Ernst Toller

« Un an auparavant, lorsque l'on m'a arrêté pendant la grève, je refusais de revêtir l'uniforme et de porter les armes. Je détestais la violence et je m'étais juré de la souffrir plutôt que de la faire. Pouvais-je, maintenant que la révolution était attaquée, rompre ce serment ? Je devais le faire. Les travailleurs m'avaient accordé leur confiance, confié commandement et responsabilité. Ne serait-ce pas tromper cette confiance que de refuser maintenant de les défendre, voire de les appeler à renoncer à la violence ? J'aurais dû réfléchir plus tôt à la possibilité des suites sanglantes et ne pas accepter les charges. »



Ernst Toller, dramaturge, poète et écrivain juif allemand, militant communiste révolutionnaire, s'engage volontairement dans l'armée au moment de la guerre de 14/18. de cette expérience dévastatrice psychologiquement, il nourrira des oeuvres très fortes. Si vous lisez les quelques citations que j'ai mises en ligne, vous pourrez comprendre aisément les motivations de son antimilitariste et de son engagement.



« Et soudain, comme si les ténèbres se séparaient de la lumière et le mot du sens, je saisis la simple vérité de l'homme que j'avais oubliée, enfouie, ensevelie qu'elle était, l'élément commun, l'Un qui unit - Un homme mort - Pas un français mort - Pas un Allemand mort - Un homme mort. »



J'ai rencontré Ernst Toller dans le livre d'Anna Funder « Tout ce que je suis ». Ce livre très émouvant raconte l'engagement, contre la montée du national-socialisme, de cet auteur et de ses amis qui se verront contraints à l'exil, pourchassés jusque sur les bords de la Tamise. Soixante dix ans plus tard, Ruth, une amie, résidant en Australie, reçoit le manuscrit original d'Une jeunesse en Allemagne, retrouvé dans la cave du Mayflower Hotel avant sa démolition où le romancier séjournait en 1939. Ernst Toller a dédié ses mémoires à Dora Fabian, grande résistante dont il était amoureux, assassinée par la Gestapo.



Depuis, mon regard, mon esprit est systématiquement attiré par le nom d'Ernst Toller et qu'elle ne fut pas ma surprise de découvrir dans une bibliothèque amie, ce livre qui ne quitte pas ma mémoire « Une Jeunesse en Allemagne ».



Les premières pages sont écrites un peu « à la va vite », histoire de poser les fondations du récit d'Ernst et de dresser le portrait de son milieu familial comme le contexte de sa jeunesse. Mais ensuite, j'ai savouré son écriture fluide et tellement précise, d'une grande profondeur de réflexion. La période de son engagement volontaire pour la Grande Guerre, ses désillusions, ses prises de conscience, tout est magistralement développé. Son combat à la sortie de la guerre, ses idéaux, son parcours politique jusqu'à sa participation à la République des Conseils de Bavière ou République soviétique de Bavière pendant la Révolution de 1918/1919 et qui lui vaudra cinq années de prison. Pour tout amateur d'histoire, ce petit livre de 225 pages dresse une photographie assez complète sur l'état de l'Allemagne après la Grande Guerre. Sur la fin du livre, quelques pages évoquent la montée de l'antisémitisme et cette « Jeunesse en Allemagne s'arrête ». Si je me base sur certains de ses écrits, le style de Toller sait m'émouvoir, me parler, c'est un auteur que je tiens à découvrir dont la plupart des oeuvres ont été écrites en prison.



Ernst Toller s'est suicidé le 22 mai 1939, lui aussi, désespéré devant la Guerre d'Espagne et les accords de Munich.



« Non, je n'ai jamais été seul pendant ces cinq années, jamais seul même dans la solitude la plus désolée. le soleil m'a consolé et la lune, le vent qui, effleurant une flaque, y faisait ondoyer des cercles concentriques et fuyants, l'herbe qui poussait au printemps entre les pierres de la cour, un regard de bonté, un signe d'hommes que j'aimais, l'amitié des camarades, la croyance en un monde de justice, le liberté et d'humanité, en un monde sans peur et sans faim. J'ai trente ans, mes cheveux deviennent gris, je ne suis pas fatigué. »

Auteur d’une œuvre littéraire traduite en vingt-sept langues, admiré de Thomas Mann et de Rilke, Ernst Toller (1893-1939) fut aussi, en Allemagne comme en Espagne, de tous les combats perdus : contre la guerre, le fascisme, la misère.





Personne ou presque ne se souvient en France de ce dramaturge reconnu, poéte et dramaturge reconnu pourtant à l'époque dans le monde entier, héros de la gauche révolutionnaire, Toller, dont les vers étaient loués par Rilke ou Thomas Mann, figure en vingt et unième position sur la liste des auteurs dont les nazis ont mis les œuvres au bûcher en mai 1933.



Comment en est-il arrivé là ? C'est ce qu'il raconte dans "Le Livre des hirondelles", texte "écrit le jour où l’on a brûlé [s]es livres en Allemagne".



Un ouvrage entre le récit historique et l'ode à la littérature qui raconte plus généralement toute la destinée de l’Allemagne du nazisme. Edifiant
Lien : http://www.baz-art.org/archi..

"Croisant superbement l'histoire & la littérature, ces Mémoires sont 1 témoignage poignant sur les rêves & les désillusions, la volonté & l'incapacité de la condition humaine."

3 T @Telerama 12/2020



"Dramaturge, poète expressionniste, Ernst Toller, dont l'#autobiographie est rééditée par Séguier, fut 1 figure de 1ère plan du socialisme libertaire allemand."



Libération 12/2020