Citations de Frédéric Rey (22)
Il vous revient que je suis un bon maître. Il me revient à moi que vous enseignez avec paresse et éloignement. Habitez votre fonction et votre âme cessera d'être insatisfaite. Voici deux citations pour vous y aider. la première est de Montaigne : "Enseignez un enfant ce n'est pas remplir un vase, c'est allumer un feu." L'autre est de je ne sais qui, peut-être de moi : "Pour que les classes soient passionnantes, il faut des maîtres passionnés."
Il fallait être une mère pour trouver ce temps de la tendresse qu'aucune horloge ne mesure.
Elle raconta sobrement sa nuit, à contrecœur, sans jamais se mettre en avant ni manifester de haine ou de frayeur.
- Il y a cette famille dans le village. Il faut quand même que vous sachiez que ce sont des coquins. Mais ici, ses coquins, on se les garde, comme on garde ses vieux, ses filles-mères, ses fous. Ils font partie du village presque autant que les autres. Nous gardons nos tares sous nos yeux toute notre vie. Ça nous rend modestes.
La traduction sociale du sentiment d'égalité lui paraît une fumisterie. Le bonheur ne se propage pas dans ces eaux là et il n'est attentif qu'au bonheur qui n'est, selon lui, rien d'autre que le pur fruit de l'instant qui passe.
« Comment être assez grand pour concevoir, dessiner et réaliser tant de beauté ? » se demandait Michel-Ange. Ce qu’il reprochait à la foule, c’était de n’avoir pas un regard pour ses monuments, d’être, parmi eux, comme truie dans une cour de ferme.__
Il n'ose rien dire, mais seulement faute de savoir parler convenablement le français face à ce parleur universel. En patois, les mots n'existent pas pour dire des choses subtiles et sentimentales. Son patois, dérivé de la langue d'oc, lui apparaît pour la première fois comme le fidèle cri de sa terre, un cri coloré, vulgaire, que la pauvreté générale a maintenu pauvre et agressif.
Michel-Ange se souvenait de sa stupéfaction quand il avait entendu Mainardi parler de sa femme. Il s'était écrié : "Marié ? Pour quoi faire ? "
Monna Margherita le fit manger et boire. Il n'avait ni faim ni soif. L'affection, la bienvenue passaient par l'offrande de la nourriture et palliaient la pauvreté des mots et la timidité des gestes.
Personne ne suffit à personne.
As-tu pensé à l'odeur, malheureux enfant ? Sur tous ces gens qui se présentent pour poser, combien se lavent ?... Savez-vous que quelques-uns ne lavent que la partie de leur corps que je mets à l'étude ?
Pourquoi l'homme est-il fait d'or et d'ordure ?
Leur art les simplifiait tous, les rendait meilleurs. Il était le lieu d'une communion absolue et généreuse, il effaçait les contours abrupts des origines et des ambitions.
Il était heureux et il souffrait de bonheur.
Les brimades sont du même ordre que la torture.
Dieu a créé les plis et les nuages pour ceux qui ne sauront jamais peindre.
« Ce qui me trouble, Monna Alessandra, c’est que la douceur n’émeut pas davantage votre petit fils que la violence » « Qu’est-ce qui peut bien le toucher ? » s’était demandé la vieille dame. Personne, malgré ses dessins, n’avait pensé à la beauté.
- Tu as parlé de la pierre et du métier. Tu n’as pas parlé des gens.
- On ne parle pas des gens qu’on aime. On les garde au chaud dans son cœur.
(...)
Quant on a la chance d'être aimé, on vit cette chance à l'écart, au chaud, au secret. Tout amour qui s'exhibe est un amour condamné.
Personne n’est jamais devenu grand dans son art en état d’ignorance. Ceux chez qui un don éclatant ne s’est pas accompagné d’études ont dû s’y mettre précipitamment, parfois âgés, et avec quelles difficultés !
Le respect est le mauvais compagnon du désir.
Buonarroto : C’est par hasard que j’ai trouvé le rouleau de dessins de Michel-Ange. J’ai aussitôt reconnu l’équipe de bûcherons qui approvisionne le menuisier du rez-de-chaussée. J’ai compris ce jour-là que l’art ne consiste pas à reproduire la réalité. A partir d’hommes médiocres, mon frère dessinait l’espèce. Il me semblait toujours partir du détail le plus réussi comme chaque être en possède, même le plus laid.