« La culture est un lieu de négociation du pouvoir : réduire constamment des femmes à des corps n’a rien n’anodin. » (p. 25)
« Les ‘femmes artistes’ ne sont pas un groupe homogène, loin de là ! Il est important de ne pas les traiter comme tel, au risque de finalement continuer à les effacer. » (p. 139)
J’ai beaucoup de mal avec le terme « oubliées » quand on parle des femmes artistes car il y a quelque chose de l’ordre de la passivité. Comme si la notion d’oubli nous dédouanait d’une responsabilité collective pourtant bien réelle quant à la présence, presque anecdotique et de ces femmes dans nos récits et dans nos musées. Il ne s’agit pas, comme nous pouvons le voir avec les batailles qu’elles ont menées pour bénéficier d’un apprentissage similaire aux hommes, d’une défaillance de notre mémoire collective, mais d’un système bien huilé qui a longtemps refusé aux femmes les possibilités matérielles mais aussi symboliques d’accéder au monde de l’art.
« Dire que le talent suffit est un mensonge. Les discriminations systémiques prennent plein de formes très différentes : trop noir(e), trop pauvre, trop femme, trop queer, trop handicapé(e), pas assez blanc riche homme. » (p. 210)
« Les représentations façonnent la société et nourrissent nos imaginaires collectifs, elles ont donc une dimension politique non négligeable, elles ont du pouvoir. La fonction de l’image est primordiale dans la fabrique du regard que nous posons sur nous-mêmes et sur le monde qui nous entoure. » (p. 12)
« L’espace domestique, même si on n’y possédait pas toujours une chambre à soi, aura permis à de nombreuses femmes de produire du savoir et de l’art alors que les autres portes leur étaient fermées. » (p. 132)
« Les femmes et les personnes minorisées prendront pleinement part à la construction de nos imaginaires, sans que cela soit une exception ou un événement. » (p. 19)
Encore aujourd'hui il est impossible pour les femmes de réussir à l'intérieur du système de valeurs dominantes.
Pourquoi?
Parce que ses fondations sont intrinsèquement misogynes.
Le doute exprimé au sujet de la capacité de femmes à faire de l'art se retrouve en filigrane dans les discours critiques théoriques, scientifiques, et même philosophiques sur l'histoire de l'art, et ce depuis des siècles.
« Bref, on préfère quand les femmes font des œuvres plus douces, plus pastel, plus sucrées… comme elles… » (p. 258)