclairage nouveau sur le dossier Danos.

Le seul petit bémol est la construction de la première partie de l'ouvrage où j'ai eu un peu de mal à trouver mes marques. L'auteur est très souvent obligé de faire une pause dans son récit pour présenter la nébuleuse qui environne Danos, les Joyeux, les anciens compagnons de cellule ou de vols, les comparses de la Gestapo, les Bonny, les Attia, les Tatoué, les Nantais, les Pépito et autres Corses au pedigree long comme un jour sans pain, dont il doit faire état avant de poursuivre son récit. Abel Danos dit le « Mammouth » est un complément indispensable au très bon polar Le bon camp, toujours signé Eric Guillon.
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Les vrais, les durs, les tatoués : Le tatouag..

Biribi, ça me rappelle le roman éponyme de Georges Darien. Le roman le plus antimilitariste que j’ai eu l’occasion de lire, un roman qui m'a convaincu de ne jamais mettre les pieds dans une caserne. Ça me rappelle aussi le formidable reportage d’Albert Londres publié en 1925 sous le titre « Dante n’avait rien vu ». Ça me rappelle ma folle jeunesse, l’époque du service militaire, quand j’écrivais ma lettre au ministre de la défense : « pour des raisons de conscience, je refuse de porter les armes et l’uniforme ». Ça me rappelle les trois jours passé à Cambrai, au centre des armées. En tant que futur objecteur de conscience, chevelu en plus, j’en ai pris plein la gamelle : « Tu vas voir, on va t’envoyer désherber le maquis pendant 20 mois » (ben oui en tant qu’objecteur on faisait le double des trouffions, c’était la punition). Tu parles, je me suis retrouvé dans une bibliothèque, heureux comme un pape. Le début de ma vocation...



Bref, revenons à ses gros durs de Biribi et leurs tatouages. Biribi n’est pas un lieu à proprement parler. C’est un terme générique désignant l’instrument répressif de l’armée française en Afrique du nord (Tunisie, Maroc, Algérie), en vigueur de 1830 à 1962. Les fameux Bat d’Af (bataillons d’infanterie légère d’Afrique). Au départ des pénitenciers militaires où on mate les fortes têtes. Par la suite on y enverra aussi les engagés ayant subi des condamnations civiles : cambrioleurs, souteneurs, assassins, etc. Des soldats devenus bagnards…



Dans l’enfer de Biribi, où l’on casse des cailloux sous un soleil insupportable, l’armée torture ses propres enfants en toute impunité. Le tatouage est la seule véritable distraction. Une bouffé d’oxygène aussi, servant à la fois de carte d’identité et de moyen d’expression. Les mots gravés sur la peau sont une façon de montrer son état d’esprit. Ainsi, les fatalistes n’hésitent à écrire sur leur corps « Pas de chance », « né sous une mauvaise étoile », « enfant du malheur », « né pour souffrir ». Les révoltés y vont aussi de leur couplet : « vaincu mais non dompté », « arrivé en mouton, sorti en lion », tout comme les antimilitaristes purs et durs : « inquisition militaire », « l’armée fait pleurer les mères ». Les motifs aussi sont riches de sens : papillons, oiseaux, fauves, fleurs et surtout des femmes, beaucoup de femmes.





Le récit de Jérôme Pierrat et Éric Guillon est passionnant. Il permet notamment de découvrir les techniques

rudimentaires utilisées par les tatoueurs et la vie quotidienne dans ces pénitenciers où règnent la violence et l’injustice et où l’homosexualité est partout présente.



Mais Au-delà du texte, le point fort de ce petit livre réside évidemment dans les photos. Non mais regardez-moi ces gueules ! Le naturalisme de Zola en chair et en os, les loulous parisiens mis en scène par Charles-Louis Philippe dans le célèbre Bubu de Montparnasse qui se matérialisent sur la page ! Les portraits de tatoués publiés ici ont été réalisés entre 1900 et 1930 par les services de l’identité judiciaire. Ces clichés des anciens de Biribi ont été pris « à la faveur » d’une arrestation ou d’un séjour en prison. Des vrais, des durs, pas des tatoués d’aujourd’hui qui s’essaient au symbole maori pour se la jouer « cool » alors qu’ils

n’ont jamais foutu les pieds en Polynésie. Bon je vais m’arrêter là parce que je commence à m’égarer…


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Mauvais garçons, tattoed underworld a portrai..

Le tatouage est vraiment devenu une pratique grand public ces dernières années.

Mais c'est grâce à un illustre médecin français que je me suis intéressée à l'histoire du tatouage : Lacassagne. 🧐



Les portraits de tatoués ont été utilisé dès les premières heures d'une nouvelle discipline, la criminologie. Servant tour à tour à identifier un suspect, repérer une marque d'appartenance ou comprendre les codes sociaux spécifiques aux "milieux", les tatouages ont bénéficié d'une attention toute particulière dont ces photos sont un magnifique témoignage. ❤️
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Mauvais garçons, tattoed underworld a portrai..

Série de portraits de tatoués de 1890 à 1930.

Documents rares !

Livre s'adressant à un public qui désire en savoir plus sur la signification des tatouages de marins, militaires et autres "mauvais garçons" de la fin XIXe début XXe siecle.
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Les Hommes illustrés : le tatouage des origin..

Pour moi , le meilleur livre sur le sujet qui n'est jamais été écris.

Gros travail de recherche.

Belles et nombreuses illustrations.

Si vous devez ouvrir un ouvrage sur le sujet, ouvrez celui là !
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