Paru en 1961, réédité en 1970, il s'agit d'un des ouvrages réellement indispensables pour apprécier pleinement la profusion et l'exubérance de l'oeuvre de Georges Méliès (1861-1938), tout bonnement inventeur de la mise-en-scène et des "trucages" cinématographiques dans ses "féeries" de quelques minutes, souvent colorisées à la main...
Cet ouvrage (numéro 1 de la collection "Cinéma d'Aujourd'hui" chez Seghers) approfondira pour nous les "secrets" de la créativité du génial ex-prestidigitateur du théâtre Robert-Houdin...
Il documente idéalement l'excellent roman - illustré - de Brian SELZNICK "L'invention de Hugo Cabret" (2007) et sa magnifique adaptation cinématographique [en couleurs et en "3D"] par Martin SCORSESE (admiratif de l'oeuvre de ce pionnier du Cinématographe...) : "Hugo Cabret" (2010).
La bio-filmographie de Georges MELIES, établie par Sadoul pour la 1ère fois en 1961 est impressionnante (tenant compte du fait que toutes les bobines correspondant au propre "catalogue de l'artiste" n'aient pu être sauvées...) : elle comporte en effet près de 500 films...
Soulignons qu'il tourna TOUS ses films en seulement 18 années, de 1896 à 1913 : fabricant et diffuseur de ses "mises-en-scène" qui circulèrent abondamment non seulement sur tout le territoire français (où de nombreuses salles de spectacles de music-hall, de théâtre s'équipèrent d'appareils de projection) ... mais conquirent bientôt les jeunes "marchés" des Etats-Unis et de Grande-Bretagne et souhaitaient conquérir en 1909 (année du 1er Congrès International des Fabricants de Films - que Méliès présida - où sept nations produisant des films étaient représentées) ceux d'Allemagne, d'Italie, du Danemark et de Russie....
Retenons la date de naissance de son "Studio de Montreuil" : une merveille vitrée érigée au printemps 1897.
Soit seulement un an et demi après la première projection publique et payante organisée par Antoine Lumière, le père de Louis et Auguste, les deux frères lyonnais inventeurs de l'appareil de prise de vue et de projection dit "cinématographe Lumière" : première "exhibition" cinématographique en cette date fondatrice du 28 décembre 1895 où parut cette "attraction foraine" au "Salon Indien" du grand Café, 14 boulevard des Capucines à Paris...
Georges Méliès y assista et - comme beaucoup d'autres - proposa d'acheter l'appareil... Devant le refus de la famille Lumière de céder son appareil, le "cinématographe Lumière" (la firme lyonnaise ne commencera à commercialiser ses propres qu'appareils qu'à la fin 1897), il se fit construire son propre équipement dès février 1896 : un "bioscope" qu'il fait fabriquer à Londres...
Parmi ses plus grands succès : "Le Voyage dans la Lune", tourné en 1902... Il s'agit d'un film de 260 mètres, composé d'une série de "dix scènes cinématographiques, extraordinaires et fantastiques en trente tableaux", d'une durée exceptionnelle d'exhibition de 16 minutes, un "long métrage" pour l'Epoque, la belle... Soit une très-très libre adaptation extraordinairement fantaisiste (et colorisée) des romans "De la Terre à la Lune" et "Autour de la Lune" de Jules VERNE et de "Les premiers hommes dans la Lune" de H.-G. WELLS...
On dénombre ainsi dans la riche filmographie de Méliès : 78 titres tournés dans l'année 1896, 54 titres en 1897, 31 titres en 1898, 33 titres en 1899, 31 titres en 1900, 27 titres en 1901, 22 titres en 1902, 29 titres en 1903, 45 titres en 1904, 12 titres en 1905, 18 titres en 1906, 19 titres en 1907, 45 titres en 1908, 42 titres en 1909 et 1910, 17 titres en 1911 et 1912, puis 2 derniers titres en 1913 (qui fut, hélas, l'année de sa faillite personnelle, précédant la "Grande Boucherie" de 14-18... ).
Veuf depuis 1913, Georges Méliès se remariera en 1925 avec Jehanne d'Alcy. Définitivement ruiné, il tiendra stoïquement la boutique dont son épouse est concessionnaire : un magasin de "Confiserie & Jouets" au 1er étage située dans la cour intérieure vitrée de la gare Montparnasse (Paris). Un décor des "années 30", très joliment reconstitué dans le merveilleux film de Scorsese... (où Ben Kingsley tient miraculeusement le rôle de Méliès, tour à tour "flamboyant, déchu puis renaissant de ses cendres").
Il décédera dans sa soixante-seizième année des suites d'un cancer de l'estomac... après une reconnaissance tardive de la valeur de son oeuvre, notamment grâce aux ouvrages de Georges-Michel COISSAC (qui le consultera pour son ouvrage "Histoire du Cinématographe" paru en 1925) puis l'aide décisive (dès 1928-1929) de Léon DRUHOT, directeur de l'hebdomadaire "Ciné-Journal", qui le reconnaîtra au guichet de son magasin et attirera l'attention de nombreux journalistes sur son Oeuvre "oubliée", d'une parfaite poésie naïve et si d'une grande exigence artistique.
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