Citations de François-Xavier Maigre (30)
Le vent me dit
que tu portes souffle
Le vent me souffle
que tu portes vie.
A flanc de berge ou contre toi
légère est la brume
qui soigne nos silences
Nous n'avons pas fini
de nous connaitre
et de lancer nos vies
Loin devant
loin devant
Comme des galets ronds
dans l'eau verte du soir.
Retour de reportage
Hier encore,
j'écoutais cette fille de Syrie
ne sachant ni lire ni compter
mais apte à contrefaire
de ses lèvres menues
le fuselage sourd
qui éventra sa chambre
J'ai voulu suivre son père
entre les bâches et les cartons
nous avons erré autour du camp
comme deux bêtes
puis nous nous sommes assis
sans dire un mot
près de l'azur accusateur
Mes enfants je suis de retour
quelle heure peut-il être
j'abandonne besace et poussière
sur la pointe des pieds
pour ne pas vous réveiller,
et le silence de la nuit parisienne
m'est insupportable.
(Revue Arpa)
Chêne blanc,
Toi, l'être le plus lucide
qu'il m'a été donné
de connaître
Bloc de solitude
où remonte la source
Se taire
et demeurer
C'était cela, vivre.
Les lignes de ta main ( extrait)
A flanc de berge ou contre toi
légère est la brume
qui soigne nos silences
Nous n'avons pas fini
de nous connaître
et de lancer nos vies
Loin devant
loin devant
Comme des galets ronds
dans l'eau verte du soir.
Je voyage léger
nu au-dedans
dépouillé au plus intime
avec rien - et moins encore -
oh ! J'avance
cela m'est suffisant
Prière pour un loup
Le froid s'accroche aux persiennes
la lune inonde ma tanière
loup, j ai beau avoir vieilli
et ne plus croire en tes sortilèges
j'ai beau savoir que nos forêts
ne voient plus ton pelage argenté
briller sous les étoiles
à l'heure où faiblit l'opaline
il est doux de rêver
que tu rôdes encore
dans l'enfance de mes nuits.
On se cramponne
à tout ce qui scintille
à cette part d'enfance
gravée au revers des ombres
Et à tout ce que la nuit
porte de nous-mêmes.
Le vent, les klaxons
la procession des souffles rauques
Une bourrasque me harponne avec fureur
ici commence
la langue noire des solstices.
Ainsi se perpétue
l'enfance du monde
L'allégeance aux choses simples
la pulsation d'autres que soi
font de nous le ferment
de l'aube après l'aube
L'alibi du retour
pour la fatigue des saisons.
Premier soleil de juin
à cru sur nos rétines
Et l'odeur des pelouses
pour me perdre à ton bras
Au pluriel, à la chance
à nos ombres fertiles
Il est beau
d'être aveugle
lorsque c'est avec toi.
Le monde
[... ]
dont nous ne savons rien
[...]
nous le possédons
marron frileux tombé de l'arbre
au creux de notre paume.
Je titubais
dans l'oeil de ma tempête
quand j'eus vent de ton regard.
Notre voyage nous a mené à travers l'arrière-pays normand. Notre océan fut celui des champs, notre houle celle du vent dans les blés, nos phares ces clochers effilés qui s'offrent au regard passager.
L'enclos secret de nos vacances
veille son propre oubli
blotti contre l’hiver
vasque de silence
sous un rideau d’averses
Passer le long couloir
où le temps s’épanche
comme pluie battante
dans le tamis
des volets fossiles
Frôler le galbe des tomettes
avant que d’autres pas
demain ne les piétinent
avant que l’objet
ne redevienne chose
Avant que tout ne soit soldé
fouiller un instant encore
les miettes de l'enfance
- cette disparue
qui hurle tout bas.
Les personnes avec un handicap mental n'ont certes pas les moyens de développer leur intelligence rationnelle. Elles disposent en revanche d'un cœur assoiffé de rencontre… Toutes désirent trouver le bonheur. Ni plus, ni moins. Ici, elles se savent acceptées et aimées avec leurs faiblesses et leurs qualités, libres d'être elles-mêmes et de se réjouir de la vie. Et moi, je me laisse entraîner.
Rencontrer la différence, œuvrer sans cesse à bâtir des ponts et non des murs.
Quand l’âge mûr
sera sur toi
Tu seras familier
de presque tout
Mais sauras-tu
reconnaître encore
L’aile des anges
qui bordent la route?
Une rame
un Wagon
deux passagers
C'est la première fois? La première.
Vous n'êtes pas d'ici. Pas vraiment
Qui vous l’a dit ? Vous m'avez souri.
Une rame
un wagon
deux passagers
C'est la première fois ? La première.
Vous n'êtes pas d'ici. Pas vraiment...
Qui vous l'a dit ? Vous m'avez souri.