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Critiques de Gilles Ortlieb (5)
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Dans les marges

Gilles Ortlieb sait faire aimer les écrivains qu'il affectionne, écrivains pour certains sortis de l'anonymat qui, tout en étant lus, restent toutefois "dans les marges" formant un clan à part comme Emmanuel Bove, Henri Thomas, Jean-claude Pirotte. Et d'autres aussi plus en retrait comme Jean Forton, Paul de Roux ou Jean-Luc Sarré.

Les douze textes qui composent ce volume sont comme ces notes que le lecteur peut ajouter dans les marges des livres au fur et à mesure de sa découverte d'un auteur ; des notes et des extraits soulignés qui sont ici rassemblés et approfondis permettant de pénétrer l'univers et la langue de chacun de ces écrivains aimés : "Ces notes allusives, fragmentaires, comme les traces d'un côtoiement qui aurait laissé dans son sillage quelques pistes ou indices, quelques hypothèses de travail. Car c'est évidemment le signe des oeuvres fortes que de paraître autoriser les commentaires les plus divers et souvent divergents, tout en se dérobant, inlassablement aux interprétations trop zélées."



Gilles Ortlieb nous fait mesurer la richesse d'être européen en évoquant le lien passionnel des traducteurs avec les textes en langue anglaise, allemande, grecque... dont ils s'efforcent de ne pas trahir la vie en les habillant avec d'autres mots, d'en faire un pâle imitation. Il sait de quoi il parle puisqu'il est lui-même traducteur en particulier de poètes grecs comme Kostas Karyotakis qu'il évoque dans le texte "Prévéza, 1928", soulignant que "certains de ses écrits présentent des similitudes troublantes avec tels passages du "Livre de l'intranquillité" auquel travaillait à la même époque, un autre employé de bureau sous le pseudonyme de Bernardo Soares."

Et Henri Thomas de répondre à Jérôme Garcin qui lui dit :

-- Tout écrivain devrait être à l'écoute des langues étrangères...

-- Oui. Sinon il sent le renfermé. Voyez Mauriac, il s'est cantonné au roman français et il lui manque des influences étrangères. Alors que Gide -- qui n'a pas le génie romanesque de Mauriac -- a une oeuvre ramifiée par ses lectures de langues étrangères. p 103



Il n'y a pas que les écrivains qui devraient suivre ce conseil mais aussi tout être qui se sent uni aux autres et curieux de les découvrir.

J'ai relu plusieurs fois ces textes de Gilles Ortlieb.

Ils m'ont aussi fait penser à ces tissus de coton indien dont les couleurs dégorgent à chaque lavage mais qui mystérieusement ne perdent pas pour autant leur beauté. Et même si certaines viennent à prendre un ton suranné, nous y tenons par tout ce qui s'y rattache et continue à les faire chatoyer.

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Dans les marges

Une très sympathique découverte impromptue, lors de mes dernières

flâneries à la librairie Tschann, bd. du Montparnasse... élan pour ce

Monsieur inconnu, Gilles Ortlieb... sympathie d'autant plus immédiate

en constatant que ses affinités littéraires rejoignaient en grande partie les

miennes: Henri Thomas, Emmanuel Bove, Jean-Claude Pirotte, Jean

Forton, etc.



Par contre, grâce à cet auteur je découvre jusqu'au nom de l'écrivain-poète

qui suit: Jean-Luc Sarré... Triple découverte entre ce dernier, Gilles Ortlieb

et cette petite maison d'édition: Le Bruit du temps...



Gilles Ortlieb nous offre avec un enthousiasme très communicatif ses

préférences littéraires, en dehors des chemins battus; le titre de ce recueil

est des mieux choisis: "Dans les marges"...



J'ai adoré, entre autres, la partie consacrée à Jean Forton [ écrivain

méconnu, trop peu lu, découvert au début de mon parcours de libraire,

grâce à un client-lecteur passionné par cet auteur], et "Brouillards

journaliers" où il rend hommage aux écrits de Jean-Claude Pirotte,

avec beaucoup de finesse....et d'admiration



"Chaque soir, je me forçais à écrire un poème. A la fin, me disais-je,

cela fera bien une sorte de journal, ce sera toujours ça de gagné sur

ma disparition: l'esquisse d'une chronique de l'exil. Ce que cherchais,

ce n'était pas la poésie mais la réalité de ces années-là, et si la poésie

surgissait quelquefois, elle témoignerait moins de la pratique d'un art

que de la suite des jours" [Postface de la -Vallée de misère-]



Pour clore cette modeste chronique... j'envoie ma plus vive reconnaissance

à l'amie qui a eu la gentillesse de m'offrir ce recueil qui m'a tapé de

suite dans l'oeil !!
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Fragments : Nouvelles et récits de Grèce

Dans ces Fragments. Nouvelles et récits de Grèce, les éditeurs Vera Michalski-Hoffman et Catherine Fragou, ont commandé des textes à 5 auteurs grecs et 4 français. Il s'agissait de rendre hommage à la Grèce  dans le cadre de l'année 2018 (Athènes est alors capitale mondiale du livre de l'Unesco).



De très beaux textes d'auteurs grecs contemporains dont une sur la Nuit d'Arcadie, où ce voyageur, abreuvé par les textes des auteurs grecs de l'Antiquité, part sur les routes du Peloponnêse et découvre la "campagne parsemée de constructions et de routes qui couturaient le.paysage, de barrières qui délimitaient les propriétés" (p. 12). Une autre nouvelle sur la vieille maison de son père dans un village "entre deux montagnes pelées  en un lieu oublié de Dieu" ( p. 39) menacée par les projets immobiliers du maire du village de construction d'une route qui devrait permettre de transformer toute la région en pôle touristique.



Rêve et réalité, références à la Grèce antique et à la Grèce contemporaine, se mêlent dans plusieurs de ces nouvelles et nous donnent, par petites touches, l'image d'une Grèce bien différente des clichés des cartes postales pour touristes estivaux.





Une étude de deux Francais sur la richesse des bibliothèques du mont Athos et la relation des moines aux livres. Des textes d'auteurs francais sur leur decouverte et leur relation à la Grèce et un ensemble de photographies de la Grèce prises, dans les années 1950, par Jacques Lacarrière, grand connaisseur de la Grèce et de la langue grecque, auteur de l' été grec et du Dictionnaire amoureux de la Grèce.



Mais quel dommage, aucune présentation de ces auteurs ne nous est faite pour nous guider dans la découverte de cette littérature grecque contemporaine, trop méconnue. Aucune mise en contexte non plus.

Pas plus d'ailleurs que ne sont présentés les auteurs français dont les textes sont publiés à la fin du volume. Qui sont-ils ? A quel titre ont-ils été  sollicités ?



Bref, l'impression d'une publication, trop rapidement conduite, destinée à un cercle d'initiés.

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Tombeau des anges

N°586– Juillet 2012.

TOMBEAU DES ANGES – Gilles Ortlieb – Gallimard



Le titre a ce côté énigmatique des romans policiers, mais le texte a d'emblée un goût un peu humoristique qui plante un décor coutumier d'un paysage urbain avec, en arrière-plan des friches industrielles aux relents de pollution. Le lecteur ne tarde cependant pas à s'apercevoir que les anges en question n'ont pas des noms paradisiaques. Ils se nomment « Florange, Erzange, Serémange, Knutane, Illange, Nilvange, Alfrange ». Pour qui suit un peu l'actualité, on comprend tout de suite que ce n'est pas un paradis qui est ici suscité mais bien cette région sinistrée de la Lorraine. Elle avait pourtant été florissante à l'ère industrielle, avait produit du fer, devait ses infrastructures à des capitaines d'industrie. Longtemps elle avait offert un spectacle de haut-fourneaux en activité, des cheminées d'usines et des sirènes qui appelaient au changement de poste, des bistrots incontournables qui ne désemplissaient pas. Bref une région qui vivait Des noms résonnaient dans ce décor et ils n'étaient pas si anciens que cela «  Usinor, Sollac, Sacilor, Sidelor, Lorfonte, Unimétal, Arcelor. »

A l'invite du narrateur, le lecteur se balade dans les rues désormais désertes où tout rappelle la mine, celle qui faisait vivre tout le monde ici, un peuple de prolétaires de toutes nationalités amenés ici par la guerre ou la nécessité, établis depuis des générations et qui ne voulaient surtout pas quitter cette région. Ce n'est pas qu'on y vivait bien mais il y avait du travail. Maintenant le décor est brut, peu engageant et le chômage gangrène la population. Le tombeau des anges se décline en liquidations, fermetures, cessations d'activité … Puis on affine le paysage de magasins aux rideaux définitivement fermés, aux salles de cinéma en faillite ou aux rares cafés survivants qui offrent une triste devanture de cette région qui porte encore la marque de l'histoire dans des inscriptions à demi-effacées qui attestent de l'occupation allemande de l'entre-deux-guerres. L'air est sans doute plus respirable qu'avant, mais le paysage se ferme petit à petit, la mémoire ouvrière de la mine ne se vit qu'à travers les commentaires d'un guide pour rares touristes de passage, tout un savoir-faire, des techniques, un vocabulaire désormais passés aux oubliettes de la productivité.

C'est une sorte de pèlerinage qu'effectue le narrateur dont on suppose que l'enfance s'est déroulée ici. Maintenant c'est un peuple de retraités, de chômeurs sans grands moyens, victimes de la crise économique, des gens désœuvrés qui cherchent à faire passer le temps dans des bistrots à demi-désertés entre apéro, loto, lecture de journaux et prévisions météo, le tout dans un décor urbain à répétition et déprimant, des usines fermées, des commerces abandonnés, des maisons à vendre qui ne trouveront jamais preneur, un paysage spectral avec « Un vent aigre soufflant depuis les hauteurs pour se perdre dans une plaine incolore », des cours d'eau pollués, des mines qu'on évoque comme on visite un musée, un passé révolu mais qu'on refuse de voir disparaître. Faute d'activité l'usine est encore là, comme un squelette inutile coincé entre passé et présent... « Dans ces villes en « ange » arpentées avec assiduité, il ne s'agit plus depuis longtemps d'organismes en train de s'étioler ou de lentement mourir, mais bien de l'apparence que peuvent prendre ou ont prise les corps défunts. Car ce ne sont plus des blessures à vif que l'on a sous les yeux, comme ce pouvait être le cas il y a un quart de siècle... mais des plaies plus ou moins adroitement refermées, des paysages cicatrisés de force et donc pacifiés. ». Ce qui amène l'auteur à poser cette question : « Que reste-t-il lorsqu'il ne reste plus rien, lorsque tout ou presque a disparu ? »



le style au départ est alerte, humoristique même et invite à voir le bon côté des choses, faute de pouvoir faire autrement. Il cache mal une profonde détresse et une absence de gens dans les rues. Ces villes vivaient jadis mais ne sont plus que des ombres. Je n'ai pas vraiment été enthousiasmé par ce récit qui évoque un paysage où je n'ai pas vraiment envie d'aller. De plus, je n'ai pas toujours suivi le fil conducteur de ce récit notamment dans la reproduction de la correspondance qui s'étage de 1947 à 1970. Elle marque le quotidien des gens de cette période, l'évolution des choses, leur changement, mais dans le sens du chômage, de l'abandon, pas vraiment du maintien de la vie...



©Hervé GAUTIER – Juillet 2012.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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L'ARBRE-SERPENT. Contes populaires grecs

Gilles Ortlieb, réunit dans cet ouvrage cinq contes populaires grecs, de ceux "que l'on se faisait raconter par une grand-mère ou un vieil oncle, qui les tenaient eux-mêmes de leur arrière grand-mère ou de leur grand-oncle" du temps où, en Grèce, "les habitants des villages se connaissaient tous par leur prénom et où les ânes étaient encore le plus sûr moyen de circuler".



De "L'arbre-serpent" aux "Mésaventures du paysan" en passant par "Les trois bons conseils", ils nous racontent tous la revanche d'un petit peuple pauvre qui par son ingéniosité, sa rouerie parfois, parvient à s'enrichir et à sortir de sa condition.



"Quant au paysan, il fut de retour chez lui le soir même, pas fâché au fond de sa mésaventure puisqu'il en revenait, chaussé de neuf, sur un cheval fringant, au lieu e la vieille chèvre et du petit âne sur lequel il était parti."



Pas de morale chrétienne, d'ailleurs la religion en est totalement absente. Il faut croire que ces contes tiennent plus des épopées antiques que des histoires destinées à faire accepter sa condition et à s'en contenter.



On y trouve souvent une part de magie ou d'extraordinaire que ce soit celle d'un serpent généreux, d'un renard forcément rusé ou d'une femme dont le fils n'est autre que le soleil en personne.





" Et le dimanche suivant le maçon reprit son luth et retourna dans le jardin. Le serpent était déjà là, qui l'attendait. Comme la première fois, tous les deux chantèrent et dansèrent jusqu'au soir, puis le serpent s'éclipsa, abandonnant à nouveau une bourse remplis de pièces d'or".



Seul le dernier conte, celui du "Couseur de sacs" nous présente un homme trop malheureux, trop résigné, persuadé suite à un rêve, que la source de sa destinée "c'est moi, moi seul, qui l'ai bouchée". Le généreux gouverneur qui l'avait pris en sympathie doit s'y prendre à trois fois pour le sortir de son état.



"- Tiens, prends-les, (des pièces d'or) elles sont à toi... J'ai voulu t'aider à déboucher la source que toi-même avait bouchée en rêve, mais tu n'as rien voulu savoir. J'espère cette fois que tu feras un bon usage de cet or et que je ne t'entendrai pus jamais chanter ta triste complainte... Allez, va et ne me remercie pas. Bonne chance !"



On imagine aisément que ces contes, à défaut de changer vraiment leur condition, apportaient un peu d'espoir à ceux qui les écoutaient.
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