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Citations de Gustave Geffroy (138)


Et, comme en sortant de là, on se sent une commisération vibrante à l'égard de ces humbles que meurtrit la vie, qui souffrent depuis un lointain passé et qui souffriront encore dans leurs enfants et leurs petits-enfants.
Veuves aux épaules étroites serrées par des châles de laine noire, vieux ouvriers qui s'usent à la besogne, jeunes hommes fortifiés d'illusions, jeunes filles pleines d'ardeur à vivre, gosses prompts à sourire malgré les taloches, tous ces êtres ingénus et laborieux, tendres et rudes, toujours déçus, toujours confiants, ces résignés pour lesquels, dans un crépuscule d'hiver, devant les maisons lépreuses de Belleville, une romance suffit à évoquer le printemps et l'amour !
(Extrait de la critique de Mr Paul Reboux, écrite à l'occasion de la répétition générale, dans le journal "l'Intransigeant")
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La ferme des Gilquin était bâtie sur un plateau qui est une légère surélévation du sol de la plaine de Vendée. Au sud-ouest, on apercevait, pendant le jour, la couleur lointaine et changeante de la mer. Le soir, on voyait briller la lumière tournante du phare de l'île de Ré.
Ce pays, que l'on pourrait supposer sans caractère, sans pittoresque, illimité et monotone, avec des horizons toujours semblables, vers lesquels s'en vont des champs tous pareils, est au contraire pourvu d'une beauté singulière et admirable.
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Je dois pourtant dire l'extérieur de cette vie, rassembler les traits qui la composent, recueillir les mots prononcés ou écrits par Corot, et par ceux qui l'ont connu, qui l'ont admiré, qui l'ont discuté: Théophile Silvestre, Dumenil, Moreau-Nelaton, Théophile Gautier, Charles Baudelaire. Cela aussi a son intérêt, aide à comprendre l'oeuvre, à suivre sa formation, ses péripéties, sa gradation.
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Combien plus subtils et plus harmonieux les peintres suivants. Sous leur pinceau les choses reflètent une âme, le sentiment même de celui qui les vit à un moment donné de son existence, à travers la tendresse, la mélancolie ou la joie de son être. Car c'est un peu de nous que nous mettons dans les choses et cette émotion nous l'emprisonnons dans l'oeuvre d'art.
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Cette vie surhumaine, de douleur consentie, de sacrifice obstiné, ne peut être perdue. Elle a privé l’homme des joies habituelles, lui a infligé la douleur de ne pas être compris, aimé, lui a donné ce visage offensé… Mais l’exemple est acquis pour jamais. Dans le même individu ont cohabité deux sentiments égaux : la résignation, la révolte. Résigné pour lui, révolté pour tous. La résignation le met à la hauteur des plus stoïques. L’esprit de révolte du vieux Blanqui, salubre comme le sel de la mer, impré­gnera l’Histoire.
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Premier tableau : le rempart
L'orchestre joue la Marseillaise avant le lever du rideau.
Un aspect des remparts de Paris pendant le siège de 1870, en décembre.
Il a neigé, et il neige encore par moments.
Tout est blanc dans l'obscurité.
Au loin, des collines qui s'illuminent aux coups de canons des forts.
La ligne de la muraille est échancrée par une embrasure où est placé un canon.
A droite, l'ouverture d'un poste.
Au lever de rideau, des gardes lisent le journal, causent et fument autour d'un brasero.
Une sentinelle va et vient sur le talus.
Il est près de neuf heures du soir. Lorsque la toile se lève, on entend un rire général....
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C'est là qu'elles habitent, une triste maison, un triste logis. D'un côte de la porte, il y a une boutique rouge de marchand de vins ; de l'autre côté, une boutique verte de fruitier. Le couloir, l'escalier, sont pauvres et obscurs. C'est au premier. La clef est sur la porte. Céline ouvre. La pièce où elles entrent est une salle à manger, avec deux lits repliés dans les angles. Au milieu, une table ronde en noyer sous une suspension à lampe de porcelaine blanche. Quelques rayons, sur lesquels sont des livres entassés un peu pêle-mêle, des bouquins de tous genres, des romans, des brochures politiques, des livraisons. Le carreau est frais lavé, le papier n'a ni déchirures ni taches. On devine des yeux et des mains de femme qui veut et maintient la propreté. Cette femme, la voici, c'est la mère, jeune encore et sans âge : des yeux gris pensifs, une bouche fine et amère qui sourit gentiment. Elle est de race bretonne, acclimatée à Paris, façonnée par la vie de travail et de soucis.
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Daumier n'est donc pas un caricaturiste, ainsi qu'il a été catalogué facilement de son vivant. Il est caricaturiste exactement à la manière de Molière, c'est-à-dire qu'il est un peintre de caractères.
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Lorsque Gustave Moreau fut nommé membre de l'Académie des Beaux-Arts, un certain étonnement se fit jour. M. Jules Lefebvre, qui était également candidat, semblait bien plutôt désigné pour prendre place parmi la soi-disant classe dirigeante d'artistes qui siège à l'Institut.
Les sujets que se complaît à représenter Gustave Moreau sont bien choisis dans les mythologies qui passent pour fournir les inspirations supérieures. L'artiste a les yeux fermés au spectacle du monde moderne, cela est vrai, mais il a reconstitué les scènes symboliques de l'histoire des religions sans se livrer à l'imitation effrénée et inintelligente de l'art de l'antiquité qui est la faculté maîtresse de la plupart des peintres et des sculpteurs désormais ses collègues.
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Tout le monde vit, et Raphaël aussi, et comme, dit Condivi, " il était admirable dans l'imitation, il chercha, à l'aide de Bramante, à avoir la commande du reste.»
Il y eut une entrevue de Michel-Ange et du Pape, Bramante présent, où le peintre de la Sixtine exhala ses plaintes et accusa son persécuteur. Il eut gain de cause, acheva seul son oeuvre, sans avoir été aidé de personne, pas même d'un qui lui broyât les couleurs.
Condivi raconte aussi que Michel-Ange, pour peindre ce grand ouvrage, avait tenu si longtemps les yeux levés vers la voûte qu'il avait fini par y voir peu en regardant à terre: « Quand il avait à lire une lettre ou à regarder quelques menus documents, il lui était nécessaire de les tenir levés au-dessus de sa tête. Néanmoins,peu à peu, il apprit à lire encore en regardant en bas. Cette preuve nous donne la mesure de l'attention assidue qu'il porta à cet ouvrage. »
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[ postulant pour une place de bonne ]

_Comment vous appelez-vous ?
•Martine, Monsieur.
_Eh bien ! Martine, entrez toujours. Combien voulez-vous gagner ?
•Madame Cholet m'a dit que la place était de quarante francs.
_Quarante francs, bigre !...
Pour cela il faut avoir l'habitude de ma maison, et vous ne l'avez pas encore. Je ne vous aurais donc donné pour commencer que trente-cinq francs... De plus, vous n'avez aucun renseignement, cela est mauvais à Paris... Ce ne sera donc que trente francs... Après, nous verrons. Acceptez-vous ?

Martine était désappointée. Au village, fille de ferme, elle gagnait vingt francs par mois. Dix francs de plus pour quitter son pays, sa mère, ses amis et connaissances, ses habitudes !
Elle fut un instant avant de répondre, toute à ses réflexions.

_Si cela ne vous convient pas, ma foi ! tant pis. Il y en a d'autres à Paris qui ont besoin de gagner leur pain autant que vous, et qui ont les références voulues.

Elle accepta.
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Les autres expositions ouvertes sont des expositions de paysages. Quelle que soit la valeur des œuvres exposées, tous ceux-ci sont à bonne école de nature et ils feront bien d'y rester. L'étude attentive, acharnée, des formes et des jeux de lumière d'un paysage est absolument nécessaire pour former un peintre : il apprend là l'ensemble et les nuances, la construction permanente et la poésie de l'heure.
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Nous avons gardé tous deux, à travers la vie, le souvenir des jours passés dans cette région sauvage, presque solitaire, et ce fut ainsi que naquit une amitié qui ne s’est pas démentie depuis, et que l’on me permettra de manifester comme un hommage, non seulement à ce grand artiste, mais à cet homme simple et bon, si tendrement affectueux pour les siens, pour ses anciens compagnons d’existence, aujourd’hui réduits à quelques-uns.
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L'oeuvre de Goya se complète, au Prado, des peintures dont il avait orné sa maison bâtie au bord du Manzanarès. Le peintre, ici, rejoint l'aquafortiste. C'est la même fantaisie noire, la même force de cauchemar. J'ai revu là ces œuvres que j'avais entrevues au Trocadéro, lors de l'exposition de 1878.
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Sisley relève dès à présent de l'histoire de l'art. On le définira, comme tous les autres artistes, même les plus grands, mais il sera chez lui aux musées de l'avenir, avec un nom impossible à éluder, et des pages délicieuses, où les hommes qui ne sont pas encore nés trouveront à se réjouir et à s'émouvoir de l'une des plus fines sensibilités de notre temps.
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Elle était là, dans la pensée de l'artiste, pour toute l'éternité. La déesse et la momie devaient se regarder sans cesse, dans le noir du tombeau, avec des yeux qui ne voient pas, et se chuchoter les confidences ignorées avec des lèvres qui n'ont plus de paroles. Ces Égyptiens croyaient que l'existence se continuait dans cette auge de pierre où l'on déposait le corps. C'était là, cette maison des morts, la « demeure éternelle ». La maison des vivants n'était que l' « hôtellerie» où l'on passe.
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C'est ainsi qu'à Florence l'histoire, avec toutes ses duretés, ses violences, ses meurtres, se mêle à l'art le plus raffiné, le plus élégant. Je crois bien que de tous ceux qui ont écrit sur Florence, c'est Alfred de Musset, avec son air de fantaisie et de négligence, qui a le mieux exprimé ce caractère de la ville dont le drame de Lorenzaccio reste l'image multipliée en scènes vivantes.
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Deux mètres trente de long sur un mètre soixante de large, la muraille percée d’une lucarne, c’en est assez pour emmagasiner la poussée saccadée de l’ouragan et sa voix de fureur qui respire et qui expire, qui reprend haleine pour souffler plus fort.
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La destinée de l’isolé a été réglée d’avance par les magistrats en robes rouges, fourrés d’hermine ; ils ont décidé quel espace il occuperait, à quelles heures diurnes il prendrait ses repas, à quelles heures nocturnes les rondes des guichetiers couperaient son sommeil, quelle profondeur de l’horizon pourrait fouiller son regard. Un calendrier invisible et inflexible a réglé pour lui le cours du temps, l’inoccupation des heures,
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A Rome, Pierre-Paul assiste à la lutte d'influence livrée par les frères Carrache au Caravage, qui défend volontiers ses opinions artistiques l'épée ou la dague au poing. Gonzague, qui ne sert que très irrégulièrement le traitement de son pensionnaire, le charge cependant d'achats, et c'est ainsi que Rubens se rend acquéreur d'une toile de Caravage, la Vierge morte pleurée par les Apôtres y que l'église de la Scala avait commandée, puis refusée pour cause de réalisme, et qui excita une telle curiosité que le duc de Mantoue dut consentir à l'exposer publiquement pendant huit jours. Cette toile, payée 220 écus, est aujourd'hui au Louvre.
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