Citations de Fanni Bogdanow (19)
Ils trouvèrent bien l’ermite mort ; mais sa chair était nette et intacte comme vous la voyez, et la chemise n’était pas entamée. […] Par ce miracle que Celui qu’il servait a fait pour lui, vous pouvez voir qu’il n’est pas perdu, mais sauvé.
Pucelage ne peut pas s’égaler à virginité, je vous dirai pourquoi. C’est que pucelage est une vertu que possèdent tous ceux et celles qui n’ont pas eu attouchement de compagnie charnelle. Mais virginité est chose bien plus haute et plus vertueuse : nul ne la peut posséder, homme ni femme, s’il a eu désir d’assemblement charnel.
[Inscription sur le fourreau de l’épée]
Jamais nul ne soit assez hardi pour me tirer du fourreau, s’il ne doit mieux faire que personne, et plus vaillamment. Quiconque autrement me tirera, qu’il sache qu’l ne manquera pas d’en mourir ou d’en être mutilé. Cela a déjà été vérifié plusieurs fois.
Mais maintenant, [Jésus-Christ] se montre plus généreux et plus doux, puisqu’il offre aux chevaliers la nourriture du Saint-Graal, qui repaît l’âme en même temps qu’elle soutient le corps. C’est la douce nourriture qu’il dispensa au peuple d’Israël dans le désert.
Dès que Galaad fut mort, il advint une grande merveille : ses deux compagnons virent distinctement une main qui descendait du ciel, sans qu’on aperçut le corps auquel elle appartenait. Elle alla droit au Saint-Vase, le prit, saisit aussi la lance, et les emporta au ciel, en sorte que depuis lors nul homme ne put être si hardi qu’il prétendît avoir vu le Saint-Graal.
[Le roi Méhaignié] tira l’épée du fourreau à demi, ainsi que vous l’avez trouvée ; car auparavant on ne voyait pas la lame. Et il l’eût tirée tout entière, si une lance ne lui avait soudain percé les deux cuisses. Depuis lors il resta infirme et ne guérira point jusqu’à ce que vous veniez à lui.
Et s’ils trouvent peu d’aventures, c’est parce que « les aventures qui adviennent maintenant sont les signifiances et les manifestations du Saint-Graal, dont les signes n’apparaîtront jamais aux pécheurs ».
Puis Joseph fit comme s’il entrait au sacrement de la messe. Au bout d’un moment, il prit dans le Saint-Vase une hostie faite en semblance de pain et, lorsqu’il l’éleva, une figure d’enfant descendit du ciel, qui avait le visage rouge et embrasé comme du feu ; elle entra dans l’hostie et tous ceux qui étaient dans la salle virent nettement que le pain prenait forme d’homme charnel.
La mort d’Abel en ce temps où il n’y avait encore que trois hommes sur terre, annonçait la mort du vrai Crucifié, Abel signifiant la Victoire, et Caïn représentant Judas. Ainsi que Caïn salua son frère avant de le tuer, Judas devait saluer son Seigneur avant de le livrer à la mort.
Et c’est encore l’Eglise qui s’est montrée sous l’apparence de l’oiseau noir, car elle dit « Je suis noire, mais je suis belle. » Quant au cygne, c’était l’Ennemi, blanc au dehors et plein de ténèbres au-dedans.
[Après les 24 jours de coma de Lancelot]
J’ai vu, dit-il, de si grandes et heureuses merveilles que ma langue ne saurait vous les redire, ni mon cœur même ne saurait concevoir combien c’est chose grande. Car ce n’était pas chose terrestre, mais spirituelle.
Quand ils furent tous assis, ils entendirent approcher un bruit de tonnerre, si prodigieux qu’ils crurent que le palais allait s’écrouler. Et voici qu’entra un rayon de soleil qui fit la salle sept fois plus claire qu’elle n’était auparavant. Ceux qui étaient là furent comme s’ils étaient illuminés par la grâce du Saint Esprit, et commencèrent à se regarder les uns les autres : tous, grands et petits, étaient silencieux. Lorsqu’ils furent demeurés longtemps, sans que nul d’entre eux eût pouvoir de parler, à s’entre-regarder comme bêtes muettes, le Saint-Graal parut, couvert d’une pièce de soie blanche ; mais personne ne put voir qui le portait. Il entra par la grand-porte et, dès qu’il y eut pénétré, la salle se remplit de bonnes odeurs comme si toutes les épices de la terre s’y fussent épandues.
Nul jamais ne m’ôtera d’ici, sinon celui au côté duquel je dois pendre. Et celui-là sera le meilleur chevalier du monde.
[Inscription sur le perron dans lequel l’épée est fichée]
C’est le plat dans lequel Jésus-Christ mangea l’agneau avec ses disciples le jour de Pâques. C’est le plat qui a servi à tous ceux que j’ai jugés mes bons serviteurs. C’est le plat que jamais un mécréant ne vit qu’il n’en fût accablé. Et parce que ce plat fut au gré de toutes bonnes gens, on l’appelle le Saint-Graal.
Cette Quête n’est point quête de choses terrestres mais doit être la recherche des grands secrets de Notre Seigneur et des mystères que le Haut Maître montrera ouvertement au bienheureux chevalier qu’il a élu pour son sergent entre les autres chevaliers terriens ; il lui découvrira les merveilles du Saint-Graal et lui fera voir ce que cœur mortel ne pourrait penser, ni langue d’homme terrestre prononcer.
On peut mesurer aisément toute la distance qui sépare notre intelligence de l’âme de celle que possédait le Moyen Age ; il suffit pour cela de mesurer l’étrange ignorance où nous sommes du mal inhérent à notre nature. Lorsque nous découvrons soudain sa puissance, nous demeurons stupéfaits. Nous ne pensions pas que tout cela fût caché dans l’homme. Les médiévaux le savaient exactement. Ils vivaient comme dans la compagnie familière de la faiblesse ou de la méchanceté de la nature ; mais aussi ils savaient lui faire face, la combattre et la confesser.
-Préface-
Après cette table, il y eut encore la Table Ronde établie selon le conseil de Merlin et pour une grande signifiance. On l’appelle Table Ronde pour désigner par là la rondeur du monde, et le cours des planètes et des astres au firmament ; dans les révolutions célestes on voit les étoiles et mainte autre chose, aussi peut-être dire que la Table Ronde représente bien le monde.
Quatre cent et cinquante-quatre ans sont accomplis depuis la Passion de Jésus-Christ ; et au jour de la Pentecôte ce siège doit trouver un maître.
[Inscription sur le Siège Périlleux]
Le Graal représente à la fois, et substantiellement, le Christ mort pour les hommes, le vase de la sainte Cène (c’est-à-dire la grâce divine accordée par le Christ à ses disciples), et enfin le calice de la messe contenant le sang réel du Sauveur. La Table sur laquelle repose le vase est donc, selon ces trois plans, la pierre du Saint-Sépulcre, la table des Douze Apôtres, et enfin l’autel où se célèbre le sacrifice quotidien. Ces trois réalités, la Crucifixion, la Cène et l’Eucharistie, sont inséparables, et la cérémonie du Graal est leur révélation […].
-Préface-