Vidéo de Frank Lestringant
Un protestant comme Jean de Léry témoignera sur le même sujet d'une audace toute polémique. Le cannibalisme réel des Tupinamba lui servira à discréditer par assimilation le dogme "papiste" de la transsubstantiation. Car les catholiques ne mangent pas seulement de l'homme quand ils le peuvent - et les guerres de Religion en fournissent maint exemple. Ils mangent Dieu lors du sacrifice de la messe.
p. 119
"Bigarrure, se dit aussi des ouvrages d'esprit composez de plusieurs choses qui n'ont aucune liaison, ni relation ensemble. "Les bigarrures du Sr des Accords" ; c'est un livre d'une façon extraordinaire, fait de plusieurs pieces ramassées."
Furetière, Dictionnaire universel
Le corpus des contes et discours bigarrés a une chronologie très resserrée. Les oeuvres qui le composent ont pour la plupart été publiées entre 1580 et 1595. C'est l'époque où paraissent les Essais de Montaigne et cette coïncidence [...] n'est pas uniquement chronologique. La variété sans dessein arrêté relève ici et là du même choix de la discontinuité, choix esthétique mais sans doute aussi philosophique, en écho à l'expérience de dissociation du corps social en proie aux troubles religieux.
Un soir de juin 1898, se promenant avec Ghéon sur les boulevards, Gide s’entend appeler par son nom. C’est Oscar Wilde, à la terrasse d’un café, de retour d’Angleterre où il a purgé sa peine de deux ans de travaux forcés. Gide a connu Wilde plusieurs années auparavant à Paris et en est tombé immédiatement amoureux. Il l’a suivi partout dans les cafés, les restaurants, les galeries, à Montmartre où il l’a accompagné au Mirliton, le cabaret d’Aristide Bruant.
Le plus singulier, dans ce drame de la vengeance frappé au coin de Byron, est sans doute le portrait du "nonchalant Octave", un mélange de spezzatura et de mélancolie. Quand le "chétif enfant", hier inconnu, et pour cause, fait son entrée dans le monde, il fasciné d'emblée l'assistance, hommes et femmes confondus. Ses "beaux yeux bleus", ses yeux secs jettent la stupeur et l'admiration.
Page 102
"Et pourrez, vous sçavans, quelque plaisir y prendre : / Vous, non sçavans, pourrez en riant y apprendre."
Bouchet
La bigarrure ou le discours bigarré, selon Tabourot, n'est pas un patchwork ou un rapiéçage ; c'est un tapis d'orient tissé de divers fils, et même entrelacé d'innombrables pelotes, mais qui possède son unité de facture et présente à l'oeil un dessin d'ensemble.
Le lecteur des contes et discours bigarrés est invité à réfléchir sur les liens que peut entretenir la bigarrure textuelle avec la bigarrure du monde et la bigarrure des homes, puisqu'un honnête homme est avant tout un "homme meslé".
Cette bigarrure n'est pas seulement recherche d 'une plaisante diversité [...], mais collection d'objets contrastés, instruments de cueillette, de classement et de jugement.
Il n'existe pas, a priori, de contradiction insurmontable entre un dessein didactique ou encyclopédique d'une part, et une posture ou une visée récréative de l'autre.