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EAN : 9791026227113
63 pages
Librinova (02/01/2019)
4.75/5   2 notes
Résumé :
Trois frères corsetés dans leur destin d'héritiers. Mais l'héritage se révèle fragile. Le monde de leurs aïeux s'effondre, leur île est rattrapée par le tourisme, le plastique et la violence souterraine.
Evènements et personnages inattendus se conjuguent pour traverser un drame et tenter de réinventer le monde.
La mer, la forêt et le fer rivalisent de présence poétique avec l'île elle-même qui jette un regard narquois et attendri sur ses habitants cour... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Court roman écrit dans une langue captivante dont on a envie de retenir toutes les formules, L'île plastique est à la fois une fable moderne, une tragédie familiale et un roman initiatique.

Une fable moderne : l'île pourrait exister, mais elle a été réinventée et elle offre à l'histoire un cadre clos et contenant (avis aux amateurs de psychanalyse...). Elle abrite un microcosme, concentré d'humanité, modèle réduit du monde du 21ème siècle, avec les mêmes clivages sociaux et ethniques que nos sociétés. Elle est personnifiée : mère nourricière, son sol est un corps, et il a une âme, qui contemple l'agitation de ses personnages et les replace avec indulgence dans un sens qui dépasse les existences humaines. Elle est reliée au continent par un bras de mer que certains personnages traversent, mais pas d'autres... Bref, l'île est un lieu fantasmatique. Ce qui s'y passe pourrait se passer près de chez nous, mais nous pouvons aussi fantasmer que tout reste dans ce monde distinct où nos comptes sont réglés pour que nous, nous puissions vivre.

Une tragédie familiale : plusieurs générations coexistent. Les ancêtres pèsent trop lourd dans la dynastie d'hommes et si certaines femmes les aident à briser le cercle, d'autres y sont entraînées avec eux jusqu'à endosser le rôle le plus tragique. Traumatismes, non-dits, identifications mortifères, retour violent du refoulé : les forces à l'oeuvre travaillent à notre insu et à l'insu des personnages, puis elles se dénouent, dans le drame ou la renaissance. L'auteure nous entraîne sur les traces de destins brisés en nous frappant au coeur par des formules parmi lesquelles chacun en découvrira qui entrent en résonance avec son être intime : « Sylvestre n'avait jamais su qui étaient ses parents, il lui semblait que leur consistance intérieure était gazeuse », « Adon portait Orus et Orus écrasait Adon »...

Un roman initiatique : on suit plusieurs personnages sur leur chemin pour surmonter le poids de l'héritage familial et le transcender en faisant des choix qui les dépassent - nouvel usage de l'usine familiale, nouveau regard sur l'histoire de l'île, nouveau regard sur l'histoire de sa population. Et le plus jeune d'entre eux, dont il n'est question qu'à la fin, mais qui est le porteur de toute l'histoire qui l'a précédé, trouve le moyen de réunir son passé familial métissé et douloureux, et l'histoire métissée et douloureuse de son île. Oui, un roman initiatique, et une très belle invitation à chercher, nous aussi, des moyens de replacer notre vie dans le fil de son passé, quel qu'il soit, pour qu'elle puisse avoir un avenir.
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J'ai beaucoup aimé ce petit roman très dense et je remercie Netgalley et les Editions Librinova pour ce partenariat très apprécié. L'écriture fluide, le vocabulaire très riche, la poésie de ce texte et l'importance de la nature m'ont immédiatement fait penser à Colette. Je suis étonnée qu'il soit si peu connu et j'espère contribuer modestement à le faire découvrir à d'autres lecteurs.

Ce livre peut se lire à différents niveaux. le premier nous raconte l'histoire de la famille Besson, en particulier des trois frères qui gèrent successivement l'usine de chaudronnerie familiale créée bien longtemps auparavant par leur grand père Hyppolyte. On les suit des années 1960 à 2040. Pierre l'ainé a été élevé pour reprendre l'usine et la vielle maison de la famille, toutefois son destin bascule en 1962. Il rentre traumatisé de la guerre de Mamlouk, sa conception du monde en est bouleversée et il finit par se jeter du haut d'une falaise. Jean, plus jeune d'une année, reprend sa place, y compris dans le lit de Lydia, la fiancée de Pierre. Ils se marient et ont trois enfants, dont Sylvestre le cadet qui jouera un rôle important dans l'histoire. La famille n'est pas heureuse, le tourisme de masse envahit l'Ile aux mousses, l'industrie métallurgique décline dangereusement et Jean sombre dans la dépression, jusqu'au drame.

L'Ile aux Mousses, vous connaissez ? Et la guerre de Mamlouk ? Non bien sûr. On peut voir dans cette « sale guerre qui ne dit pas son nom » et qui a eu lieu dans les années 1950-60, la guerre d'Algérie. D'ailleurs il y a une forte immigration mamloukéenne sur l'île ce qui entraîne du racisme lorsque l'économie est en crise et aboutira au drame. L'Ile aux Mousses c'est évidemment notre civilisation qui part à la dérive, notre société passée de l'artisanat à l'industrie lourde, puis au déclin actuelle de cette dernière. le tourisme de masse détruit l'ile peu à peu, seul compte le profit immédiat. Les forces politiques sont le reflet de ce qui se passe en France et ailleurs en Europe, avec des Bleus de différentes nuances qui gouvernent, le racisme et la violence ordinaire s'y développent à mesure que l'économie capote, l'immigré devient le bouc-émissaire de notre malaise. Si l'on pouvait douter du caractère de fable symbolique de ce texte, les prénoms des personnages nous prouvent qu'on est en pleine mythologie, il y a Hyppolyte, Tyché, Lotus, Mariam, Mol(o)ch, Adon(is) et Noé, ce qui donne une portée universelle à ce conte moderne. Hypomée n'est pas une déesse grecque malgré son nom, mais une belle fleur bleue, quant à Sylvestre, il incarne parfaitement son rôle de génie de la nature, il désire protéger la forêt et la mer.

L'île est aussi personnifiée et parle de ses « lilliputiens » avec le recul nécessaire. le mot plastique du titre est également à double sens, il désigne à la fois la matière qui étouffe la nature et sa faculté de résilience. Comme les Besson se relèveront après le drame, l'ile saura s'adapter et ne pas se réduire à une décharge à ciel ouvert.

Une très belle lecture que je vous recommande chaleureusement.
#LîlePlastique #NetGalleyFrance
Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Jean avait grandi avec une armure qui pesait une tonne, chevillée au corps. C'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour ne pas disparaître.
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Il y a une différence entre savoir et savoir de toute son âme.
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Il fallait détourner, transformer cette matière immensément "plastique", immortelle et mortifère.
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Noé choisit plusieurs pierres noires parmi toutes les pierres noires.
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