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Critiques de Fethi Benslama (8)
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La Psychanalyse à l'épreuve de l'Islam

LE CORAN AU RISQUE DE LA PSYCHANALYSE.

Un musulman psychanalyste lacanien analyse le Coran dans un ouvrage bien documenté mais difficile à lire pour un non initié. Quoiqu’il en soit, j’ai trouvé quand même des voies de réflexions intéressantes dans l’ouvrage :

-Sur l’slamisme radical : contrairement aux idées reçues, loin d’être un simple retour du religieux, il est plutôt la manifestation désemparée de la décomposition de la religion et de sa recomposition dans une nouvelle idéologie totalitaire moderne : le national-théo-scientisme. En effet le processus de mutation du monde islamique se déroule dans des conditions historiques sociales et politiques d’une toute autre nature que celui qui s’est opéré pour l’Europe : mode d’entrée dans la modernité marquée par la violence coloniale, rapidité foudroyante des processus de transformation et de l’idéologie économique liée au développement, rareté des œuvres qui éclairent le présent et prospectent l’avenir.

-Dieu n’est pas le Père : la conception du fils est divine ou du moins mêlée à Dieu aussi bien pour Jésus que pour Isaac. En effet, au moment de la naissance de ce dernier, Abraham est centenaire et Sarah est stérile. Alors que pour Ismaël, il s’agit plutôt d’une insémination sexuelle avec mère porteuse ayant Abraham comme père réel. C’est la raison pour laquelle en Islam on ne parle jamais de Dieu le Père. « Ismaël est enfant de la chair, Isaac enfant de la promesse »

D’ailleurs, pour Saint Paul, il y a d’un côté la filiation judaïque par le nom du père, et de l’autre côté la filiation islamique par la race. Dans l’islam, la sainteté n’est pas dans la Sainte Famille mais dans la construction du temple par le père et le réconciliés qui fondent la religion vraie.

-Le sacrifice du fils : comme pour Abraham où un bélier est substitué à l’enfant (fête de l’Aïd) le Coran suggère que l’on on aurait pu substituer un sosie du Christ (un larron ou Judas) pour la crucifixion.

-La position de la femme : Hagar, répudiée par Sarah, n’a pas sa place dans le Coran où elle n’est connue pendant longtemps que comme mère d’Ismaël. Bien plus, à l’intérieur même de l’islam, la dispute s’installe entre Musulmans arabes et non en arabes, ces derniers se prévalant d’une ascendance abrahamique par Isaac. La femme est marginalisée et sa dignité symbolique ne se conçoit qu’en tant qu’intermédiaire qui achemine dans sa chair la forme du Père vers le fils. Dans certain passage du Coran, elle est « tromperie piège ruse et artifice qu’il faut masquer démasquer maîtriser.

-Le voile : l’imam Ali, gendre et successeur du prophète, considère la femme comme un mal nécessaire, mal dont la puissance opère particulièrement dans le champ visuel : « les regards jetés sur les atours féminins sont des flèches de Satan »aurait-il dit. Le voilement relève alors d’une opération théologique d’emballement de la femme pour la neutraliser. « Le voile est la barre sous laquelle la femme devient un signifié invisible et inaudible ; dans sa forme canonique qui ne laisse entrevoir aucune parcelle de la peau, il réduit toute femme à une entité anonyme et indifférenciée en tant que personne. »

Enfin, certains évoquent le troisième œil (reptilien) au sommet du crâne , dont la glande pinéale serait le vestige, et qui serait susceptible de regarder Dieu en face directement c’est à dire avec impudeur, d’où le voilement. Mais je n’ai certainement pas tout compris : des phrases comme « le dévoilement est un mouvement qui fait advenir une décision dans la subjectivité indécise de l’homme.» me restent complètement imperméables!
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Soudain la révolution ! : De la Tunisie au mo..

La lecture de la révolution de Fethi Benslama ne vise pas à l’exhaustivité. L’auteur traite surtout de la matérialité des subjectivités. Même s’il ne le cite pas, le surgissement du possible, la force intempestive de l’événement, me fait penser à Walter Benjamin.



« Il s’agit d’un essai court, qui vise à approcher à analyser des moments que l’on pourrait qualifier de ”scènes d’éclat”, qui conduisent des sujets à sortir ensemble de l’image et de l’imaginaire dans lequel le règne oppressif les a enfermés longtemps, pour débouler dans le réel politique. »



Contre une vision qui fixe ou pétrifie les réalités, l’auteur analyse les mouvements et contradictions qui rendent possible l’événement « C’était en réalité un blocage apparent, derrière lequel grouillaient pourrissements et régénérations, décompositions et recompositions. » Il revient longuement sur les circonstances du suicide par le feu de Mohammed Bouazizi « Il faut donc souligner que l’effet de destitution radicale sous-jacent à l’autodestruction, résulte de la conjugaison d’atteintes qui relèvent de plusieurs logiques oppressives : de classe, d’autorité et de sexe, même si ce dernier élément se présente à rebours. » Il poursuivra avec un chapitre sur « Le martyr, transformation d’un modèle ».



La force, le souffle du livre tient à l’exposition du désir d’avenir « qui prend dans ses filets des brides de la possibilité de l’impossible », de la transformation de ce « devenir inaperçu ». Contre une projection rectiligne vers le futur, l’auteur rappelle cependant « Mais la réouverture du jeu est un événement si redoutable que les sujets qui l’ont désirée et opérée vont se trouver exposés à des situations inconnues devant lesquelles ils ne disposent pas nécessairement des ressources adéquates pour les affronter ».



« Un déluge est à venir

Et la parole est captive

Un déluge est à venir

Et désertée la parole vive

L’ignorance rend aveugle et la parole vive

Est toute de lumières

Toutes les prisons périssent

Toutes les prisons sont sacrilège. »



Deux dernières strophes d’un poème de Basset Ben Hassan, mis en ligne sur le site Alawan le 10 mai 2010, traduit par Hager Bouden et reproduit, dans son entièreté à la fin de l’ouvrage



Un petit livre qui devra être complétée par l’analyse du rôle des différents groupes sociaux, des organisations syndicales, des groupes féministes, des collectifs locaux, des mots d’ordre, des formes politiques d’autorganisation, etc.
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Soudain la révolution ! : De la Tunisie au mo..

Dans un style clair, l'auteur commence par une analyse originale de l'action de Bouazizi et sa reprise dans le territoire tunisien puis dans le reste du monde arabe . A partir de références psychologiques, l'auteur propose, d'une certaine manière, le portrait d'une société en revenant aux motifs de la révolte.
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Le saut épique

Le psychanalyste Fethi Benslama s'interroge sur les ressorts psychiques qui peuvent transformer un sujet jusqu'à le faire basculer dans ce qui devient une épopée qui le mène jusqu'à la mort.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Soudain la révolution ! : De la Tunisie au mo..

Le printemps arabe en Tunisie, départ de la révolution du peuple vers les autres pays du monde arabe, selon le regard de l'auteur sous l'angle de la psychanalyse.



Plutôt inhabituel mais il me paraît intéressant de regarder la révolution de la Tunisie sous cet angle-là.



Il s'agit d'un livre d'un peu plus de cent pages, plutôt accessible à tout lecteur avec une pointe de notions de sociologie politique.
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Soudain la révolution ! : De la Tunisie au mo..

Voici un livre très court, mais pas si facile à lire, car l'auteur utilise des tournures de phrase pas toujours simples : il n'est pas toujours facile à suivre ! Ici, pas de décorticage politique ou de relevé pointilleux des événements, non, ce que l'auteur nous propose, c'est sa réflexion philosophique sur les raisons du soulèvement du peuple tunisien, qui, selon lui, trouvent leur source dans la montée d'un désespoir tel, que les Tunisiens ont eu peur de perdre leur sentiment d'humanité. Un désespoir dont l'immolation de Bouazizi a été le déclencheur, la goutte d'eau en trop, l'horreur suprême qu'il n'était plus possible de supporter. Un ouvrage intéressant, qui offre un pan de réflexion différent, un peu à l'écart du brouhaha des médias.
Lien : http://surlestracesduchat.bl..
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Le saut épique

Dans « Le Saut épique », le psychanalyste Fethi Benslama décrit trois formes particulières de conversion à l’autodestruction.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Le Jihadisme des femmes. Pourquoi ont-elles..

Ce livre est une tentative réussie pour expliquer pourquoi de jeunes femmes et adolescentes ont rejoint ou tenté de rejoindre la Syrie et les troupes de Daesh.



Le livre se base sur des analyses de faits d'actualité, des témoignages et d'autres écrits pour comprendre comment des femmes peuvent en arriver là.



Se dire que volontairement des jeunes femmes vont aller se jeter dans les bras de ceux qui pensent d'elles que "la tête de la femme, c'est la vulve de son vagin" (dixit l'imam Abou Ishaq al-Houeini en 2011) et se dire qu'une fois là-bas elles vont être traitées comme des princesses par leur(s) prince(s) révèle à tout le moins leur crédulité.



Mais comme l'expliquent très bien le psychanalyste et le sociologue que sont les auteurs, il n'y a malheureusement pas que de la crédulité mais bien parfois de la cruauté aussi, telles ces femmes d'Al-Khanssa qui géraient les maisons dans lesquelles étaient séquestrées les yézidies, proies sexuelles des combattants de Daesh.



D'autres ingrédients du pourquoi sont à découvrir dans ce livre de cent pages.
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