Citations de Fabienne Courtade (51)
on marche ensemble …
on marche ensemble, rue du faubourg
Au milieu des marchands
On glisse ensemble
ses cheveux
le mouvement de son corps
et la peur
comme éblouissement
fragments de la grâce
(suite toujours
je tourne autour
rien ne s’achève
je recommence
je dis quelques mots
je parle encore
c’est moi qui fournis les éblouissements
je fais un pas de plus
le chemin est sans rêve
je garde les autres mémoires
la peau de nos corps très fine
et tout s’entend du dehors
alors vivre sur quoi ? j'ai possédé un jour
tout le calme des morts
maintenant
je ne peux plus partir
rien ne peut plus
m'émouvoir
je regarde les objets autour
j'ouvre une enveloppe
je ne dors pas je me réveille je regarde autour de moi
c'est une passion et une mort plus terrible
vide de douceur
Quel est ce silence
tous ces passages
jonchés d'étoiles
parfois
la douceur est trop grande
et les os se défont
je ne tombe pas
sur terre le cœur serré
j'avance sans voir
je ne réponds pas aux questions
je ne sais pas si je suis déjà morte
ou dans son cœur
lentement
chaque fois cette douceur
des mortes me revient
quelqu'un murmure à mes côtés
suffoquer prendre cette douleur…
Extrait 2
fermer avec mots inscrits sur papier : mots d’amour ― écrit-il
/ sans /
ce sont mots derniers, sur billet de banque combien
je coûte (rien je
ne
coûte rien
le corps est de dos
nous sommes dos à dos
j’avance
comme si "nous" de l'absence
pouvions nous éveiller
étions sortis
ensemble du même point
les minutes viennent
entre le désir et l'absence
fin d'été bruit d'une porte
je m'éloigne en courant
je pose des fleurs entre les grilles
J'attends des jours entiers
A ses côtés
mais il n'en sais rien
et si je m'en sors,
je jette l'enveloppe
avec la peau
et le cœur tout usé
on trouve le point…
on trouve le point
de faiblesse
fragilité extrême
qui fait repartir
Je sors du monde
je ne peux pas parler
je parle je disparais
Il parle
je disparais
Les morceaux sont de plus en plus difficiles
à rattraper
on se tient liés
LE FLEUVE S’ENTEND AU LOIN…
Extrait 4
nettoie par terre les sacs
éclatés
se perd
un peu de sang renversé ( balayé )
morceaux de kleenex ont déjà servi
plusieurs fois ramollis effilochés en bouillie
ces jours-là on les reprend au début
sortis des poches des sacs
écrasés
sous les talons
Petite passerelle entre nous
et ces mots sur un mur
Collés en pleine nuit
s’en aller est impossible
« À qui la vie humaine est une expérience à mener le plus
loin possible »
des mois après
je recommence les gestes
je regarde la fenêtre
je reviens sur le bord
je regarde les objets
la fenêtre brisée
parfois je repars
je ramasse des cendres
Le temps - les jours passés
en tombant on lèche le sol
On pose les doigts sur les murs
écrit sur des mots, des gestes sur des gestes
à l'intérieur
des images continuent à passer
devant les fenêtres
avec cette couleur : bleu impossible à garder
montée d'une marche dans des escaliers sans fin
mains posées sur le bord
dans une sorte de sécheresse
toujours loin
je repars
(rien ?
je me cache maintenant
sous les sangles
les doigts me couvrent les jours qui passent
je rate toujours la même marche
maintenant je suis seule à savoir où je suis
maintenant je peux me considérer comme perdue
on se souvient difficilement
il faudrait beaucoup de force
pour inventer
son cœur soudain
dans mon cœur
il reste des gouttes d'eau
le bruit
des pas
et si je me retourne
je découvre par instants
la douceur de sa nuque une mémoire
qui serait plus douce
que pétales
le corps et l'ombre presque effacée
on imagine seulement
une main qui ne nous lâche pas
il ne le sais pas
ne voit pas
ce qu'il y aurait eu de lilas le bruit de ses cheveux
et les fleurs éclairées par le mur blanc
mai 2004
je marche dans les rues
"cette fois, c'est fini"
mais je n'y crois pas
je continue à avoir froid
tous les jours
la nuit
j'entre dans son sommeil
"il y a une lampe que le vent à éteinte"
avec le sommeil commence une pluie
sur la paroi
je peux suivre le chemin
2003-2005
j'attends dans un lieu - je reste à l'angle
d'une rue la nuit
phares étincelants on ne peut pas se retrouver
je garde les lieux
je serais là
tout est gris étincelant
l'hiver tombé sur
lui son visage disparu
maintenant
le brouillard est plus profond
le centre perd sa clarté
"je peux venir
tu m'accompagnes"
les mains sont attachées
les yeux en larmes
je m'installe dans n'importe quel lieu un écran
traverse la vitre
le cœur droit dans le cœur
je vous vois encore
avec plus de précision depuis que vous n'êtes jamais là
Pris la fuite "je veux être sauvé, j'ai failli mourir"
Je meurs tous les jours de
Ne pas vous voir
sur le visage
du mort, je ne fais aucun bruit
je marche à l'intérieur
je n'oublie pas
mais le corps
est fermé
mais à cette place,
un caillou lancé
contre la vitre, c'est juste
pour respirer
et pour fuir ?
l'escalier n'a pas de marche