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Critiques de Frédérique Trimouille (8)
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L'île plastique

Court roman écrit dans une langue captivante dont on a envie de retenir toutes les formules, L'île plastique est à la fois une fable moderne, une tragédie familiale et un roman initiatique.



Une fable moderne : l'île pourrait exister, mais elle a été réinventée et elle offre à l'histoire un cadre clos et contenant (avis aux amateurs de psychanalyse...). Elle abrite un microcosme, concentré d'humanité, modèle réduit du monde du 21ème siècle, avec les mêmes clivages sociaux et ethniques que nos sociétés. Elle est personnifiée : mère nourricière, son sol est un corps, et il a une âme, qui contemple l'agitation de ses personnages et les replace avec indulgence dans un sens qui dépasse les existences humaines. Elle est reliée au continent par un bras de mer que certains personnages traversent, mais pas d'autres... Bref, l'île est un lieu fantasmatique. Ce qui s'y passe pourrait se passer près de chez nous, mais nous pouvons aussi fantasmer que tout reste dans ce monde distinct où nos comptes sont réglés pour que nous, nous puissions vivre.



Une tragédie familiale : plusieurs générations coexistent. Les ancêtres pèsent trop lourd dans la dynastie d'hommes et si certaines femmes les aident à briser le cercle, d'autres y sont entraînées avec eux jusqu'à endosser le rôle le plus tragique. Traumatismes, non-dits, identifications mortifères, retour violent du refoulé : les forces à l'oeuvre travaillent à notre insu et à l'insu des personnages, puis elles se dénouent, dans le drame ou la renaissance. L'auteure nous entraîne sur les traces de destins brisés en nous frappant au coeur par des formules parmi lesquelles chacun en découvrira qui entrent en résonance avec son être intime : « Sylvestre n'avait jamais su qui étaient ses parents, il lui semblait que leur consistance intérieure était gazeuse », « Adon portait Orus et Orus écrasait Adon »...



Un roman initiatique : on suit plusieurs personnages sur leur chemin pour surmonter le poids de l'héritage familial et le transcender en faisant des choix qui les dépassent - nouvel usage de l'usine familiale, nouveau regard sur l'histoire de l'île, nouveau regard sur l'histoire de sa population. Et le plus jeune d'entre eux, dont il n'est question qu'à la fin, mais qui est le porteur de toute l'histoire qui l'a précédé, trouve le moyen de réunir son passé familial métissé et douloureux, et l'histoire métissée et douloureuse de son île. Oui, un roman initiatique, et une très belle invitation à chercher, nous aussi, des moyens de replacer notre vie dans le fil de son passé, quel qu'il soit, pour qu'elle puisse avoir un avenir.
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Les mots d'Esther

Une poésie en prose.

Un livre qui ne se lit pas mais qui se déguste.

Esther et Abel forment un couple très uni et amoureux. Mais lors d'une sortie en bord de mer Abel disparaît étrangement. Esther le cherchera toute sa vie, à la mer, à la montagne. Il était sa raison d'être et jamais elle ne le revit.

Ce roman porte bien son titre car les mots sont à eux seuls le principal ingrédient de ce livre, et pas des moindres ! Des mots qui reflètent la force de leur amour, la souffrance de la séparation, la recherche de l'autre, l'avant, le pendant, l'après, les enfants, les petits enfants mais aussi les parents d'Esther, d'Abel.

Et puis ces paysages qui se mêlent, paysages méditerranéens de toute beauté, on se sent transporté sur ces endroits si bien dépeints au travers des mots d'Esther.

Et ces lettres que rédige Abel pour Esther qui traduisent si bien son calvaire, son enfermement, les amitiés qu'il rencontre, toutes ces lettres écrites dans son petit carnet qu'il conserve précieusement pour Esther.

Et une chute étonnante et inattendue.

Ce récit est un hymne à l'amour, les mots se suivent et s'enchaînent avec beaucoup d'harmonie, les chapitres se mêlent et s'entremêlent Esther, Abel….Abel……Esther … une attente sans fin, un cauchemar, de la souffrance, de l'espoir, du rêve. C'est comme un chant d'amour qui vient nous enchanter.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Frédérique Trimouille, une écriture poétique, un vocabulaire riche, le récit m'a non seulement émue mais par moment son écriture m'a enchantée, m'a fait rêver. J'ai vraiment lu un poème plus qu'un roman.

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Les mots d'Esther

C'est l'histoire d'un amour fou : jeunes, Esther et Abel se sont aimés passionnément. Aujourd'hui, Esther est l'arrière-grand-mère d'une lignée de filles : et lui ?⠀

 ⠀

C'est aussi l'histoire d'un amour perdu, construite autour du mystère de la disparition d'Abel pendant des années de dictature. Malgré sa dureté, ce fil conducteur opère comme un nuage sur lequel vient se poser un long cri d'amour doublé d'une ode à la beauté du monde. le dénouement est inattendu, mais il prend le lecteur une dernière fois à la gorge lorsqu'il se rend compte qu'il l'avait sous les yeux depuis le départ, sans le voir.



Ce livre l'illustre de manière éclatante : le besoin que nous avons de la beauté n'est pas la cerise sur le gâteau d'une pyramide qui considère la nourriture ou l'air que nous respirons comme des besoins qui passent avant elle, mais l'inverse. La beauté est la matière dont nous sommes faits, et ce qui aide à rester en vie en dépit du désespoir. "Oh mon amour, je crois que mon exil a un sens"… Dès que l'imaginaire s'éveille dans l'émerveillement face à la splendeur quotidienne du monde, l'humanité peut revenir même dans les recoins les plus sombres.

 ⠀

Rarement un livre est écrit avec une poésie qui s'impose avec une force aussi incroyable, rarement une histoire donne autant de profondeur et de densité à l'idée que vivre, c'est aimer et, au travers de l'amour, continuer de voir la beauté malgré l'absurdité, la douleur, l'absence et le deuil. Croyez-moi, Esther, Abel et Eole vous accompagneront longtemps après avoir refermé ce livre, véritable coup d'éclat de l'auto-édition dans ce qu'elle peut offrir de meilleur et de plus bouleversant. Alors, allez-vous vous laisser tenter ?
Lien : https://www.20minutes.fr/art..
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La toile

La toile raconte une histoire sur trois générations - le nombre qu'il faut pour fabriquer la folie, paraît-il. De fait, on suit trois petites-filles diversement fragiles, leur mère qui a vu se répéter un traumatisme déjà vécu par la grand-mère, Mamité, cadenassée dans son malheur... une famille de femmes, dont les hommes sont absents parce qu'une malédiction semble planer sur eux... Au rythme d'une écriture à la fois très entraînante et très littéraire, l'auteure nous fait vivre avec ses personnages qui vont, sur quelques mois, dénouer leurs entraves.



Mais alors, de quelle toile parle le titre ?



Est-ce celle de l'auteure ? Bien sûr. Frédérique Trimouille est peintre et lorsqu'elle écrit, on comprend enfin de l'intérieur ce que c'est qu'être peintre. C'est être au monde en relevant toujours les impressions colorées et en associant ces couleurs aux souvenirs, puis soudain, restituer tout le chemin parcouru sous forme de taches colorées sur une toile. Le point culminant du livre, c'est le moment où Clara peint : dans toutes ces couleurs avec lesquelles elle "joue", on reconnaît le violet de la mer dans la tache originelle de la toile, le turquoise d'une broderie dans la tache qui fait repartir le jeu qui s'essoufflait, le vert de la lumière bretonne dans celui qui contraste les souvenirs qui sont exprimés consciemment. On sait alors que cette toile, c'est sa vie.



Ce jeu de correspondances ne fait rien d'autre qu'illustrer le procédé du livre tout entier, qui déploie une histoire où les destins des personnages, d'abord apparemment disjoints (leur lien familial mis à part), se rejoignent, s'imbriquent et se révèlent au fur et à mesure qu'on apprend à les connaître. On lit une histoire, leur histoire, on la comprend, et on comprend aussi que son sens profond, c'est celui des liens entre eux, de la manière où ils se tissent ou pas, de la manière dont ils se disent ou pas. Il en est donc dans La toile comme dans la vie, bien sûr ; mais c'est toujours à notre insu que ces associations nous constituent, et il faut l'éclairage de l'art pour que nous puissions les voir. Une histoire particulière, un sens universel...



Mais alors, La toile, n'est-ce pas la nôtre, celle sur laquelle chacun de nous projette ce sens, son sens ? Évidemment. Finalement, peu importe l'histoire que raconte La toile de l'auteure : en la lisant, elle devient la nôtre, de la même façon qu'en regardant un tableau, il devient ce que nous y voyons. Moi, j'ai lu avec passion, me laissant porter jusqu'à ce que mes larmes jaillissent lorsque Mamité dénoue le noeud qui entravait sa famille, parce que c'est un noeud de la même nature (malgré son contenu différent), que j'ai besoin de dénouer en moi. Et vous ?
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L'île plastique

J’ai beaucoup aimé ce petit roman très dense et je remercie Netgalley et les Editions Librinova pour ce partenariat très apprécié. L’écriture fluide, le vocabulaire très riche, la poésie de ce texte et l’importance de la nature m’ont immédiatement fait penser à Colette. Je suis étonnée qu’il soit si peu connu et j’espère contribuer modestement à le faire découvrir à d’autres lecteurs.



Ce livre peut se lire à différents niveaux. Le premier nous raconte l’histoire de la famille Besson, en particulier des trois frères qui gèrent successivement l’usine de chaudronnerie familiale créée bien longtemps auparavant par leur grand père Hyppolyte. On les suit des années 1960 à 2040. Pierre l’ainé a été élevé pour reprendre l’usine et la vielle maison de la famille, toutefois son destin bascule en 1962. Il rentre traumatisé de la guerre de Mamlouk, sa conception du monde en est bouleversée et il finit par se jeter du haut d’une falaise. Jean, plus jeune d’une année, reprend sa place, y compris dans le lit de Lydia, la fiancée de Pierre. Ils se marient et ont trois enfants, dont Sylvestre le cadet qui jouera un rôle important dans l’histoire. La famille n’est pas heureuse, le tourisme de masse envahit l’Ile aux mousses, l’industrie métallurgique décline dangereusement et Jean sombre dans la dépression, jusqu’au drame.



L’Ile aux Mousses, vous connaissez ? Et la guerre de Mamlouk ? Non bien sûr. On peut voir dans cette « sale guerre qui ne dit pas son nom » et qui a eu lieu dans les années 1950-60, la guerre d’Algérie. D’ailleurs il y a une forte immigration mamloukéenne sur l’île ce qui entraîne du racisme lorsque l’économie est en crise et aboutira au drame. L’Ile aux Mousses c’est évidemment notre civilisation qui part à la dérive, notre société passée de l’artisanat à l’industrie lourde, puis au déclin actuelle de cette dernière. Le tourisme de masse détruit l’ile peu à peu, seul compte le profit immédiat. Les forces politiques sont le reflet de ce qui se passe en France et ailleurs en Europe, avec des Bleus de différentes nuances qui gouvernent, le racisme et la violence ordinaire s’y développent à mesure que l’économie capote, l’immigré devient le bouc-émissaire de notre malaise. Si l’on pouvait douter du caractère de fable symbolique de ce texte, les prénoms des personnages nous prouvent qu’on est en pleine mythologie, il y a Hyppolyte, Tyché, Lotus, Mariam, Mol(o)ch, Adon(is) et Noé, ce qui donne une portée universelle à ce conte moderne. Hypomée n’est pas une déesse grecque malgré son nom, mais une belle fleur bleue, quant à Sylvestre, il incarne parfaitement son rôle de génie de la nature, il désire protéger la forêt et la mer.



L’île est aussi personnifiée et parle de ses « lilliputiens » avec le recul nécessaire. Le mot plastique du titre est également à double sens, il désigne à la fois la matière qui étouffe la nature et sa faculté de résilience. Comme les Besson se relèveront après le drame, l’ile saura s’adapter et ne pas se réduire à une décharge à ciel ouvert.



Une très belle lecture que je vous recommande chaleureusement.

#LîlePlastique #NetGalleyFrance
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Les mots d'Esther

Dès le prologue je suis submergée par cette plume magnifique qui peint un paysage écrasé de soleil – une atmosphère à la Camus dans les Noces – que sillonne la fine silhouette d’Esther, Esther qui attend, Esther qui espère. Elle attend Abel l’amour de sa vie, disparu au bout d’un ponton au cœur des jours sombres. Elle espère, envers et contre tout, avec cette obstination forcenée des amoureux. Au fil des pages nous découvrirons leur histoire.

Ce roman est une poésie écrite à deux voix où Esther et Abel s’appellent et se répondent comme deux faces d’une même réalité. Une histoire d'amour, d'exil jusque sur les lèvres de la folie. De perte, de deuil, de résilience aussi.



Je me suis laissée prendre au piège de cette histoire jusqu’à sa chute magistrale, inattendue et qui était là pourtant, mais que je n'avais pas voulu voir avant.



Une magnifique rencontre que celle de Frédérique Trimouille et de sa plume poétique et sensible.
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Les mots d'Esther

Coup de cœur !!! ♥



Je vous propose d'oublier un temps les sirènes de la rentrée littéraire et de faire un pas de côté pour découvrir sans attendre un bijou de roman.



Le genre de roman qui dès le début de la lecture vous saisit littéralement tant ce que vous lisez est beau. J'ai ralenti ma lecture pour mieux m'imprégner de la musique des mots, pour mieux la savourer. Je me suis laissée emporter et j'ai fait aux côtés d'Esther, un merveilleux voyage grâce à la plume magnifique de Frédérique Trimouille.

Une plume poétique, immersive, sensuelle, fluide qui a fait chavirer mon cœur.



Dans un lieu qu'on imagine méditerranéen, en bord de mer, avec une île en face, c'est l'histoire d'Esther et d'Abel, une très belle histoire d'amour. Pas l'amour possessif qui emprisonne, ni l'amour égoïste et cynique que l'on peut voir décrit ici ou là, non, l'amour véritable qui aide à grandir, à vivre, à survivre. Un phare qui éclaire la nuit de l'absence, qui entretient la flamme fragile de l'espoir. Abel a disparu. Esther le porte en elle au creux de son cœur, au fond de son âme. Les années passent. Et puis il y a ces lettres ...



Une atmosphère envoûtante, un cadre naturel idyllique, des années difficiles pour des raisons que vous découvrirez qui résonnent avec la situation de la planète, des personnages fascinants, une fin renversante qui éclaire l'histoire différemment, tout dans ce roman m'a séduit.



Lisez Les mots d'Esther...❤

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Les mots d'Esther

Le commentaire de Nathalie :

Esther et Abel forment un couple très uni et amoureux. Mais lors d'une sortie en bord de mer, Abel disparaît étrangement. Esther le cherchera toute sa vie, à la mer, à la montagne. Il était tout pour elle, et jamais elle ne le reverra.

Nous suivons cet amour perdu à travers des écrits, des mots, des carnets.

Toutes leurs vies, leurs histoires, celle de leurs parents, celles des gens de leurs villages, la vie d'Esther sans lui, la vie de sa fille Gaïa, les gens disparus autour d'eux.

On vit son amour, son désespoir et son courage de survivre à Abel, pour sa fille, sa petite fille et son arrière-petite-fille. Mais jamais elle ne cessera de se rendre là où il a disparu pour toujours garder espoir.

Un roman sur l'amour fou, la perte, l'absence et la force de l'espoir.

Une plume colorée, poétique, tendre et mélancolique.
Lien : https://lesmilleetunlivreslm..
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