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4.32/5 (sur 11 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Bucarest , le 01/08/1915
Mort(e) à : Bucarest , le 29/09/2001
Biographie :

Gellu Naum était un poète surréaliste, prosateur et traducteur roumain.
Il a fait parti à côté de Gherasim Luca et Virgil Teodorescu, de la deuxième vague du surréalisme roumain. Quelques titres de sa très riche activité poétique : Le voyageur incendiaire (1936), La Liberté de dormir sur le front (1937), Vasco de Gama (1940), Medium (1945), Le terrible interdit (1945), Le Château des aveugles (1946), Athanor (1968), L'arbre animal (1971).
Il a traduit Diderot, Stendhal, Prévert et Char en roumain.

Source : Wikipédia
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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Gellu Naum
Référons-nous en à Iseut...

Référons-nous en à Iseut du parfait cadenas
parce qu'il existe des jumeaux et que parfois ils ont froid et chantent
comme les oiseaux en italien
entassés dans leur mètre plus ou moins carré

j'avais appris entre-temps qu'Iseut Stella Ferox notre bien-aimée séculaire
était adorée par les adolescents de la planète dans leurs moments de solitude
lorsqu'il n'y a plus dans le monde que le féerique déserteur
j'avais appris qu'elle dormait sur une plage où elle pouvait être reconstituée
et qu'elle brillait à distance comme toute aurore boréale
quelquefois je passais par là coiffée d'un képi formidable à grands boutons en me manifestant vocalement
il y avait là les parades le sable chaud d’Iseut
il y avait là un chien qui s'appelait Aladin il venait vite apportait
et très très haut dans un hélicoptère bleu passait Iseut Stella
elle nous caressait très fort d'en haut
et nous on se pelotonnait dans les touffes

nous rêvions dans les touffes les Managers nous jouaient de la harpe
Iseut Stella ne savait pas que son trépied nous incitait à des hauts faits
(j'avoue que parmi nous il y en avait qui portaient un bas noir sur la figure)
et tout se réduisait à une extase un peu mieux exécutée

ensuite on s'asseyait autour d'une mare petite et ronde on abreuvait les chevaux
on se regardait les uns les autres on pensait à Iseut et à sa chasteté visible à l'œil nu
à ses grands genoux d’où commençaient nos fronts
une barque arrivait quelqu'un en descendait nous disait
dites donc les ingénieurs vous n'avez rien trouvé de mieux que d'abreuver là vos chevaux oui
la chevelure d’Iseut incendiait les cabanes elle débordait sur nos touffes
les chevaux pompaient l'eau ils comprenaient notre nasillement
et dans le peu d'espace libre entre leurs naseaux un vieillard nu faisait la planche

(traduit du roumain par Marina Zamfirescu)
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Gellu Naum
Athanor

(D’un très ancien geste cuit depuis quatre milles ans)
*
Bruissement de la cendre mémoire éteinte du feu
sur les tatouages en calcaire
chemises d’eau limpides entre les sables
vers végétaux contournant les cailloux
vrombissement des seaux tombés dans les puits mais tout cela se passait sous une feuille de plantain
et un bel jour il est sorti pour voir au dessus nous étions assis à côté des échalas
et nos arrache-cœurs s’étendaient vers eux
la fondrière de chaux s’était un peu délabrée
par le brouillard marchaient les menaçants oiseaux du sommeil
nous nous esquivâmes à mesure de nos forces
et lui nous étayait avec ses yeux.
*
traduit du roumain par Tudor Miricã
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De temps en temps

De temps en temps je note

deux-trois mots pour ne pas les oublier

puis dans une corbeille tressée

sur le lit à l’ombre je me couche et j’attends



quelque temps après s’approche quelqu’un

me couvre de ses ailes me chante mes mélodies préférées

s’étonne toute seule « dans quel monde vis-tu »

puis me berce de nouveau nani-nani elle m’irrite

jusqu’à ce qu’il fasse noir que nous soyons prêts pour le soir

et que passe le chien sans tête
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La rive bleue

Dans la chambre parmi les journaux venus de régions lointaines
doux animal homme merveilleux tu t'aimes assis sur le bord
du lit les mains sur les genoux
ou encore libéré de naître et de mourir tu caresses ta joue de pierre ponce
jusqu'à ce que le soleil passe de l'autre côté
près de la radieuse photo du gosse qui fait pipi sur une rive bleue
Alors tout revient tout se regroupe
comme en un brouillard de feu où se refont les choses
parmi les obscures plantations du hasard Tandis que tout près de là
une femme étend avec soin les vêtements de son amant noyé et leur parle
celle-là même qui te cherche dans les ossements noirs des vanesses
Et pendant que tu erres dans les brumes d'une forte virilité
près des avirons oubliés sur la taupinière fraîche
ou que tu regardes osciller les deux pieux fichés dans la berge
ou qu'allongé sur le sol tu sens le vent couvrir ton visage
de chardons venu on ne sait d'où
une grande tristesse ramène le paysage lunaire de ses épaules lasses
il n'y a plus de mots ses murmures se posent partout remplissent
le silence déchiré par le cri du train
ils sont l'eau qui demeure dans l'empreinte des pas depuis la dernière averse
mais il suffit d'un bruit de clé dans la serrure pour te faire entendre
le temps couler sans hâte le long de tes chaussettes humides
ou la pesante respiration des racines
et tu recommences à rêver à la rive bleue du bout du fleuve
sur laquelle nous ruminons notre délaissement féerique

(p. 17 et 19)
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le soleil marmonne Les feuilles tremblent
il est temps pour nous de mettre nos flanelles
restons sur la rive à observer comment la pluie troue l’eau
disons toujours les mêmes autres mots

[soarele mormăie Frunzele tremură
e vremea să ne punem flanelele
să stăm pe mal privind cum ploaia găurește apa
să spunem mereu aceleași alte cuvinte]

(extrait de Coroana pătrată [La couronne carrée], p. 104)
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Gellu Naum
La dissimulation

Tout ce que j’écrivais était la voix de mon œil reclus dans ses lettres
je voyais l’auréole de son cri spectral
j’étais muet et je parlais
la même lumière débordait sur mes paupières
débordait de toutes les paupières

Quelquefois j’attendais pour voir
les sources qui n’ont pas déserté
tant de manières de silence

*

Ascunderea

Tot ce scriam era vocea ochiului meu închis în literele sale
vedeam aureola țipătului ei spectral
eram mut și vorbeam
aceeași lumină mi se revărsa pe pleoape
se revărsa din pleoapele tuturor

de multe ori așteptam să văd
izvoarele care n-au dezertat
atâtea feluri de tăcere

*
Ascet la baraca de tir (Reclus dans le local de tir, 2000) – Discours pour les pierres (L’Age d’Homme, 2002)
Traduit du roumain par Sebastian Reichmann
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Gellu Naum
LES SECRETS DU VIDE ET DU PLEIN

Il réchauffait sa langue au soleil
Il plantait son petit doigt dans la terre afin qu' il fleurisse,
Il se trottait les mains lorsqu' il avait froid
Il enfilait ses bas tandis qu' il se murait
Il s' enfermait à clé pendant qu' il se coiffait
Prenait un miroir alors qu' il s' enfuyait
Quand il regardait l' eau, des cercles se formaient
S' il quittait ses bretelles, ses jambes tombaient.

(Traduit du roumain CHRISTIAN AUDEJEAN et DUMITRU TSEPENEAG)
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Quand on ouvre une porte, une autre apparaît, puis une autre, et une autre encore, jusqu'à la dernière, qui n'existe même pas, et ainsi de suite, à la fin on retrouve la première, qui n'existe même pas, alors on refait un tour sur les lieux d'autrefois, car on s'est cru tiré d'affaire, mais la chose même qui nous a tirés d'affaire est devenue un piège, et nous voilà au même point pour comprendre une fois pour toutes que notre dernière vérité est tout aussi illusoire que la première, et pour ne pas oublier que l'on se trouve toujours sur le fil du rasoir.
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Toute bibliothèque est comme un champ de mines, disait-il, car elle renferme toute la pensée des hommes, bénie et ignoble, et si une idée perdue tirée d'on ne sait quelle brochure, que personne ne prend au sérieux, rencontrait son détonateur sous forme d'une brochure tout aussi obscure, l'explosion pourrait ébranler l'univers tout entier.
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Le voyage au ciel des gens normaux

Quand je me suis acheté cette chemise délavée ils étaient encore jeunes ils sautaient très haut chacun d'eux s'en est acheté une du même modèle À présent leurs genoux ne tressaillent plus qu'en rêve et ils ont passé leur chemise aux chiffons quelques-uns courent le cachet un point c'est tout

de temps en temps l'un d'eux se pend à une poutre d'auberge
Les autres hochent la tête persuadés que le temps finira par arranger ça aussi Ils attendent le voyage au ciel mangent des cerises posent les noyaux sur une soucoupe et tout est en règle

(p. 105)
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