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Citations de Frédéric Michelet (16)


Dans la cour, un policier au visage grêlé tenait un flambeau. Devant ces deux hommes, me pressant en pleine nuit, je pris peur que l’affaire ne fut autrement grave. Que me reprochait-on pour m’enlever en pleine nuit ? Allait-on me jeter au cachot ? Je repassais dans ma tête toutes mes actions des jours passés qui auraient pu entraîner cette disposition, mais je ne trouvais rien de plus reprochable que le côtoiement de Bailly, Sieyès et quelques autres personnes devenues des personnalités en vue. Le sergent nous devança à grands pas et nous conduisit à un fiacre qui attendait devant la porte cochère de la rue Mouffetard. Tandis que l’homme au flambeau prenait place au côté du cocher et ébranlait l’équipage, je me tournai à nouveau vers mon mentor en quête de paroles, mais devant son visage hermétique, je me serrai contre la paroi, l’entendement secoué par une peur irraisonnée. Il m’avait posé des questions sur ma sœur Anne. Il s’agissait de ma sœur ! Ma petite sœur Anne ! Que pouvait-il lui être arrivé ? Elle ne méritait point la vigilance de la police. Elle était mariée depuis plus d’une dizaine d’années avec un homme de très bonne condition, l’avocat Jacques Henri Lantelme. Je n’aimais point cet homme, trésorier et homme de loi qui conseillait le précédent surintendant des finances du royaume, monseigneur de Loménie de Brienne.
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Ne tenait-il pas sa boutique de façon trop aimable, laissant son commis Antoine et ses apprentis travailler à leur guise ? Leur parlant presque comme s’ils étaient ses proches et non de vils employés ? Jamais son père n’aurait permis un tel comportement. Il fallait montrer de la puissance et de la domination si l’on voulait se faire obéir avec célérité et rendement. Mais Joseph n’avait-il pas raison lorsqu’il refusait que l’on donnât le fouet à un enfant ?
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je me pris à maudire ce siècle qui permettait de tels agissements. Les femmes sous le boisseau, offertes en pâture aux hommes, les enfants dressés tels des chevaux ou des chats sauvages. Les manifestants brûlés au fer et envoyés mourir aux galères. Je serrai les poings, ivre de colère envers les hommes, la police et les gouvernements. Les phrases de Jean-Jacques Rousseau me revinrent soudain en mémoire : « L’homme est né libre, et partout il est dans les fers. 
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— Vous avez dû apprendre que, pour la cérémonie d’ouverture à l’église, le 4 mai, tout semblait se passer au mieux. Les premières journées étaient offertes à la paix et à l’espoir, mais bien vite les choses se sont gâtées. Dès le lendemain, le Tiers-État, que l’on avait fait entrer le premier dans la salle des Menus Plaisirs, avait occupé les rangs de devant. On les fit reculer comme de la valetaille sans aucun ménagement. Déjà, de grands mots furent lâchés, on entendit des tirades contre le luxe de la Cour tandis que le pays comptait tant de malheureux. Un député fit une allusion aux sommes allouées à la construction du Petit Trianon de la reine Marie-Antoinette. Tout le Tiers applaudit à cette tirade. Ce fut une véritable foire ! Pendant ce temps, le roi et la reine, entrés séparément mais tous deux dans le silence et non point sous les acclamations, faisaient l’un, semblant de sommeiller, l’autre, de ne point entendre.
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En cette matinée du 14 juin, les rues bruissaient d’affairement. Des cris et des appels se répondaient de bas en haut de la rue. Les marchands et les colporteurs exhibaient leurs marchandises comme si, en ce début d’été, le temps ne s’était point suspendu dans la salle des Menus Plaisirs de Versailles. Je me fis la triste réflexion que ces vaines querelles de procédure ne pouvaient pas être l’affaire du peuple, car Versailles était bien loin et les nouvelles annoncées dans La Gazette, le Mercure et les libelles des députés n’étaient point à la portée de la populace. Bien peu d’entre nous savaient lire et écrire. Mais nous ne pourrions être libres, comme le souhaitait Jean-Jacques Rousseau dans son précieux Émile, que lorsque chaque enfant de ce pays et de toutes les nations recevrait une gracieuse instruction.
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Pauvre enfant ! Je repensai à Grellier qui talochait usuellement ses enfants, à l’oncle de Dourdan qui frappait d’importance et je me pris à maudire ce siècle qui permettait de tels agissements. Les femmes sous le boisseau, offertes en pâture aux hommes, les enfants dressés tels des chevaux ou des chats sauvages. Les manifestants brûlés au fer et envoyés mourir aux galères. Je serrai les poings, ivre de colère envers les hommes, la police et les gouvernements. Les phrases de Jean-Jacques Rousseau me revinrent soudain en mémoire : « L’homme est né libre, et partout il est dans les fers. ». Nous ne pouvions rester immobiles devant tant d’injustice, devant tant de misères. Mais que pourraient les États généraux ? Allaient-ils changer le statut des hommes ? Pour cela, il faudrait bien plus qu’une assemblée qui passait des heures à discourir. 
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La constitution délicate des femmes est parfaitement appropriée à leur destination principale, celle de faire des enfants ! Sans doute la femme doit régner à l’intérieur de la maison, mais elle ne doit régner que là. Partout ailleurs, elle est déplacée !
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Frédéric Michelet
Ne tenait-il pas sa boutique de façon trop aimable, laissant son commis Antoine et ses apprentis travailler à leur guise ? Leur parlant presque comme s’ils étaient ses proches et non de vils employés ? Jamais son père n’aurait permis un tel comportement. Il fallait montrer de la puissance et de la domination si l’on voulait se faire obéir avec célérité et rendement. Mais Joseph n’avait-il pas raison lorsqu’il refusait que l’on donnât le fouet à un enfant ?
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Tandis que l’homme au flambeau prenait place au côté du cocher et ébranlait l’équipage, je me tournai à nouveau vers mon mentor en quête de paroles, mais devant son visage hermétique, je me serrai contre la paroi, l’entendement secoué par une peur irraisonnée. Il m’avait posé des questions sur ma sœur Anne. Il s’agissait de ma sœur ! Ma petite sœur Anne ! Que pouvait-il lui être arrivé ? Elle ne méritait point la vigilance de la police. Elle était mariée depuis plus d’une dizaine d’années avec un homme de très bonne condition, l’avocat Jacques Henri Lantelme. Je n’aimais point cet homme, trésorier et homme de loi qui conseillait le précédent surintendant des finances du royaume, monseigneur de Loménie de Brienne.
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Dans la cour, un policier au visage grêlé tenait un flambeau. Devant ces deux hommes, me pressant en pleine nuit, je pris peur que l’affaire ne fut autrement grave. Que me reprochait-on pour m’enlever en pleine nuit ? Allait-on me jeter au cachot ? Je repassais dans ma tête toutes mes actions des jours passés qui auraient pu entraîner cette disposition, mais je ne trouvais rien de plus reprochable que le côtoiement de Bailly, Sieyès et quelques autres personnes devenues des personnalités en vue. Le sergent nous devança à grands pas et nous conduisit à un fiacre qui attendait devant la porte cochère de la rue Mouffetard.
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- Ah, vous voilà couvert vous aussi de préjugés. Pensez-vous qu'il suffit de n'être point noble pour se parer de toutes les vertus ? Il n'y a pas qu'à la Cour que règne le fumet de l'hypocrisie.
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Oui, l'Histoire ne peut être qu'engagée et ne peut que souligner les luttes et les combats garants d'un avenir plus radieux.
Un monde sans espoir ne peut être qu'un monde stérile, mort ...
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Face à ces 2400 années, nous n'avons pas le dessus.
Alors nous prenons le dessous !
En descendants bâtards des fous des rois, en fouteurs tout à trac et ludiques, nous fouissons la mémoire collective, faisons feu de tout roi, nous jouons des clichés colportés, lançons oeillades iconoclastes, accouplons fous rires et gravité, filons d'instants d'éclats à silences en suspens ...
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...
Il faudrait multiplier les écoles,les chaires, les bibliothèques, les musées, les théâtres, les librairies. Il faudrait multiplier les maisons d'études où l'on médite, où l'on s'instruit, où l'on se recueille, où l'on apprend quelque chose, où l'on devient meilleur; en un mot, il faudrait faire pénétrer de toutes parts la lumière dans l'esprit du peuple; car c'est par les ténèbres qu'on le perd.

Victor Hugo
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L'expérience et l'Histoire nous enseignent que peuples et gouvernements n'ont jamais rien appris de l'Histoire, qu'ils n'ont jamais agi suivant les maximes qu'on aurait pu en tirer ...
(Georg Wilhelm Friedrich Hegel "la raison dans l'Histoire")
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Par ces temps-ci où les forces désincarnées et débridées du capitalisme mondialisé nous bernent à qui mieux mieux, sur fond d'attaques meurtrières de dézingués du ciboulot se réclamant d'Allah, l'humain se défigure.
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