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Citations de Eugène Montrosier (22)


ÉMILE VERNIER
Je vous présente encore un artiste fils de ses oeuvres. 11 a beaucoup lutté, beaucoup souffert, beaucoup réussi. C’est un jurassien, c’est dire que c’est un volontaire et un persévérant. Destiné à l’École de Saint-Cyr, il ne put contracter d’union avec les mathématiques, et sans beaucoup d’efforts il inclina tout de suite vers les arts du dessin. Avant de créer il se fit interprète, traduisant sans les trahir tous ces maîtres prodigieux de la renaissance du dix-neuvième siècle : Théodore Rousseau, Jules Dupré, Corot, Millet, Daubigny, maîtres incontestés de la peinture agreste. Ses lithographies sont des chefs-d’oeuvre, que les amateurs conservent précieusement et qui seront d’un grand prix plus tard.
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Millet dont tout à l'heure nous évoquions le souvenir, disait à propos des fillettes de M. Jules Breton: « Breton peint toujours, dans le village, des fillettes qui n’y restent pas. » Il y a un semblant de vérité dans cette appréciation du maître de Barbizon. Cependant on pourrait objecter que toutes les campagnardes ne sont pas des brutes et des monstres comme ceux qu’il nous a montrés. Une sève généreuse coule dans les veines des paysannes; le grand air, s’il haie les chairs, fouette le sang et donne aux carnations un éclat que ne connaissent pas les ouvrières chlorotiques des villes. Le corset ne déprime pas leur taille; les bottines ne meurtrissent pas leurs pieds, qui peuvent être grands, mais qui ne sont pas déformés. C’est pourquoi l’armée de la galanterie se recrute en province. M. Jules Breton a peint les femmes qu’il voyait agir devant lui, sans se soucier du lendemain que le vice leur réservait.
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L'art, dans son acception multiple, est un éternel recommencement avec des formules nouvelles, une interprétation différente, un verbe particulier. Littérature, musique, peinture, statuaire s’inspirent aux mêmes sources ; mais il se trouve que, par le développement des systèmes, l’évolution des idées, ces sources sont détournées de leur point de départ, élargies ou rétrécies suivant le courant d’opinions qui règne, l’esprit de progrès qui flotte au-dessus de toute chose. Aussi, nous avons des écrivains, des compositeurs, des peintres, des sculpteurs qui se recommandent de leurs prédécesseurs et tentent, à des siècles ou à des années de distance, de les faire revivre.
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On se rend compte que la possession de cette personnalité volontaire par un génie aussi troublant dut influer sur la destinée d'Ingres, qui s'enferma dans la manière de son idole ainsi que dans un cercle infranchissable. Hors Raphaël, rien n'existait à ses yeux ni à son intelligence. Il le copia chaque jour, à chaque heure, cherchant à pénétrer le secret de sa forme irréprochable, essayant d'approcher de son dessin impeccable, étudiant ses colorations d'une finesse et d'un éclat surprenants. On peut établir qu'il fut hanté par Raphaël de même que d'autres subissent des obsessions malsaines. Il devint le féal, l'homme-lige, le serviteur indigne de ce maître placé si haut dans sa pensée — et dans le respect des siècles. Aussi, son oeuvre tout entier a une suite implacable, montre une unité sans seconde.
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Il est de toute évidence que, quelles que soient les préférences que l’on marque en art, une personnalité comme celle de force, qu'elle a de l’action sur la peinture moderne, qu’elle étend son influence dans les cinq parties du monde, que les tableaux les plus fameux qu’elle a créés figurent dans les collections et dans les musées de l'étranger! Quel beau tempérament. que celui qui est toujours il jeune d'idées charmantes, de conceptions poétiques, d'exécution adorable! Rien n’est joli comme un joli Bouguereau. Nous n’avons pas l’honneur de connaître cet artiste, mais nous l'avons entrevu à travers ses œuvres : ce doit être un homme calme, dispos, au cerveau sain, à la main habile. Chaque matin, à la même heure, il doit descendre à son atelier, saisir ses pinceaux et, avec la belle sérénité que donne le savoir et le métier longtemps pratiqué, commencer un sujet ou achever celui ébauché la veille du même coup lent et sûr.
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M. Gérôme est, avant tout, un sincère qui se sacrifie volontiers à son art. Il est méticuleux â l’excès, question de tempérament. Il est souvent trop parfait, question de conscience. Chez lui, tout est harmonieux et pondéré; il ne prise pas les fureurs désordonnées, mais il aime la tempête qui couve sous un masque de glace ; ce sont les fureurs les plus cruelles, parce qu’elles ne s’épanchent pas au dehors. Il n’apprécie pas ce beau désordre qui est un effet de l’art, et le corrige toutes les fois qu’il se montre. Mais, dans cet esprit d’élite, on sent une force latente, on découvre quelque chose de robuste et de hautain qui attire et qui retient. On est parfois tenté de lui résister, on lui résiste souvent, mais on y revient avec des regrets qui sont comme les « repentirs » dont les les peintres modifient leurs contours. Certes, ici, on peut tout dire : M. Gérôme a notre admiration et notre respect.
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M. Lobrichon entra chez Picot, où il apprit les rudiments de la peinture. M. Lobrichon, Picot, tout un monde dans le rapprochement de ces deux noms! A ce moment, la misère hurlait au seuil du néophyte. Le futur artiste tint bon, et pour un instant, demanda à l’industrie le pain que lui refusait la carrière qu’il avait embrassée. Il fut photographe, il dessina des pieds et des mains pour un peintre dont les connaissances du corps humain étaient incomplètes. Cependant, il comblait les lacunes d’une instruction par trop rudimentaire, dessinait sans relâche, et ébauchait des toiles d’un romantisme outré.
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A côté du dessinateur,— un des premiers de ce temps-ci,— on trouve en M. Vernier un peintre très personnel, parce qu'il est très expansif. Ici je m’arrête pour expliquer ma pensée. En disant que M. Vernier est expansif, j’entends qu’il a des émotions intenses et qu’il les fait entrer dans tout ce qu’il peint. Heureux celui dont le cœur bat plus vite, dont l’âme se dilate, prête à s’enlever devant un spectacle grandiose ! Heureux ceux dont la joie éclate, dont la douleur sanglote ! Ce sont des sincères. Il faut croire ce qu’ils disent, que ce soit à l’aide du crayon, de la plume ou du pinceau. Ils ne peuvent faire mentir leur art. Or, pour les peintres de la nature, pour ceux qui veulent exprimer l’incomparable spectacle que donne la terre, ou la magie grandiose qu’exalte la mer, même dans ses plus furieux déchaînements, et alors qu’il faudrait haïr l’insatiable meurtrière, rien ne peut être indifférent et tout concourt à un ensemble parfait.
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Maître n’est rien ; grandir, se développer, pousser au but quand même, y arriver, c’est tout. Telle est, résumée en peu de mots, la courte existence parcourue par M. Albert Maignan. Aujourd'hui le peintre a trente- sept ans; il entre dans le succès parce qu’il s’y est longuement préparé. Il devait être notaire comme son père; il fit même son droit très sérieusement, mais l’Art, dont les séductions pénètrent même au plus profond des études, le séduisit à l’heure heureuse des illusions; et les fiançailles éternelles de la vingtième année devinrent bel et bien un mariage indissoluble.
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M. Chaplin, en plein siècle de progrès, sous le règne de l’électricité et de la téléphonie, conserve les grâces d’autrefois, les illusions d’antan. Pour lui, la Femme est plus qu’une femme, c’est la distinction, l’élégance, l’idéalisme des déesses. Il ne se la figure pas marchant dans les bottines de Ferry ; il la rêve chaussant des mules de satin serties de duvet de cygne. Toujours elle descend du château de Versailles par l’escalier de marbre rose. Elle s’échappe d’un bosquet de Trianon ; elle se dérobe derrière un paravent de Coromandel niellé d’exquises arabesques, elle surgit par la porte d’ivoire des rêves dans un costume qui est le plus provocant des déshabillés; elle a des sourires dans le regard et des aveux sur les lèvres. Elle trouble et elle excite. A coup sûr elle captive tous les cœurs.
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Comme on le voit, M. Vély est à présent un peintre de sujets aimables. Il aime le luxe, l’apparat, la magnificence d’autrefois. Il lui faut des étoffes précieuses, des joyaux, des feutres empanachés, des femmes somptueusement parées, des décors, des fanfares, des fleurs. Pages, troubadours et damoiselles circulent dans ses toiles comme sur les marges d’un missel. Il connaît à fond l’époque qu’il veut faire revivre par ses côtés gracieux, par ses pompes, par ses riches ordonnances. Il sait aussi être de son temps, ce qui nous le rend plus sympathique encore ; car si le passé a du charme, le présent en est imprégné. Il s’agit de savoir regarder.
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M. Tony Robert-Fleury est une exception à cet aphorisme. Il n’a pas souffert, matériellement; il est entré dans la voie de l’art soutenu par la gloire de son père, mais il a créé des œuvres qui ne doivent rien à l’influence de ce dernier, qui se distinguent de toutes celles produites autour de lui. Tout d’abord, il devait être médecin; il s’y était préparé. Cependant, il hésitait, pesant le pour et le contre, comparant la Science à l’Art, attiré par l’une et par l’autre, pris entre deux vocations. L’art l’emporta, et dès lors le jeune homme connut les hésitations, les doutes, les désespoirs.
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Luminais a parcouru la gamme des sujets qu’offre l’art de la peinture, mais instinctivement il est revenu à son point de départ, c’est-à-dire de naissance : la Bretagne pour raconter en des pages héroïques tous les grands exploits de ses pères — nos aïeux.
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Il est déroute évidence que, quelles que soient les préférences que l'on marque en art, une personnalité comme celle de M Bouguereau ne peut laisser indifférent. Elle invite à l'attention. Songez que cette personnalité est une force, qu'elle a de Faction sur la peinture moderne, qu'elle étend son influence dans les cinq parties du monde, que les tableaux les plus fameux qu'elle a créés figurent dans les collections et dans les musées de l'étranger ! Quel beau tempérament que celui qui est toujours jeune d'idées charmantes, de conceptions poétiques, d'exécution adorable! Rien n'est joli comme un joli Bouguereau.
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M. Alphonse de Neuville tient certainement la tête de la petite phalange de peintres. modernes qui s'est vouée à ce genre qui paraissait démodé et que les événements de 1870-71 ont revivifié dans le sang. De notre accablante défaite il est sorti, tout de suite, à sa première manifestation qui était comme le cri suprême de son âme, un sincère artiste. Le chemin foulé par les hordes allemandes a été son chemin de Damas ! Depuis, il n'a fait que grandir, parce que le souvenir de ce qu'il avait éprouvé, surtout de ce qu'il avait souffert, s'est étendu au lieu de s'amoindrir.
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Versailles et le Louvre sont comme les Panthéons de la peinture militaire. Tous les fastes de nos gloires françaises y sont racontés en des pages dont quelques-unes passeront à la postérité, iront à l'immortalité. Tout ce qui fait notre Patrie généreuse, grande, glorieuse, est noté à la bataille la bataille, par des hommes qui eurent la foi et le chauvinisme, cette croyance de ceux qui adorent le sol natal. Une foi singulière, qui tantôt, suivant les milieux où elle se manifeste, le siècle où elle s'exalte, est ou empanachée ou simple. Ode ou histoire, pas de juste milieu. On passe ainsi, successivement, de Le Brun à Van der Meulen, de Tan der Meulen à David, de David à Gérard et à Gros, de Gros à Géricault, de Géricault à Charlet, à Ratlet, à Horace Vernet.
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ARMAND-DUMARESQ
En regardant le Cambronne à Waterloo du peintre dont le nom figure en tête de cette notice, je pense involontairement à Bellangé, cet artiste épique, cet émule des Gros et des Gérard avec la naïveté grandiose des Charlet et des Raffet. Car en dehors d’aptitudes variées, d’inventions multiples, de compositions de belle allure, M. Armand-Dumaresq est surtout peintre militaire, et le meilleur de son bagage repose dans les fourgons de l’armée ! Peu d’existences ont été plus mouvementées que son existence. Il a touché à tous les genres, gravi tous les sommets, marché vers tous les horizons. Mais dès que la diane lançait sa note claire à l’aube naissante, comme le tempérament militaire reprenait le dessus!
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Il est incontestable que la haute personnalité de M. Puvis de Chavannes apparaît lumineuse dans chacune des œuvres qu’il a soumises à l’attention du public. C’est un artiste dans la plus pure acception du mot; c’est-à-dire un homme poursuivant un idéal, l’atteignant et arrivant à le faire accepter par la foule. Aucun tempérament ne s’est imposé avec plus de volonté que ne l’a fait M. Puvis de Chavannes. Tout d’abord il a été dédaigné, puis ensuite incompris. On lui reprochait le choix de ses sujets, la façon sommaire dont il les présentait, l’espèce de dédain qu’il montrait pour la coloration. L’éducation artistique de la masse n’était pas suffisamment développée pour qu’elle pût lire, à première vue, les admirables thèmes éclos dans l’imagination du peintre.
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Enfance pénible dans un petit village de la Somme, le Roussoy, près Péronne; misères supportées en commun avec tous les siens; peu ou point d’instruction; ayant des aptitudes natives pour le dessin, et en cela assez semblable au Giotto enfant; entré chez un professeur de dessin, M. Patrouillard, de Saint-Quentin, ensuite chez M. Lemasle, directeur de l’école Latour. Puis des années de travail, de luttes : l’existence de la plupart des peintres modernes. Tous y ont passé. Meissonier peint des enseignes, Diaz des assiettes , Jules Dupré des tableaux-horloges, Robert-Eleury père, le do^^en , des armoiries sur des panneaux de voiture. Corot vend du drap. Est-ce que Prud’hon n’a pas dessiné des en-têtes de facture! Tous ont souffert et tous ont résisté. Ceux qui ont déserté étaient de faux artistes.
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Après avoir terminé la biographie d'Ingres, il nous reste à envisager dans son ensemble, et de haut, l'oeuvre de toute sa vie, à analyser ses tendances, ses principes, ses affinités, à faire comprendre comment il fut original sans originalité.
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