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Citation de KATE92


KATE92
05 septembre 2015
Dan regarda sans les voir les trophées alignés sur les étagères de la vitrine. Il les avait trop souvent détaillés pour y être encore sensible. Toute la carrière de son père s’affichait là, bien en évidence, proclamant la gloire d’un champion.

Un ancien champion, ce qui rendait la chose à peine plus supportable. Durant près de dix ans, Gabriel Larcher s’était illustré sur les circuits, se mesurant avec succès aux plus grands pilotes de l’époque. Certains disaient qu’il avait eu la chance de trouver l’écurie providentielle et les bons sponsors, d’autres murmuraient qu’il avait eu de la chance tout court car il s’était parfois comporté comme une tête brûlée.

Dan soupira et se détourna. Être une tête brûlée lui semblait un terme assez flatteur. Certes, à l’époque de son père, courir en Formule 1 était encore plus dangereux qu’aujourd’hui, les règles strictes de sécurité ne s’étant peu à peu mises en place qu’au fil des accidents mortels. Gabriel était connu pour prendre des risques et en infliger aux autres. En se faisant un nom, il s’était fait des ennemis. Cependant, à tort ou à raison, il demeurait un grand vainqueur et les gens se souvenaient de lui. Dan avait voulu suivre ses traces, marcher dans ses pas, hélas il n’y était pas parvenu et il ne se remettait pas de cet échec.

Pourtant, qu’avait-il à se reprocher ? De n’avoir pas été assez fou, assez doué ? Il s’était donné à fond, parfois même surpassé, mais ça n’avait pas suffi. Était-ce donc si difficile de réussir ? Pouvait-on accuser le mauvais sort, la pluie, les mécaniciens, les pneus ? Le pilote n’était qu’une partie d’un tout. Néanmoins, quelques-uns parvenaient à se distinguer, y compris au volant d’une voiture médiocre. Parfois, une ascension fulgurante prouvait que, malgré tout, l’homme comptait autant que la machine, quoi qu’en pensent les ingénieurs.

Dan s’éloigna de la vitrine, agacé d’être resté planté là. Personne n’aurait compris qu’il expédie toutes ces coupes au fond d’un placard, pourtant il en mourait d’envie. Son père aurait pu les conserver chez lui, toutefois les exposer ici avait un intérêt commercial. En les découvrant, les clients restaient bouche bée ou bien hochaient la tête d’un air entendu. Le nom de Larcher était un sésame chez les mordus d’automobile. Dan songea avec amertume que sa propre sœur contribuait au prestige de la famille puisqu’elle parvenait à gagner des rallyes. Sa petite sœur ! Heureusement, son frère, Nicolas, avait fait d’autres choix, la vitesse et le bruit des moteurs ne l’ayant jamais intéressé.

Il quitta le hall d’accueil et gagna le parking balayé par un vent glacial. Alors qu’il rejoignait sa voiture, Valentine arriva au volant de la sienne.

— Dan, Dan ! hurla-t-elle, agitant un bras par la fenêtre.

À peine arrêtée, elle se rua sur lui.

— Tu n’as pas vu ma course d’hier ? Je t’ai envoyé la vidéo, tu ne vas pas en croire tes yeux !

— Je l’ai regardée en arrivant ce matin.

— Alors ?

— Tu as été brillante…

— C’est tout ? Papa m’a téléphoné pendant un quart d’heure, il avait plein de choses à me dire. Pas toujours gentilles, mais tu le connais.

— Bien sûr, soupira-t-il.

Puis, devant l’air déçu de sa sœur, il s’empressa d’ajouter :

— Bravo, ma puce. Je le pense sincèrement. Et ton copilote est formidable, ne t’en sépare jamais.

— Hors de question, on s’entend trop bien. Tu déjeunes avec moi ? Je t’invite pour fêter ça ! J’ai appelé Nick, il est d’accord, alors pour une fois on sera tous les trois ensemble.

L’enthousiasme de Valentine était communicatif, comme son sourire.
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