Frédéric Amat

Tout ce que vous avez (peut- être) toujours voulu savoir sur le Cambodge sans jamais oser le demander, ou plutôt, sans avoir pu trouver un interlocuteur éclairé et éclairant...

A peine 185 pages, couverture très souple, aucune photo, ce petit livre n'est en aucun cas un guide touristique, mais si vous voulez vous renseigner avant de partir, il saura, vous apprendre des tas de choses, et surtout dépoussiérer toutes les idées reçues qu'on peut avoir sur ce pays.

Dates historiques, politique, économie, tourisme, prostitution, jeunesse, design, religion, croyances, histoire, place de la femme...

Neufs experts bousculeront votre conception du pays.

Utile, facile à lire et intelligent, que demander de plus...

Merci aux éditions TukTuk ( Quel joli nom ! ) et à Babelio pour sa Masse Critique pour ce voyage en terre inconnue ....



( Pour la petite anecdote... : quand j'ai ouvert le colis, le livre était enveloppé dans une page d'une publicité pour un magasin de sport . J'ai cru à un message pour que je sois plus assidue à ma salle de sport ... mais mon fils m'a dit que c'était pour l'écologie, je préfère ça ;-))

Selon le magazine "Futura Planète", plus de mille espèces ont été décrites par les scientifiques dans la région du Grand Mékong, dont certaines considérées comme disparues depuis plusieurs millions d'années. Mais ce n'est pas la heteropoda maxima, la plus grande araignée du monde, qui intéresse Frédéric Amat et Pascal Doussot dans leur "Un crapaud dans le Mékong".



C'est de nous faire connaître ce pays singulier à de nombreux points de vue (implantation géographique, histoire, population, culture...), sous forme de roman, dans un mélange de nostalgie d'un certain passé et surtout de profonde sympathie pour le pays et le peuple khmer. C'est clair que Frédéric Amat y a perdu son coeur. Cette partie de l'ancienne Indochine française, cher à Jean Hougron et Graham Greene avant lui.



L'auteur principal, né à Narbonne en 1968, est arrivé au Cambodge dans les années 1990. Il vit à Siem Reap, tout près du complexe archéologique grandiose d'Angkor, a collaboré avec l'agence France-Presse, puis intégré l'agence photos Sygma et est devenu, plus tard, rédacteur en chef, puis directeur de Cambodge Soir Hebdo. C'est dire qu'il connaît ce pays comme sa poche. En collaboration avec Jérôme Morinière, il a écrit "100 questions sur le Cambodge", que j'ai trouvé fort intéressant, et avec Jean-Claude Pomonti "La drôle de vie des expatriés du Cambodge". La critique littéraire Émilie Boulenger a parfaitement résumé ce dernier livre en notant : "Avec humour et ironie, [il] décrit ...les mésaventures des expatriés. Des situations cocasses qui feront rire les anciens et permettront aux nouveaux venus de mieux comprendre le pays". D'après lui, il y a 3 sortes d'expatriés : ceux qui vont à la découverte de l'ancienne et riche culture khmère, ceux qui s'isolent de la population locale pour vivre en communauté française et ceux qui débarquent pour excès en tous genres ( sexuels, alcools et drogues). Ayant roulé aussi ma bosse dans ce coin du sud-est asiatique, j'estime qu'il convient de relativer un peu, dans ce sens que les expatriés en provenance d'autres pays, y mènent une vie comparable à celle des français et pour ce qui est de la triste 3ème catégorie, la situation en Thaïlande voisin, à Pkuhet par exemple, n'est guère mieux.



Aborder la guerre du Vietnam et l'horrible épisode de cet idéaliste fumeux de Pol Pot et ses fanatiques Khmers Rouges m'emmènerait trop loin. Juste une constatation pour mieux pouvoir interpréter l'ouvrage. Ce que fiston Bush avec sa courageuse initiative d'invasion en Irak a réussi, le tandem Nixon-Kissinger l'ont réussi au Cambodge des années avant. Je veux dire qu'il y a beaucoup de similitudes. La désintégration de l'Irak et de la Syrie, la montée de la Daesh et les réfugiés politiques, n'est qu'une répétition (à plus grande échelle ) des bombardements américains du Cambodge, l'arrivée au pouvoir de 1975 à 1979 des Khmers Rouges, les camps des réfugiés et la désintégration de ce pays qui, 38 ans après, ne s'en est toujours pas remis.



Parmi les nombreux témoignages de ce tragique épisode, je me limité ici à deux. 1) de l'institutrice de Dijon, Laurence Picq, mariéé avec un étudiant cambodgien à Paris, qui fera plus tard partie du QG de Pol Pot et voudra divorcer par pureté pour ses idéaux politiques : "Au delà du ciel : 5 ans chez les Khmers Rouges" , de 1984. Signalons qu'elle se sentait obligée de rester à Phnom Penh, tout ce temps, à cause du chantage de son charmant ex, qui lui interdisait de rentrer en France avec ses 2 filles. Comme elle était obligée de travailler pour 'frère n° 3' du régime, Ieng Sary, ministre des affaires étrangères et beau-frère de Pol Pot, elle peut être considérée comme un témoin privilégié. 2) de Molyda Szymusiak :"Les pierres crieront : une enfance cambodgienne 1975-1980" , de 2009. Une histoire vécue et émouvante d'un témoin qui était une gamine de 12 ans quand les diables rouges se sont installés en seigneurs et maîtres,



Je présume que beaucoup d'entre vous ont vu le célèbre film du régisseur franco-britannique Roland Joffė "La Déchirure" (en anglais, "The Killing Fields"), basé sur le témoignage d'un médecin cambodgien, Haing Ngor, qui a également écrit un ouvrage de ses souvenirs "Une odyssée cambodgienne". Ce qui est sympathique c'est que Hollywood lui a décerné, en 1985, l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle. Ce rôle était en fait largement son expérience personnelle. Onze ans plus tard, amère ironie du sort, Ngor fût agressé et tué par un gangster à Los Angeles !



Comme l'approche et le style de MM. Amat & Dousset sont assez spéciaux, je n'ose pas trop vous recommander leur ouvrage. Personnellement, je l'ai aimé. Pour illustrer ce que je veux dire, je vous offre la citation suivante :"Je peux acheter une usine, une banque, une ville, un État même. Je peux corrompre, faire tuer, vous laisser vivre. Je possède des oeuvres d'art qui auraient leur place au Louvre, mais jamais je ne pourrai parler au vent."



Les Éditions du Mékong ont fait de leur mieux pour présenter un ouvrage agréable et artistique, avec en couverture un dessin réussi du cartooniste Stephff et à chaque chapitre un dessin primitif de Sean Yi, une jeune orpheline cambodgienne.

"100 questions sur le Cambodge" n'est pas un guide touristique. Pourtant ce petit recueil de quelques 180 pages qui se glisse aisément dans la poche intérieure d'une veste, vous en apprend beaucoup sinon plus que "le petit futé" ou "Lonely Planet" sur ce petit pays de 10 millions d'habitants au PIB si peu important qu'il correspond à celui d'un département français.

Cette caractérisque a une raison. Elle se nomme les Khmers Rouges dont la folie sanguinaire coûtèrent entre 1970 et 1975 la vie à deux millions de personnes. Un nombre de victimes qui correspond curieusement et dramatiquement à la population actuelle de Phnom Penh, la capitale dont le nom est aussi délicat à prononcer ou à postillonner que difficile à écrire sans faire de fautes.

S'il fallait définir le Cambodge, deux mots suffiraient. Ceux d'Angkor et de Pol Pot. Le premier désigne la cité antique qui toucha au sublime avec une civilisation qui s'étendait, selon les spécialistes sur près de 2000 kilomètres carrés avec un réseau hydraulique sophistiqué qui en faisait le plus grand empire du Monde à son apogée au XIIe siècle, désormais inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO. Un site qui accueille plus d'un million de visiteurs par an. Le second côtoie l'horreur puisqu'il est le bourreau qui commanda ou délégua l'extermination de 70% des intellectuels du pays et le génocide de l'ethnie Cham d'obédience musulmane.

Ce petit livre est une perle de culture. Il apporte beaucoup de réponses aux interrogations que les personnes intéressées se posent sans pour autant prendre un parti pris néfaste. Frédéric Amat et Jérôme Morinière les co-auteurs ont vécu de longues années au Cambodge. Le premier y vit toujours à Siem Reap, apportant ses témoignages avisés de journaliste à diverses publications après avoir été rédacteur en chef de Cambodge Soir Hebdo. Tous deux se sont adjoint l'aide de nombreux experts nationaux ou étrangers - ce qui offre une pluralité et une authenticité dans les analyses et les observations - dans une multitude de domaines, de la politique économique et sociale, à la géopolitique, en passant par l'archéologie, l'anthropologie, l'architecture, l'urbanisme, les arts, les finances, le tourisme, l'histoire dont sont détaillées en fin d'ouvrage les dates principales...

La récente explique que le Cambodge, nation attachante à la population jeune (35 ans de moyenne d'âge) voulant oublier les affres du passé, a pris un retard immense sur ses voisins dans tout ce qui touche principalement à l'économie (salaire moyen aux alentours de 120 dollars) et au tourisme. Mais le Khmer qui a une perception très spéciale de l'espace et du temps est fier. Et ses vertus ancestrales lui permettront de retrouver un jour... ou l'autre, à moyenne ou longue échéance l'évolution, la dimension que ce peuple mérite.

Le Cambodge est souvent un pays que l’on cherche à résumer. Résumé historique : l’empire rayonnant autour des sites d’Angkor et le régime des Khmers Rouges. Résumé géographique : les visites touristiques se limitent majoritairement aux sites d’Angkor - en extension d’une visite express du Vietnam du Nord au Sud - et à Phnom Penh comme base de retour vers son pays d’origine.

Au-delà de ces quelques clichés que savons-nous du Cambodge ? Bien peu de choses finalement si l’on compare ce pays aux voisins thaïlandais et vietnamiens.

Pourtant, tout comme avec le Laos, la France a tissé un lien étroit avec le Cambodge. Il est pourtant relativement difficile de trouver des informations sur le pays tel qu’il est en 2020.

100 questions sur le Cambodge de Frédéric Amat et Jérôme Morinière relève le défi d’ouvrir les portes du pays à travers une série de question claires et précises posées à de nombreux experts. Les neuf spécialistes sont en fait des femmes et des hommes qui vivent au Cambodge et le connaissent parfaitement. Cette deuxième édition, parue en 2019, traverse de nombreux champs de vie du pays. L’art, la culture, l’économie, la place des femmes dans la société, les manières d’être et de faire, autant de thématiques qui font entrer dans le cœur du pays.

Le lecteur est immergé dans la société cambodgienne et découvre un peuple qui ne peut se résumer à quelques périodes ou lieux. Bien entendu la civilisation angkorienne et la période du Kampuchéa démocratique sont abordées, mais là encore sous un angle novateur.

La lecture de 100 questions sur la Cambodge, alliée à celle de Cambodge, un monde d’esprits de Philip Coggan (aux éditions Gope également), vous feront découvrir un pays sublime, une société qui mérite mieux qu’un simple résumé en quelques mots.

La magie de ce livre est de pouvoir se lire d’un trait mais également de pouvoir s’y replonger régulièrement car sa richesse reflète la complexité de la société cambodgienne.

Un livre à garder près de son chevet pour découvrir encore et encore ce pays et ce peuple inspirant. Une lecture indispensable à toute personne qui souhaite découvrir le fascinant Cambodge.

L’avant-propos de ce petit ouvrage résume parfaitement sa louable ambition : parler du Cambodge autrement qu’à travers les Khmers rouges et Angkor, soit les deux sujets qui monopolisent depuis des années la matière éditoriale consacrée à ce royaume multiforme, devenu une destination touristique de choix pour des millions de touristes depuis les années 2000. Pari tenu.



D’abord publiés dans le défunt Cambodge Soir Hebdo entre 2008 et 2010, les billets d’humeur qui en forment la matière s’emploient donc à cerner la physionomie d’un pays dont la mutation a fini par filtrer de toutes parts d’une trop longue convalescence. D’un côté, une vitalité économique, qui peut compter sur la jeunesse du pays, volontaire et curieuse de ce monde où elle fait ses premiers pas, mais particulièrement démunie de repères. De l’autre, un niveau de vie qui peine à augmenter et des inégalités sociales de plus en plus criantes, aggravées par un contexte de libéralisme économique à tendance impitoyable.



Les cent questions posées par les auteurs à neuf experts du Cambodge et les réponses de ceux-ci sont autant d’ouvertures souvent inédites sur un monde khmer vu de l’intérieur, qui « sans noircir le tableau, ni l’enjoliver », parviennent toujours à l’élargir. Parmi eux, le père François Ponchaud ou l’architecte Pascal Royère, des responsables d’ONG, une urbaniste ou un démineur éclairent les mille recoins de l’âme khmère au cours d’une plongée touffue, concrète et passionnante.



On passe donc naturellement d’une question profonde à une question légère, d’un éclaircissement sur un point d’économie à un autre sur un trait culturel. On y apprend pourquoi les jeunes filles cambodgiennes conduisent leur vélo avec les paumes vers le haut ou pourquoi une mère se met en colère contre son bébé lorsqu’il sourit dans son sommeil… Mais aussi que le Cambodge n’a jamais été, malgré la gravité du problème, « le pays le plus miné au monde », ou encore que le site d’Angkor est dépourvu de structure scolaire pour ses enfants après le primaire. Pas de quoi éclaircir l’horizon des petits vendeurs ambulants qui y poursuivent les touristes au milieu des ruines grandioses. Ni décourager, tant s’en faut, ceux qui ont compris que l’avenir du Cambodge passait par l’éducation.



Geoffroy Caillet

Enfants du Mékong Magazine
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