Se décoloniser, c'est faire l'effort de relier les points qu'un ordre établi voudrait qu'on perçoive comme indépendants, alors qu'ils forment, une fois mis en relation, le contour distinct d'un seul et même système qui nous déshumanise, qui que nous soyons.
De la cérémonie du Bwa Kayiman à Haïti en 1791, acte fondateur de la révolution haïtienne contre le pouvoir esclavagiste français, à la Marche pour l'égalité et contre le racisme dans la France de 1983, en passant par l'insurrection malgache de 1947 contre la France coloniale, le congrès des écrivains et artistes noirs qui s'est déroulé en 1956 à Paris, la conférence de Bondung, qui s'est tenue en 1955 en Indonésie, la victoire de Dien Bien Phu au Vietnam en mai 1954, le mouvement des droits civiques de 1954 à 1968...Les Damnés de la Terre, si chers à Franz Fanon n'ont jamais cessé de combattre, de se libérer, de refuser et de jeter bas les masques blancs de leur aliénation. p214
Ue crois qu'il est temps de nous interroger collectivement sur l'environnement culturel aui a entraîné une banalisation telle du racisme que l'on finit par définir la partie la plus insidieuse de son spectre par l'adjectif « ordinaire ».
Notre ignorance de l'histoire du racisme - le fait qu'on croit pouvoir l'expliquer en une ligne sortie du dictionnaire, sans savoir comment il est né, comment il s'est constitué en système - est un problème.
Ce que les bénéficiaires de la domination appellent la cancel culture n'existe pas comme ils l'entendent. Les populations sous domination n'effacent pas quand elles se soulevent, elles jaillissent à dignite humaine pleine et entière en réaction à ce qui vise à leur porter atteinte, du moins c'est leur objectif.
La « tyrannie des minorités »
n'existe pas, ce sont les puissants qui oppriment.