L’idée qu’un être n’ait rien d’autre à donner que son amour sans pouvoir trouver quelqu’un qui veuille bien de cet amour me parut insupportablement tragique.
Un bruit inattendu, perçu comme une menace potentielle pour Scarlett et Vashti, était pour Homère une pièce de plus au puzzle qui rendait son univers invisible pour lui compréhensible. (p.165)
Beaucoup de petits amis avec qui j'avais rompu au cours de toutes ces années me demandaient d'un air déconfit et d'une voix tremblante : " Alors ça veut dire que je ne pourrai plus voir Homère ? "
Malgré tout ce qu'il avait enduré et en dépit de tout ce qui aurait pu lui faire croire le contraire, il avait toujours su, dans les tréfonds de son âme de petit chat, qu'il y aurait un endroit où il se sentirait à l'aise et en sécurité.
Et à présent, il l'avait trouvé.
Les humains ont deux manières de dire autre chose que la vérité. La première, j'ai longtemps eu du mal à la comprendre, parce qu'elle ne s'accompagne pas des signes habituels de la pratique de la non-vérité. Comme la fois où Sarah a parlé de mes pattes blanches en les appelant "chaussettes".
Pandora (dont le diminutif est Pandy) était une siamoise de race pure et ne pouvait être décrite que comme complètement déjantée – même si l’expression n’était pas courante il y a vingt ans. Certains de ses problèmes étaient évidents même pour un simple observateur. Pour commencer, Pandy souffrait d’obésité morbide. Elle avait l’ossature fine et délicate du siamois des épaules à la tête et des hanches jusqu’au bout des pattes, mais son ventre supportait un excédent de sept kilos et demi de pur gras. La perfection de sa tête et de son cou de minuscule poupée de porcelaine présentait un contraste saisissant avec son énorme bedaine, qui dépassait de chaque côté de son corps comme un ballon et oscillait avec lourdeur quand elle marchait. Regarder Pandy se promener dans la maison me faisait toujours penser à une chanson qui passait souvent à la radio à Miami, à l’époque, et qui disait : « Secouez-vous… N’y allez pas trop fort… »
J’aimais tendrement Pandy, mais j’étais probablement la seule, abstraction faite de Maggie, la mère de mon petit ami Jorge. Elle n’était pas très douée pour se nettoyer le derrière, la pauvre. (Pandy, je veux dire – pas la mère de Jorge.) Je n’aurais pas su dire si c’était parce que son tour de taille l’empêchait d’y accéder ou parce qu’elle y avait fondamentalement renoncé, mais chaque fois qu’elle levait la queue, elle révélait un cercle marron compromettant, aussi permanent que s’il avait été tatoué sur sa fourrure, quelles que soient la fréquence et l’assiduité avec lesquelles Maggie s’attaquait à Pandy armée de lingettes.
De manière infaillible, Pandy fonçait droit sur les visiteurs et les invités qui s’intéressaient le moins aux chats, et quand, après qu’elle s’était frottée à leurs jambes à plusieurs reprises pour attirer leur attention, les infortunés visiteurs finissaient par céder et essayaient de la caresser, elle leur donnait un violent coup de patte, laissant dans son sillage confusion, traces de griffes et petites touffes de poils blonds, tandis qu’elle s’enfuyait pour aller trouver refuge sous le lit des parents de Jorge. Et gare à l’amoureux des chats sans méfiance qui tentait de lui caresser gentiment la tête et se retrouvait avec une main ensanglantée pour la peine !
J'avais qualifié Homère d'accident. Au fond de mon cœur, néanmoins je pensais qu'Homère avait été une surprise. Un accident, c'est quelque chose qu'on éviterait si c'était à refaire. Une surprise, c'est quelque chose qu'on ne pensait même pas vouloir avant de l'avoir. (p.154)
Chaque saut qu'Homère entreprenait était un saut dans l'inconnu. Homère était l'illustration du proverbe : la chance sourit aux audacieux ; il prouvait que, même si on ne pouvait pas voir la lumière au bout du tunnel, cela ne voulait pas dire qu'elle n'y était pas. (p.147)
Quelle différence y avait-il entre sauter du divan ou des rideaux puisqu'il bondissait toujours dans l'inconnu avec une foi aveugle dans l'existence de pistes d'atterrissage invisibles. (p.100)
Mes autres chats peuvent regarder par les fenêtres de notre maison, ainsi ils connaissent les limites du monde dans lequel ils habitent. Mais le monde d'Homère est sans limites et en fin de compte inconnaissable. Quelle que soit la pièce dans laquelle il se trouve, elle contient tout ce qu'il y a à contenir et est par conséquent infinie. Comme il a une relation des plus obliques avec l'espace et le temps, il les transcende tous deux. (p.25)
Pour moi, Homère me rappellera toujours ce que la médecine vétérinaire peut réaliser lorsqu'elle est habitée par l'idéalisme de la jeunesse. Il me rappellera toujours que la collaboration d'un vétérinaire, d'un maître aimant et d'un animal combatif permet de soulever des montagnes. (p.15)
Ce sont ces animaux qui touchent notre corde sensible avec leur incroyable capacité à survivre et leur irrésistible potentiel de vilain petit canard. (p.13)
Comme beaucoup d'animaux, les chatons sont capables de réorienter leurs capacités neurologiques pour parvenir à survivre grâce à un processus appelé adaptation environnementale individuelle. (p.12)