Le pape condamne la franc-maçonnerie dès 1738. Les rapports ne peuvent que demeurer tendus entre l’Église catholique et les organisations maçonniques. Les francs-maçons et l’Église catholique partagent par ailleurs une prédilection pour les symboles et les rituels. On peut même voir la franc-maçonnerie comme un moyen pour des adhérents à des Églises protestantes austères de renouer avec une certaine dose de mystère.
L’édifice Masonic Memorial Temple offre à l’extérieur un authentique discours architectural symbolique, hautement significatif pour les francs-maçons. Les espaces intérieurs, d’une grande sobriété en comparaison avec de nombreux aménagements maçonniques comparables aux États-Unis, offrent néanmoins dans plusieurs parties de l’immeuble un témoignage aussi explicite et éloquent que l’extérieur. Le caractère maçonnique de l’édifice s’exprime d’abord dans l’organisation spatiale des étages mais aussi dans les décors architecturaux, à des degrés divers selon les parties de l’immeuble.
Il faut enfin souligner le haut degré d’authenticité de l’édifice, encore très proche de ce qu’il était lors de son inauguration en 1930. Cela contribue assurément à la clarté du témoignage maçonnique qu’il offre et, par conséquent, à son intérêt patrimonial.
Dans la ville de Québec, les membres de plusieurs loges mettent leurs ressources en commun pour construire ce qui apparaît comme le premier grand temple appartenant à une organisation maçonnique dans un centre urbain, par opposition aux temples installés dans des établissements possédés par des individus. Le temple inauguré en 1861 à l’angle des rues des Jardins et Saint-Louis occupe la partie supérieure d’un immeuble d’envergure loué en partie à d’autres occupants. Le livre sacré, l’équerre et le compas ornent le fronton central du dernier étage. C’est alors le seul masonic hall digne de ce nom du Canada-Est, celui de l’hôtel Hays n’ayant pas encore été remplacé à Montréal après l’incendie de 1852.