Il saisit son fusil, le posa sur ses genoux, le caressa. Il retrouvait par ce geste tous ceux que font les trappeurs qui sont seuls dans le Wilderness et qui éprouvent pour leur arme une affection aussi réelle que celle portée à un animal domestique. Geste prouvant leur reconnaissance, car il est vrai que le fusil est pour eux le protecteur contre les bêtes féroces et tous les ennemis.
[p96]
- C'est une louve, dit Mukoki à Rod ; elle est prisonnière des deux pièges. Elle ne pouvait pas s'en sortir.
Il semblait heureux, mais le jeune homme, lui, se sentait ému envers les souffrances endurées par la pauvre bête, qui, à cette heure précise où la mort la touchait, ne représentait plus rien de l'animal féroce. Au contraire, elle semblait effrayée et son regard sollicitait une pitié à laquelle Mukoki fut insensible. Il acheva la louve en trois coups de crosse précis.
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Sous le coup de l'envoûtement, il ne cessait de contempler ce que la nature lui offrait si généreusement ; il pensait qu'il avait le privilège de voir se dérouler sous ses yeux une forme concrète de pureté, d'idéal presque inaccessible à l'humain, défiant toute intelligence et tout savoir. C'était grandiose, impressionnant.
[p48-49]