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Citations de Guido Ceronetti (24)


Marcher dans la campagne, aujourd'hui, c'est comme passer par un vieux quartier en démolition.
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Pour émerger de la fécalité et des pestilences, nous avons édifié en Occident, les cathédrales gothiques, et libéré, en leur cœur, le dragon angélique du grégorien. Les eaux douces stagnaient prisonnières au fond des puits et, dans les aquifères, on cherchait les eaux célestes. Et la mort arrivait avec la diarrhée, avec les bubons, avec le fer. Les dents toutes gâtées ou manquantes. Comment pourrions-nous les déchiffrer aujourd’hui(les rebâtir, plus jamais), ces chorégraphies pétrifiées du gothique ? Toute la richesse de leur alphabet a sombré dans l’abysse de l’Hygiène, dans un océan de prothèses. De quoi parlent donc les guides touristiques ? Et les prêtres des cortèges…et le statues, A qui ou à quoi a bien pu sourire l’ange de Reims ? Quels cieux mouvementés viennent voltiger autour de la gargouille solitaire de Strasbourg ?
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Un long mégot écrasé dans un lavabo de toilette est comme le film du portrait moral d'un homme. Le voici : vulgaire, impérieux, stupide, sans générosité, parfaitement égoïste dans le coït, plein d'argent escroqué ou raflé, indifférent aux malheurs des autres, destructeur d'animaux et de plantes, chasseur, lecteur de journaux sportifs, avide, lourd en toute chose, bruyant, vociférant, ignoblement pratique, mangeur de viandes rouges, grand saleur, buveur de café, habillé de vêtements coûteux, parfumé, respectueux de la puissance, adorateur des voitures. Entré ici pour pisser, il a laissé sa photographie : le nom n'a pas d'importance.
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Différence entre un saint et un philosophe. L'araignée capturant des mouches fascinait saint Augustin. Spinoza en mettait exprès devant elle.
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Je vais vous dire ce que vous perdez en n'achetant pas le feuillet illisible. Moi qui l'achète, je le sais... Non, ce n'est pas pour la lire... C'est pour le sourire. Si vous leur mettez dans la main, avec à peine un signe muet de solidarité, ces mille cinq cents lires, les Iraniens vous en récompensent d'un sourire si rayonnant de sympathie et de douceur, si débordant de reconnaissance, qu'il vous fait rougir à l'idée du peu d'effort qu'il vous en a coûté pour l'obtenir. Le sourire de l'Iranien vous rassure: non, vous n'êtes pas de ces charognes égoïstes, même si vous êtes conscients d'en faire partie. Alors, si vous vous sentez seuls, si l'absence d'âme de la coulée humaine qui vous heurte et vous bouscule vous accable, ne perdez pas cette occasion (...) et vous verrez à chaque fois pointer cette fleur rare, absurde, ce sourire d'humanité vive, massacrée mais vivante, ni pétrifiée, ni vitrifiée, ni éteinte.
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La plus extraordinaire des innombrables énigmes humaines, c’est l’existence (certaine, démontrables, indubitable, qui est toujours nouvelle sous le soleil)-ici et là- des « bons »
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Je suis toujours surpris quand je vois des jeunes gens manger de la viande. Cette habitude me semble tellement relever d’une autre époque. La jeunesse carnivore n’est pas en phase avec son temps….. Se nourrir de morceaux d’animaux massacrés est une anomalie. Il ne peut y avoir de raie jeunesse en dehors du régime végétarien. La viande est tout au plus une habitude angoissée de vieux….. Voir des vieux manger de la viande ne me surprend pas : cela empire leur état, mais c’est le droit des incurables.
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Il suffit d'une certaine idée de la beauté pour réprimer ce qu'il est nécessaire de réprimer. S'il manque cette idée universelle et la conscience de la douleur, on ne peut sentir le battement revivifiant de l'éventail sublime, de la fraîcheur incomparable de l'amour. Vouloir que tout soit libre est la folie du monde actuel, et la vie n'en devient que plus sombre, plus désespérée.
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“… car le vrai mal pour l’homme n’est pas celui qu’il souffre, mais celui qu’il fait…” Manzoni

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Foie vient du latin ficatum parce qu’on engraissait les oies, pour le foie gras, en les nourrissant de figues. Ainsi un organe noble (peut-être le plus noble de tous : le cerveau est discutable) a tien son nom d’une antique méchanceté de l’homme. Il y a une éclaboussure de sang sur l’origine de tout ce qui est humain.

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Une maxime médiévale affirme les droits du pénis : Quod turget urget, les égalant sévèrement à ceux de l’abcès et du furoncle.

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Selon une tradition, l’Antéchrist était né par césarienne. Aujourd’hui, les hommes nés ainsi sont innombrables. L’un d’entre eux est l’Antéchrist, mais le reconnaître apparaît difficile. Et si cela signifiait que l’Antéchrist est tout le monde ?

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Dans le monde des amours les répulsions sont plus nombreuses et plus importantes que les attirances. Deux feuillets tenus ensemble par une colle puissante, mais fluctuant dans un océan d’eau bouillante.

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Tout ce qu’on ne mange pas fait du bien à la santé.

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Pour Littré panser est la même chose que penser, car si l’on veut panser (soigner, traiter) il faut avant tout y penser. Ensuite, comme disait Ambroise Paré, c’est Dieu qui guérit.

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Au comble de ses transports Hitler éjaculait ; c’était le moment où la foule lui était le plus étroitement soumise. Il s’accomplissait une copulation monstrueuse, un inceste non prévu par les codes sacrés. La foule fécondée devient grosse de démons qui mettent peu de temps à sortir de son ventre. C’est la raison qui explique qu’un seul homme puisse être le père de tant de maux.

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“Ceux qui brillent par la vivacité de l’intelligence sont souvent frappés d’épilepsie.” Johannes Schenk de Grafenberg
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C’est une pensée qui apaise et fortifie de savoir que parmi les livres que nous possédons il en est quelques uns capables de nous libérer et de nous sauver. Il s’y en ajoute de nouveaux, presque chaque jour, mais les livres nécessaires sont là depuis longtemps.

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“… dans l’humaine réalité de la vie, même pour les grands mystiques, la lutte contre la douleur est une usure. Consentir à la souffrance est une sorte de suicide lent. Car les grandes douleurs, même quand elles se taisent, ne restent jamais muettes.” (René Leriche, Chirurgie de la douleur)

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L’art est fini depuis que les artistes n’ont plus de maladies vénériennes.

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Si le Mal a crée le monde, le Bien devrait le défaire.

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Esquirol dit une grande vérité : Il y a des individus qui retrouvent la raison en quittant leur domicile et qui la perdent de nouveau en y rentrant. La maison favorise la folie et les maladies nerveuses ; prison et fumier dans la parole bouddhiste. J’aime ma maison, mais je suis heureux lorsque j’en suis loin, je ne vois pas la porte barrée, la raison est calme, la pensée a plus d’espace, les habitudes changent. Qui n’a pas de toit, qui est né nomade, ne connaîtra peut-être jamais la maladie mentale.

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Si, cherchant dans l’obscurité une main, tu trouves à sa place un cul, pense à la richesse et au mystère de l’obscur.

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L’homme n’est qu’une goutte de sperme. Oui, mais gutta cavat lapidem (la goutte creuse la pierre).

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“Ne redoutez pas de le rencontrer : de tous les êtres, les moins insupportables sont ceux qui haïssent les hommes. Il ne fait jamais fuir un misanthrope.” Cioran
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