Vous avez raison de montrer Verlaine tel qu'il était et comme je le vis.
On l'a trop souvent représenté les coudes sur une table de café, devant un verre d'absinthe ...
La nouvelle se répandit promptement.
Les amis et les admirateurs accoururent.
Maurice Barrès fut le premier qui vint.
Après avoir contemplé quelques instants le calme visage enfin reposé du Maître qu'il avait aimé, il jeta autour de lui un regard mélancolique et lointain et s'approcha de la table où quelques-uns des livres de Verlaine étaient épars.
Il choisit un de ces volumes (un Sainte-Beuve) qu'Eugénie Krantz lui permit d'emporter à titre de souvenir ...
Nous n'avons fait jusqu'ici que montrer les beaux côtés de la vie d'hôpital, les détails pittoresques qui amusaient le grand enfant qu'était demeuré Verlaine.
Il nous reste à présent à parler de ces heures sombres où, sous les assauts du désespoir, de la maladie et de l'ennui, le courage pourtant robuste du vieux poète faillit bien des fois sombrer ...
Le cercueil disparut sous le flot montant des roses, des lilas et des oeillets, fleurissant de leurs gerbes la mortelle dépouille du pauvre Lélian, et l'enveloppant comme d'un immense bouquet.
Toute impression funèbre disparaissait : Verlaine entrait déjà dans la gloire ...
Quant aux malades de cette salle, ils aimaient et respectaient trop Verlaine, pour commettre la félonie d'une dénonciation.
Celui qui se serait rendu coupable d'une pareille forfaiture eût été mis à l'index et "boycotté" comme un simple "renard" (dirait-on aujourd'hui) et peut-être assommé à coups d'urinal ...
Foin des convenances, on est des décadents !
"Toutes les maladies que j'ai, avouait-il, je les ai bien méritées. Je puis faire mon mea culpa. J'ai brûlé ma vie, et c'est tant pis pour moi !"
Foin des convenances, on est des décadents !