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EAN : 9782080646316
341 pages
Flammarion (08/01/1992)
3.71/5   7 notes
Résumé :
Un jeune instituteur laïque, perdu dans un village de l'Ardèche en 1891 : beau et équivoque, il bouleverse la vie des femmes et des garçons qui espèrent l'exaltation terrestre.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Si ce roman a obtenu en 1985 le Grand Prix des lectrices Elle, c'est que sans conteste, le lectorat féminin est tombé sous le charme du héros Antoine.

Nous sommes en 1890 et la nomination de ce jeune instituteur va perturber la vie des habitants du village de ce haut plateau ardéchois. Beau comme un dieu, blond comme les blés, propre comme un sou neuf et libre comme l'air, monté sur son cheval, déjà par son apparence physique, il détonne. Mais en plus son comportement va scandaliser tous ces paysans plutôt rustres quand il va s'attacher d'abord à ceux que le village a mis au rencart : Mélanie, la vieille solitaire, Janine, la fille-mère, véritable incarnation du péché et Régis, le jeune voyou taciturne.
Par son attitude pleine d'humanité cachée sous un orgueil de façade et sa nouvelle façon d'enseigner à ses élèves (il instaure la mixité dans sa classe), il va ouvrir les yeux de certains et faire tomber les jugements erronés... au moins le temps d'une saison. Imaginez, au cours d'un goûter organisé pour fêter les réussites au certificat d'études, il va rapprocher les ennemis héréditaires à savoir faire asseoir sur le même banc les partisans de l'école laïque et ceux de l'école libre.

Et bien moi non plus, je ne suis pas restée insensible aux charmes du bel Antoine. Dans ce livre qui est plus qu'un simple roman du terroir, Frédéric Rey fait la part belle aux sentiments. D'une écriture très travaillée, tantôt charnelle, tantôt poétique, il nous offre un superbe contraste entre ce jeune homme aux idées progressistes, symbole de liberté et de bonté face à l'immobilisme de ces paysans empêtrés dans leurs traditions qui tournent parfois à la superstition. Une petite originalité, le récit est interrompu par la correspondance échangée avec la jeune institutrice du village voisin, tombée elle aussi dans les filets de notre héros mais trop préoccupée par le "qu'en dira-t-on" pour séduire pleinement notre "métrou".

Ce n'est plus le genre de littérature que j'affectionne actuellement mais j'accorde tout de même 3,5 étoiles soit 14/20.

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Un grand romancier méconnu.
Ce roman a l'apparence des romans de terroirs, il nous parle du terroir haut Ardéchois à une époque où la paysannerie était toute puissante (en 1891) et pourtant c'est la personnalité d'Antoine qui occupe les 34O pages de ce livre que je qualifie de chef-d'oeuvre.

Tout est peut-être dit au bas de la page 11, mais de manière mystérieuse: "A Privas, un mois plus tôt, le Préfet, son oncle a dit à Antoine: Tu n'as pas la foi, mais tu veux faire le missionnaire. Eh bien, va enseigner les petits Ardéchois les plus sauvages, ceux du plateau qui savent à peine parler sinon trois mots de patois. Je te préviens, ce sera dur. Dur avec les gens, dur avec le pays. Mais, puisque c'est ça que tu cherches....Je n'accepterai pas que tu tiennes en deçà de l'année scolaire, ni au-delà, c'est une affaire entendue !"

Et de fait Antoine qui a une vingtaine d'années atterrit dans un village doté d'une école publique, certes, mais que ses élèves ont désertée pour l'école des soeurs; Qui plus est cette école occupe le premier étage d'un bâtiment au rez de chaussée de laquelle, une vieille folle élève des chèvres. Sa patience et son mode d'enseignement lui feront regagner les élèves au détriment de l'école libre, malgré le plancher pourri de la classe que le Maire ne se résout à réparer que de mauvaise grâce. Il se lie d'amitié avec une vieille un peu originale "Mélanie" qui a comme Antoine une certaine philosophie de la vie. Mais pour ce jeune homme qui ne va pas à la messe du dimanche, c'est le respect qu'il éprouve à l'égard du vieux curé, un peu alcoolique, et l'application, voir le rappel à certaines brebis confites en dévotion, des enseignements du Christ qui va intriguer"Tu ne Jugeras point".

Au risque de faire jaser, Antoine se lie d'une amitié à la hauteur de la détresse qu'il devine chez le jeune Régis qui a son âge, fils pauvre et maltraité d'un couple de bandits notoires du village, chez lequel il a senti la condamnation des exactions de sa famille. Il n'hésite pas non plus à retirer Janine, une fille-mère, dont à l'occasion il s'occupe du bambin, mais sans négliger la mère toutefois...Et enfin il entretient une relation épistolaire aigre-douce avec "trois pommes" une institutrice d'un village voisin qui souhaiterait une relation pleine de convenances...

Bref un cocktail explosif qui donne à voir des moeurs paysannes de cette région et à cette époque (très proches de celles de la Haute-Auvergne) et la patience d'Antoine en redresseur de torts. Mais si le temps imparti à Antoine sera assez long pour amener les habitants du village à ses poser des questions sur leurs propres comportements il sera cependant trop court pour ceux plus intimes qu'il a réussi à sortir de leur condition. Si j'avais pu j'aurais mis six étoiles.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il vous revient que je suis un bon maître. Il me revient à moi que vous enseignez avec paresse et éloignement. Habitez votre fonction et votre âme cessera d'être insatisfaite. Voici deux citations pour vous y aider. la première est de Montaigne : "Enseignez un enfant ce n'est pas remplir un vase, c'est allumer un feu." L'autre est de je ne sais qui, peut-être de moi : "Pour que les classes soient passionnantes, il faut des maîtres passionnés."
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Elle raconta sobrement sa nuit, à contrecœur, sans jamais se mettre en avant ni manifester de haine ou de frayeur.
- Il y a cette famille dans le village. Il faut quand même que vous sachiez que ce sont des coquins. Mais ici, ses coquins, on se les garde, comme on garde ses vieux, ses filles-mères, ses fous. Ils font partie du village presque autant que les autres. Nous gardons nos tares sous nos yeux toute notre vie. Ça nous rend modestes.
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Il n'ose rien dire, mais seulement faute de savoir parler convenablement le français face à ce parleur universel. En patois, les mots n'existent pas pour dire des choses subtiles et sentimentales. Son patois, dérivé de la langue d'oc, lui apparaît pour la première fois comme le fidèle cri de sa terre, un cri coloré, vulgaire, que la pauvreté générale a maintenu pauvre et agressif.
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La traduction sociale du sentiment d'égalité lui paraît une fumisterie. Le bonheur ne se propage pas dans ces eaux là et il n'est attentif qu'au bonheur qui n'est, selon lui, rien d'autre que le pur fruit de l'instant qui passe.
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