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3.5/5 (sur 7 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : Bologne , le 02/11/1949
Biographie :

Franco Berardi, dit Bifo est un philosophe, auteur, théoricien de la culture et des médias et militant politique italien issu de la mouvance opéraïste.

Il est connu sous le nom de "Bifo" depuis qu'il commença à signer ses peintures abstraites à l'école avec ce nom. Il rejoint le groupe Potere Operaio et s'implique dans le mouvement autonome italien dans les années 1970, notamment depuis la Faculté des Lettres et de Philosophie de l'Université de Bologne, où il enseigne l'esthétique.

En 1970, les éditions Feltrinelli publie son premier livre, "Contro il lavoro" (Contre le travail). En 1975, il fonde la revue A/traverso (1975-1981) qui devient la revue-phare du mouvement créatif bolonais.

En 1976, il est l'un des animateurs de Radio Alice, la première station radio pirate libre en Italie (1976-1978).
En 1977, il fuit Bologne où il est recherché par la police pour incitation à l'insurrection par voie radiophonique, et se réfugie à Paris.

Il retourne en Italie et publie, en 1978, "La barca dell'amore si e' spezzata" (Le radeau de l'amour fait naufrage), et s'installe ensuite à New York, où il participe à la revue Semiotext(e). Il retourne en Italie en 1985 et fonde avec quelques amis TOPIA, un "centre pour l'écologie mentale".

En 1989, après avoir étudié en Californie, il publie le pamphlet "Cyberpunk" aux éditions Synergon. En 1991, il écrit et joue dans le film "Il Trasloco" de Renato De Maria.

Il s'est toujours intéressé à la relation entre mouvement social anticapitaliste et communication indépendante.
Il est le cofondateur du site Rekombinant (2000-2009), net-zine pour l'autonomie du travail cognitif, et de Orfeo Tv, en 2002, la première Telestreet italienne.

page Facebook : https://www.facebook.com/franberardi
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
L'éthique était autrefois fondée sur la proximité de l'autre. Un comportement éthique impliquait nécessairement un sens de la solidarité, un sentiment d'appartenance à une communauté, à un territoire et un destin communs, et tendait vers la quête commune d'un futur commun.
Mais qu'arrive-t-il quand la compétition devient la forme générale de toute relation sociale, que la perception des autres devient désincarnée, fonctionnelle et purement pratique ? Qu'arrive-t-il quand toute relation devient fondamentalement précaire ?
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La culture moderne et l'imaginaire politique ont mis l'accent sur les vertus que sont la jeunesse, la passion et l'énergie, l'agressivité et la croissance. Le capitalisme repose sur l'exploitation de l'énergie physique, et le sémiocapitalisme sur l'assujettissement de l'énergie nerveuse de la société. La notion d'épuisement a toujours été anathème dans le discours de la modernité, du Sturm und Drang romantique, de la pulsion faustienne d'immortalité, jusqu'à l’inassouvissable soif de croissance économique et de profits, et le déni des limites physiques. La croissance n'est pas qu'un phénomène économique, c'est aussi un concept culturel lié à la vision du futur comme une expansion infinie.
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Le capitalisme financier est fondé sur un processus continu de déterritorialisation qui propage la peur parmi ceux qui ne peuvent supporter la précarité de la vie quotidienne et la violence du marché du travail. Cette peur déclenche à son tour une reterritorialisation agressive chez ceux qui cherchent une forme d'identité manifeste et un sentiment d'appartenance tangible, parce que le sentiment d'appartenance offre un semblant d'abri, une forme de protection. Mais l'appartenance est une projection illusoire de l'esprit, une sensation trompeuse, un piège. Puisque l'appartenance ne peut être démontrée de façon concluante que par un acte d'agression envers l'autre, l'effet combiné de la déterritorialisation dans le domaine du capitalisme financier et de la reterritorialisation dans le royaume de l'identité mène à un état de guerre permanent.
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Le soir du 15 novembre 2015, alors que je rédigeais ce texte, au même moment, à Paris, le diable, armé de kalachnikov et bardé d'explosifs, s'est matérialisé dans la salle de concert du Bataclan remplie de jeunes réunis pour danser et écouter de la musique.
Mais le diable n'existe pas. Ce qui existe, par contre, c'est le capitalisme et un désespoir diffus qui prend de plus en plus souvent une forme suicidaire. Cent ans d'humiliation culturelle ont fait naître le monstre du terrorisme islamiste, et deux siècles de violence colonialiste ont creusé un abîme de haine qu'on ne peut plus combler.
D'innombrables conflits s'entremêlent dans le bourbier de cette guerre fragmentée qui se globalise, mais le plus décisif à long terme, est le conflit postcolonial qui oppose des masses d'opprimés qui ne connaissent plus internationalisme ni l'espoir, à un Occident qui n'a d'autre culture que le cynisme. L'Europe se montre incapable de faire face à la gigantesque vague migratoire provoquée par la guerre, alors que le terrorisme suicidaire frappe de plus en plus souvent, abattant les digues de la tolérance et de l'universalisme.
« Colonialisme, exploitation, guerres. Tout cela est en train de se retourner contre nous », a dit à la télévision italienne un homme qui cherchait ses fils près du Bataclan, pendant cette nuit qui risque de changer nos vies. Et au milieu des fleurs déposées par les passants et les endeuillés, un billet écrit à la main : « Vos guerres. Nos morts », ce slogan que nous avons répété mille fois il y a dix ans, lors des immenses manifestations pacifistes qui appelaient à stopper la guerre que préparait l'Occident. Mais Bush et ses alliés ont bombardés Bagdad, avec les résultats que l'on constate aujourd'hui.
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On peut certes expliquer le terrorisme contemporain en termes politiques, mais cette grille d'analyse ne suffit pas. Ce phénomène, parmi les plus effrayants de notre époque, doit avant tout être interprété comme la propagation d'une tendance autodestructrice. Bien entendu, le chahid (le martyr ou le terroriste suicidaire) agit pour des raisons politiques, idéologiques ou religieuses en apparence. Mais sous ce vernis rhétorique, la motivation profonde du suicide, son déclencheur, est toujours le désespoir, l'humiliation et la misère. Pour celui ou celle qui décide de mettre fin à ses jours, la vie est un fardeau insupportable, la mort la seule issue, et le meurtre l'unique revanche.
La récente vague d'agressions à l'arme blanche en Palestine occupée prouve que les raisons de ces assaillants ne sont ni politiques ni religieuses. Il y a un tel déséquilibre entre l'arsenal des troupes de Tsahal et les lances-pierres ou les couteaux des Palestiniens, qu'on ne peut élucider le comportement de ces derniers sans avoir recours à une explication assez peu politique. Ce qui pousse ces jeunes hommes et ces jeunes femmes à agir, c'est le désespoir provoqué par la violence totale des occupants, par l'humiliation culturelle continuelle, et par les conditions d'oppression et de misère que le fascisme israélien leur impose.
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En 1977, une vague massive de suicide chez les jeunes frappe le Japon. Le chiffre officiel : 784 jeunes suicidés.
A la fin des vacances d'été, cette année-là, 13 élèves de primaire se tuent coup sur coup. Ce geste, d'une gratuité et d'une inintelligibilité déconcertantes, provoque un tollé national : aucune raison ni motivation apparente ne le justifie. Les mots manquent cruellement pour les adultes qui s'inquiètent pour leurs enfants et qui sont incapables de prédire ou d'expliquer ce qui vient de se passer.
En 1983, un groupe de lycéens assassinent plusieurs personnes âgées, sans-abri, dans un parc à Yokohoma. Lors de leur interrogatoire, les enfants ne donnent aucune justification, si ce n'est que les personnes tuées étaient des obutsu, des choses sales et impures. Comme dans les mangas, qui commencent à s'imposer comme lecture de masse, l'ennemi n'est pas mauvais, il est sale. La propreté, débarrassant le monde des « déchets », de ce qui est indéfini, trouble, poilu et poussiéreux, ouvre la voie aux surfaces numériques parfaitement lisses. La séduction érotique se détache progressivement du contact sexuel, jusqu'à devenir une stimulation esthétique pure. C'est au Japon que les premiers symptômes de cette tendance se manifestent. Et nous sommes en 1977.
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Contrairement à ce qui sous-tend la majorité des discours bien-pensants, il n'y a pas à choisir entre l'insécurité de la modernité néolibérale et les régressions vers les fausses sécurités du passé – choix étriqué qui nous condamne à préférer la peste au choléra. Le retour des intégrismes va strictement de pair avec les progrès de l'absolutisme sémiocapitaliste : les premiers viennent naturellement étayer la précarité existentielle creusée par le second.
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Au temps de Freud, l'environnement était essentiellement répressif, et les passages à l'acte prenaient la forme de gestes répétitifs et compulsifs. L'acte compulsif faisait partie d'une structure névrotique de déni et de refoulement. Aujourd'hui, la structure psychotique de l’hyper-simulation et la mobilisation permanente de l'énergie nerveuse poussent les gens, surtout les jeunes gens influençables, marginalisés et précarisés, à une forme différente de passage à l'acte : une démonstration explosive d'énergie, une mobilisation violente du corps qui s'achève avec l'explosion agressive et meurtrière du moi.
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L'identité, c'est l'affirmation de soi par l'agression, un concept psychopolitique dont la fonction est d'assurer la cohésion d'un corps social qui a perdu la solidarité et la conscience. Ainsi, quand les ouvriers n'ont plus conscience de leurs intérêts communs, ils ne s'unissent qu'en tant que Serbes ou Croates, Israéliens ou Palestiniens, Blancs ou Noirs. Comme ils ont perdu la guerre sociale, ils se préparent pour d'autres guerres, plus sanglantes et dépourvues de sens universel.
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Car le spectre du suicide hante tout notre modèle civilisationnel, à l'ère d'un anthropocène en surchauffe climatique : c'est tout le culte dément de la "Croissance" qui creuse notre tombe environnementale, firmes et États conspirant assidûment à accélérer le développement du cancer capitaliste qui ravage notre grand corps malade planétaire - car le cancer se caractérise bel et bien par une croissance incontrôlée, illimitée, et donc suicidaire.
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