Entre le cinéma et la musique, c'est une longue et prolifique histoire d'amour. D'abord, sous l'impulsion du cinéma muet qui invite des orchestres pour accompagner les images et nourrir l'espace. Puis, l'évolution du cinéma du muet au parlant consacre l'importance du rôle du jazz. Le cinéma expérimente de nouvelles techniques et de nouveaux langages. Le jazz réinvente une écriture et une chorégraphie où les dimensions sonores figurent le déroulement de l'histoire. le jazz séduit. C'est une musique audacieuse, scandaleuse et clandestine car enfantée dans les champs de coton. Elle est la mémoire des anciens esclaves noirs. le cinéma et la musique s'attirent. le cinéma s'épanouie sur le continent américain. Il place l'être humain au centre du discours. C'est la perte de l'innocence.
L'auteur nous livre son histoire du cinéma, l'apport du jazz et une critique de la société contemporaine américaine puritaine puis européenne. C'est un voyage passionnant à travers « Citizen Kane » d'Orson Welles, « Ascenseur pour l'échafaud » de Louis Malle, « A bout de souffle » de Jean-Luc Godard, les films de Scorsese. Il revient longuement sur l'itinéraire de John Cassavetes. Ce dernier filme les détails (corps, architecture, objets) portés par un jazz d'improvisation, de liberté. Une vraie performance. Images et son s'enrichissent réciproquement de leurs qualités rythmiques et émotionnelles.
Gilles Mouëllic est professeur universitaire en études cinématographique à Rennes.
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Le cinéma et la musique, c'est une longue histoire. D'abord pour masquer le bruit du moteur du projecteur et donner un tempo a ce qui était projeté sur l'écran. Ensuite, pour apporter de l'émotion lorsque les séquences n'étaient pas suffisamment explicites. Voilà un bon exemple de livre qui nous parle du sujet, écrit pas des pros (des Cahiers du Cinéma). Enfant pauvre du 7e art, les BO dépendent trop souvent du bon vouloir des éditeurs, alors qu'elles apportent une dimension indispensable à la chose cinématographique. On ne le sait pas assez, mais les films sont souvent des terrains d'expérimentation pour oser des formules qui n'ont pas de place ailleurs : compositions classiques, jazz, variété, électro ... c'est sans doute le seul endroit où tous les métissages sont permis. Une mise en bouche qui donne envie de ressortir ses vieux 33 tours et d'aller faire un tour à la Fnac pour se procurer les nouveautés.
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