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Critiques de Ha Jin (15)
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La longue attente

Dans la Chine maoïste, une histoire d'amour qui en dit long sur l'oppression des libertés individuelles. Dans un hôpital de Mandchourie un médecin marié s'éprend d'une infirmière. Sa femme épousée il y a dix-sept ans en mariage arrangé et leur fille vivent dans un village éloigné, où il se rend une fois par an. Il veut et doit divorcer pour pouvoir être avec son infirmière et pouvoir continuer à exercer son métier, mais sa femme refuse. Au collimateur des autorités,il est pris entre deux feux, avec en perspective une longue attente…..

Sa femme , il en a honte, n'aimerait pas se faire voir avec elle en ville. Paysanne illettrée aux pieds bandés, elle a prit soin des beaux-parents, but du mariage arrangé, et lui a donné une petite fille qui grandit sans père. Son amie, une femme dans la trentaine encore vierge se saoule à la bière quand l'occasion se présente et voudrait qu'il l'épouse. La première désire avoir un rapport sexuel pour lui donner un fils, la deuxième pour pouvoir abandonner son statut de vieille fille. Deux images de femmes seules et courageuses à l'opposé l'une de l'autre, coincées dans les carcans d'une dictature, dont le sort d'aucune n'est à envier, surtout que l'homme qu'elles se disputent est loin d'être à la hauteur…..

Des descriptions de la Chine rurale, pauvre, avec le beau-frère qui coud le cul des porcelets pour pouvoir les vendre plus chers sur le marché et attrapé en est sévèrement puni , à celle d'une vie dans un hôpital emprisonnée par la bureaucratie, où la fréquentation intime des sexes opposés est interdit sous peine de sanction, on suit l'évolution des personnages esclaves d'un régime autoritaire, se débattant pour un destin personnel sans pourtant remettre en question les règles absurdes mise en place par les autorités . Mao partout présent comme Dieu, ils suivent ses règles absurdes comme des moutons.. Toujours difficile de comprendre pourquoi vénèrent-on son oppresseur ?

J'y retrouve ici cette simplicité un peu naïve qu' illustre pour moi la littérature chinoise, du moins de ce que j'en ai pu lire jusqu'à aujourd'hui . Mais une simplicité qu'accompagnent ici des personnages psychologiquement fouillés et une histoire intéressante avec maintes détails sur la vie rurale et celle citadine soumises à des règles de vie dictées par le régime. J'ai beaucoup aimé ces personnages dans leur fragilité, qu'accentuent des circonstances hors de leur portée.

Pour ma part une première réconciliation avec la littérature chinoise que j'apprécie en général peu ou pas . Une lecture que je dois à mes amis babeliotes Gonewiththegreen et Arabella que je remercie en passant ( Bruno va être content de cette première appréciation 😊).
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La longue attente

Lin, médecin militaire dans l'extrême nord est de la Chine n'est pas un homme heureux.Marié de force à Shuyu, une paysanne qui lui donna une fille, il s'éprend à la caserne de Manna.

Il passe sa vie à la caserne , loin de sa femme qu'il ne voit qu'une semaine par an ...pour lui demander le divorce. Qu'elle refuse. Il devra donc attendre 18 ans pour se séparer sans son consentement.



Roman qui nous plonge dans le quotidien de la Chine des années 70 au milieu des années 80, la longue attente traduit bien les antagonismes de la société chinoise , le clivage entre la campagne et la ville, le poids des cadres du parti mais aussi le revirement opéré sous Deng XiaoPing et la course à la fortune qui s'est opérée dans le pays.

Au delà de ces points d'intérêts, l'histoire en elle même n'est pas folichonne, Lin étant finalement un pauvre type déboussolé.

Par contre, les femmes sont fortes , faits assez récurrents dans les livres chinois . La Chine , pays , où l'égalité entre les sexes est assez prégnante, sauf sans doute au sommet de l'état.



La lecture est facile , émaillée d'immersions dans la société chinoise , avec des personnages principaux un peu fades et secondaires bien trempés. On hallucine depuis notre monde occidental devant les us et coutumes de l'empire du milieu mais c'est tout le charme de ces lectures du bout du monde .

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La liberté de vivre

Enorme coup de coeur pour ce livre! Nan, le héros du roman, est un immigré chinois qui vit aux Etats-Unis avec sa famille. Nous partageons ses rêves, ses doutes, ses colères et sa fascination quoique teintée d'inquiétude face au "rêve américain". Arrivera-t-il à s'acclimater dans son nouveau pays et à établir une relation sereine avec sa femme, Pingping? A construire un lien avec son fils Taotao qui a vécu quelques années en Chine loin de ses parents avant que ceux-ci puissent le faire venir en Amérique? Comment conciliera-t-il son rêve d'assurer une vie décente pour les siens tout en préservant son désir d'écrire de la poésie? Et cette poésie, doit-il l'écrire en chinois, son passé, ou en anglais, son avenir?
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La longue attente

Roman écrit par un écrivain d’origine chinoise, mais émigré aux USA, il a été publié en anglais en 1999 et en traduction française en 2002. Il évoque la société chinoise de la fin des années 60 jusqu’au années 80.



Les deux personnages principaux, ceux qui vont vivre la longue attente du titre, sont Lin Kong, un médecin militaire, ainsi qu’une infirmière Manna Wu. Ils travaillent tous les deux dans le même hôpital militaire et tombent amoureux. Mais Lin Kong est marié : un mariage arrangé par ses parents, qui ont choisi l’épouse, Shuyu. Cette dernière s’est occupée avec dévouement de ses beaux parents jusqu’à leur mort, et elle a donné une fille à Lin Kong. Mais ce dernier ne l’aime pas, a honte de ses petits pieds bandés, et ne va la voir qu’une fois l’an, pendant ses congés dans leur village natal. La rencontre avec Manna change la donne : il demande le divorce. Shuyu consent en apparence mais à chaque fois, à chaque retour de Lin au village, lorsqu’il l’amène voir le juge, refuse au final, sans doute poussée par son frère. Les choses traînent ainsi, car même dans l’absence de vie conjugal, il faut 17 ans pour que le divorce soit prononcé, malgré le refus de l’épouse. Lin et Manna, sans l’avoir prémédité, vont donc endurer cette attente, même si Manna a bien tenté de trouver un autre prétendant, mais sans succès.



Un roman vraiment intéressant, qui montre le fonctionnement de la société chinoise de l’époque, la manière dont tous les aspects de la vie des individus sont contrôlés. Lin et Manna sont ainsi dans l’impossibilité de vivre une liaison en attendant de pouvoir se marier : déjà par manque de lieu adéquat, et aussi parce que cela aurait des conséquences funestes sur leurs vies. Tous les interdits et normes paraissent complètement intégrés par les individus, qui à aucun moment ne se permettent d’émettre la moindre critique contre le système. Il s’agit surtout de ne pas se faire remarquer, de ne pas faire de vagues, d’être dans la ligne. En espérant pouvoir construire un semblant de bonheur dans les interstices. L’auteur montre aussi comment tout cela corrode les personnes, qui ne s’en rendent même pas compte, et qui tournent leurs frustrations contre elles-mêmes ou contre les gens de leur entourage. Plutôt que de penser que les choses ne vont pas, qu’elles sont injustes ou idiotes. A aucun moment les personnages du roman ne s’autorisent de juger les règles qu’ils subissent, qu’ils semblent considérer comme des lois de la nature, qu’il s’agit de comprendre et auxquelles il faut s’adapter le plus rapidement possible. Car il y a des changements, en fonction d’une conjoncture politique, que l’on devine plus qu’on ne la voit. Car là aussi, on est dans l’indicible, le non formulé. On entrevoit par exemple à la fin du roman un démarrage du capitalisme, on voit certains s’enrichir, acquérir des biens, faire du commerce. Mais tout cela dans une sorte de flou, du non dit. Certaines choses deviennent tout d’un coup autorisées alors qu’elles étaient interdites, il ne s’agit pas de juger, mais de suivre, tout en essayant de ne pas trop en faire, car un retour du bâton est toujours possible. Cela dresse au final un tableau assez terrifiant de la mentalité chinoise, d’une forme de sur-adaptation à la tyrannie.



Mais le roman est aussi drôle, d’une manière assez subtile, dans le second degré. Alors qu’il dépeint la vie de personnes empêchées, bridées, cassées. Avec empathie et intérêt, mais sans oublier une forme d’esprit critique, sans oublier leurs défauts et petitesses. Un tragique du quotidien centré sur des individus ordinaires, avec leurs faiblesses et ridicules, mais aussi toute leur humanité, même si des barrières rendent son expression compliquée.



Une très bonne lecture.
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La longue attente

J'ai trouvé ce livre dans une boîte à livres. Je ne connaissais ni le livre, ni l'auteur. Ce fut un coup dans l'eau pour moi. Toutes mes excuses à l'auteur, mais je me suis beaucoup ennuyée dans cette lecture.

Le point positif reste la découverte de la Chine des années 70. Ce mode de vie très éloigné du notre, incompréhensible à nos yeux. On assiste à l'étalage de toutes les traditions qui contrôlent la population.

Je pense que je ne connais pas suffisamment la littérature chinoise pour pouvoir la juger et l'apprécier comme il se doit. Malgré un style abordable, le rythme très lent me rebute un peu. Ceci-dit, pour une histoire relatant une attente de 18 ans, il fallait tout de même s'y attendre.

Cependant, je ne m'avoue pas vaincue. Même si cette lecture ne m'a pas convaincue à apprécier la littérature chinoise, je ferai de nouvelles tentatives, juste pour voir.
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La Démence du sage

J’ai refermé ce roman La démence du sage avec regret et il m’a laissé longtemps après la lecture une sensation de sérénité, mais aussi de profonde tristesse.

Les événements se déroulent au printemps 1989 à Shanning, dans le sud de la Chine. Jian Wan est un jeune étudiant à l’avenir prometteur à l'université de littérature de Pékin, sous la maîtrise du professeur Yang (son futur beau père aussi). Lorsque ce dernier subit une attaque cérébrale, qui l’oblige à être hospitalisé, le Parti lui assigne le devoir de rester à son chevet. Le vieil homme est très perturbé : alternant les périodes de sommeil et des phases d’agitation intense, son discours semble totalement incohérent. Tout d'abord gêné de l’attitude inconvenante de cet homme respectable, Jiang comprend peu à peu que ses propos ne sont que l’évocation des différentes périodes de la vie de Yang : son parcours au Parti socialiste, son enfermement dans un camp de redressement, les différentes femmes de sa vie. Peu à peu, Jian est troublé par cette existence faite d'humiliations, de trahisons, de choix moraux : les paroles de son maître font éclater ses certitudes et lui ouvrent les yeux sur la vacuité de son existence. De fait, il s’éloigne peu à peu de ses amis, de sa carrière et même de sa fiancée et finira par participer à une manifestation sur la place Tienanmen qui scellera ses choix et donc son destin.

C’est un roman puissant, très fort qui dissèque avec précision tous les ressorts du fonctionnement du Parti maoïste. Celui-ci maitrise tous les aspects et les moments de la vie des chinois, jusqu’à leur mariage, et la réussite ne peut être obtenue que par la soumission à des dirigeants corrompus. Toute réflexion personnelle ou toute forme d’indépendance est irrévocablement brisée. Ha Jin réussit à travers le parcours du professeur Yan, non seulement à évoquer les terribles trente dernières années du maoïsme, mais aussi son fonctionnement contemporain tout aussi dictatorial. A travers le parcours personnel de Jian, il permet de comprendre comment des milliers de jeunes gens comme Jian ont pu tenter de briser le joug en ce terrible printemps de 1989.

Le style est puissant bien que très épuré dans l’écriture. Et pourtant, que d’émotions, de tristesse, de choix douloureux sont évoquées dans ce roman magnifique

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La Mare

La mare, c'est l'usine où travaille Bin, trop petite pour laisser s'épanouir ses talents d'artiste et de calligraphe. Mal vu par ses supérieurs, bloqué dans sa progression, interdit de nouvel appartement, il s'aigrit et cherche à se venger. Les caricatures qu'il envoie aux journaux ou qu'il met sur les panneaux d'affichage de l'usine, dénoncent l'incompétence de ses chefs et leur animosité à son égard. Le conflit s'envenime et arrive jusqu'à Pékin...



Une fois entré dans cet univers chinois des années 70, on s'attache à ce héros et on suit ses actions, intrigué par le fonctionnement de l'appareil communiste. Le ton reste toutefois toujours léger, parfois cocasse, et l'ensemble ressemble à une sorte de parabole du pot de terre contre le pot de fer.
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La longue attente

C'est le dilemme poignant d'un homme ordinaire que Ha Jin s'attache à décrire, un homme qui passe à côté de l'existence simplement parce qu'il essaie de faire son devoir: d'abord celui que lui dictent la tradition et ses parents, ensuite celui que définit le Parti communiste chinois. Li Kong est un médecin militaire dans un hôpital de Mandchourie, il retourne chaque été dans son village pour y retrouver son épouse et sa fille. Il a autrefois accepté ce mariage arrangé par ses parents. Il est amoureux d'une collègue infirmière, éduquée et moderne, à l'opposé de son épouse, une humble paysanne aux pieds bandés qui tient sa maison. Il essaie d'obtenir le divorce depuis 17 ans, mais rien à faire..

Un beau livre qui nous permet de vivre l'atmosphère de la Chine des années 1966 à 1980, avec sa bureaucratie envahissante, son atmosphère de délation..

Un livre où se retrouve la propre expérience de l'auteur, Ha Jin, qui a servi six ans dans l'armée populaire de libération avant de quitter sa Chine natale pour les USA en 1985.

Ha Jin écrit en anglais. Il s'agit ici de son 2ème livre qui lui a permis d'obtenir le "National Book Award";
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La longue attente

Le thème du roman peut faire redouter une certaine difficulté à l'aborder, puisqu'il décrit une attente, une inaction, une consommation vaine du temps.

Un jeune médecin militaire chinois, marié de force par sa famille, exerce son art et son devoir de bon communiste loin de sa femme officielle. Au quotidien, il est éperduemment amoureux d'une jeune infirmière avec laquelle il ne peut rien entreprendre car ses devoirs de fils, d'époux, de médecin, de militaire, de communiste anihilent toute vélléïté de choisir une autre vie que celle qui lui est imposée.

La longue attente est l'histoire de ces longues années durant lesquelles ce pauvre homme attendra que son épouse légitime accepte le divorce qu'il a demandé.

Ce roman est extraordinaire car à aucun moment le lecteur ne s'ennuie ou a l'impression d'attendre. Tout au contraire, une foule de sentiments, de doutes, d'hésitations, d'avancées, bref de descriptions psychologiques fines de ce que devait être le quotidien de millions de chinois du temps de Mao.

Les plus: la découverte de l'intérieur de la psychologie sociale du temps de Mao, la grande vraissemblance du roman, le style épuré, la fin très réussie.

En moins : rien!
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La Démence du sage

A l'Université de Shanning, Yang, un des professeurs les plus connus, a une attaque cérébrale et est hospitalisé. Jian, un de ses élèves les plus doués, et le fiancé de sa fille, reste à son chevet tous les après-midi. Mais Yang se met à délirer, il parle d'une femme (de quelle femme ?), de Mao, de sa vie, de tout ce qu'il a raté, de ce que le Parti l'a empêché de faire, de tout ce qu'il n'a jamais osé dire. Et Jian, peu à peu, réfléchit à sa vie à lui, à son avenir. Est-ce qu'il veut lui aussi être professeur, c'est-à-dire employé de l'Etat ? Est-ce qu'il veut vraiment rejoindre sa fiancée à Pékin ? Et pourquoi a-t-il refusé cette Bourse pour une université étrangère ?



Mais nous sommes en 1989, et à l'arrière plan la révolte des étudiants prend de l'ampleur à Pékin. Yang les rejoint sur un coup de tête, c'est le massacre de la place Tian'anmen…



Un peu déconcertée au début par le sujet (un vieil homme qui délire dans un lit d'hôpital…), j'ai vraiment été prise par le sujet. C'est peut-être la découverte de la vie chinoise actuelle (ou presque) vue de l'intérieur qui est passionnante pour les occidentaux, mais c'est aussi le style tout en nuance qui exprime avec lucidité, parfois avec cynisme, l'état d'esprit des étudiants chinois.
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La Mare

Excellent livre ...



Dans la Chine populaire, peu après la mort de Mao, Bin et sa femme occupent un tout petit appartement avec leur fille de 2 ans. Employé d'entretien à l'usine d'engrais locale, bien noté, calligraphe et peintre pendant ses loisirs, Bin espère obtenir un appartement plus grand par son entreprise.



Le refus de ses chefs, qui ont, une fois de trop, favorisé leurs protégés, pousse Bin à dénoncer cette injustice en dessinant des caricatures (publiées dans un journal local) puis des lettres accusatrices adressées aux notables locaux, puis, comme elles restent sans effet, il en arrivera à les adresser à un journal national !



Ses mésaventures m'ont, par moments, fait penser à celles qui se produisent dans les romans finlandais d'Arto Paasilinna.



Un peu désabusé, mais toujours plein d'entrain Bin mène sa barque avec dextérité et infléchit son destin ...



Mais vivra-t-il un jour dans un appartement plus grand ?



J'ai dévoré ce livre en moins de 24 heures (OK il ne fait que 200 pages), le lisant presque d'une traite ...

Cela fait bien longtemps que ça ne m'était pas arrivé !



Je vous le recommande donc chaudement !
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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La longue attente

Un beau livre doté d'une belle écri-ture. Découverte de cet auteur. (Lu en 2002)
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La longue attente

Lin Kong, médecin militaire dans un hôpital de Mandchourie, retourne chaque été dans son village pour y retrouver son épouse et sa fille.

Il a autrefois accepté ce mariage arrangé par ses parents. Mais depuis dix-sept ans, à chacun de ses retours, il tente d'obtenir le divorce, en vain... Cessera-t-il d'être prisonnier de cette union, surtout lorsque l'on sait qu'un constat d'adultère le priverait d'exercer son métier ? Sa passion pour une jeune infirmière restera-t-elle à jamais impossible ? Avec pour toile de fond, de 1966 à 1983, une Chine attachée à ses traditions séculaires autant qu'opprimée par la bureaucratie communiste, La Longue Attente explore par touches délicates les affres des amours contrariées face à l'impitoyable marche du temps.
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La longue attente

Lin Kong est un médecin militaire dans un hopital en Mandchourie. Il a accepté autrefois un mariage arrangé par ses parents avec une paysanne aux pieds bandés pour laquelle il n'éprouve que de la honte. Vivant à la ville, il ne retourne à son village qu'une fois par an pour retrouver sa fille et sa femme. Mais Lin a rencontré Manna, une jeune infirmière. Un adultère comprometerait leur carrière et leur réputation. Pendant 17ans, Lin va alors essayer d'obtenir en vain le divorce. 18 ans, pendant lesquel Manna et lui attendent d'avoir une relation plus poussée.



Tableau de la Chine communiste des années 60 à 80, ce roman nous montre un pays encore coincé dans ses traditions séculaires. Le Parti interdit toute relation entre les 2 sexes chez les personnes non mariés, réprouve le divorce. Les livres sont censurés et confisqués. On apprend que des couples peuvent être affectés à des villes éloignés, au détriment de la vie familiale et que le collectif prime avant tout sur la vie personnel. Pas de vie privée dans la Chine communiste !

"La longue attente" ou comment un parti totalitaire veut régler la vie de tous dans leur intimité, jusque dans leurs rêves.



L'auteur s'interroge aussi sur le désir et l'amour. Une si longue attente ne tue-t'elle pas l'objet du désir ?

Alors qu'ils obtiennent enfin satisfaction, des interrogations se posent sur la véracité de leur amour. L'amour platonique ne s'est-il pas émoussé à force d'attente ?

Lin, amer, semble toujours hésiter entre les 2 femmes. Il se laisse vivre et accepte avec peu de rebellion les règles imposées par le Parti. On aimerait presque le secouer !

De plus, la condition féminine ne parait pas très réjouissante : le rôle de la femme est de s'occuper de son mari et de ses enfants. Et elle semble peu active et délègue les décisions importantes à l'homme.

La Chine d'aujourd'hui a-t'elle tant changé depuis cette époque ? pas sûr...



Une lecture dure et dénonciatrice qui n'est pas exempte de quelques longueurs. Il se passe peu de choses pendant les 20 années du couple que nous suivons et, tel un hommage au titre, on attend longtemps le dénouement. ça reste pourtant un roman très intéressant pour découvrir la vie sous la domination du Parti communiste.
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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La longue attente

Lin Kong n'a pas choisi son épouse.

Soucieux de leurs vieux jours, ses parents comptaient sur une belle-fille qui prendrait soin d'eux.

Ils lui ont imposé Shuyu, une paysanne aux pieds bandés, saine et industrieuse, mais pour laquelle il n'a aucune affection.

Une situation courante dans la campagne mandchourienne.



Peu après la naissance de leur enfant unique, seul autorisé par le Parti, Lin Kong s'en va travailler en tant que médecin dans un hôpital citadin.

La plupart des infirmières lui vouent une sincère admiration.

Mais coincées par des règlements stricts, elles réfrènent toute velléité démonstrative.

C'est que l'Autorité abhorre, décourage et réprime les rapprochements de personnes de sexes opposés, toujours susceptibles de déboucher sur des idylles et donc des copulations et donc des naissances, ce que l'idéologie maoïste en vigueur entend précisément contrôler.

Rien que des regards obliques et des sourires furtifs, donc.

Pas de quoi détourner Lin Kong de sa passion pour la littérature étrangère qu'il assouvit en cachette et en totale infraction avec les recommandations du Parti.



Mais il y a Manna Wu, une jeune infirmière qui ose un regard un rien plus appuyé, auquel répond un demi-sourire approbateur.

La naissance d'une passion !

Pas question de s'emballer toutefois : même s'il ne visite plus son épouse qu'une fois par an, et encore dans le seul but de l'inviter à consentir au divorce , Lin Kong reste un homme marié.

Il ne s'agirait pas de s'afficher aux côtés d'une autre femme; ce n'est pas seulement l'Autorité, c'est surtout la Tradition qui réprouverait une telle relation extra-conjugale, quand bien même le verbe "aimer" n'a plus été conjugué depuis belle lurette - à supposer qu'il l'ait été un jour !

Et puis ce serait la ruine de leurs carrières respectives de médecin et d'infirmière et de leur situation privilégiée qui leur permet au moins de manger tous les jours et de loger dans des dortoirs - unisexes cela va de soi - moins exigus que la moyenne.

Donc il faut obtenir le divorce, ce à quoi consent Shuyu mais à chaque fois que le juge lui demande de confirmer qu'elle n'aime plus son mari, elle craque, fond en larmes et le divorce est remis au plus tôt à l'année suivante.



La loi chinoise prévoit cependant que le divorce peut être obtenu unilatéralement après dix-huit ans de séparation.

Manna et Lin Kong vont-ils réellement devoir patienter tout ce temps pour enfin pouvoir s'étreindre, jauger s'ils se plaisent vraiment et finalement fonder une famille ?

Leur passion résistera-t-elle à cette longue attente ?



Ha Jin dissèque les sentiments d'amoureux soumis au poids des traditions, contrariés par les injonctions de l'Autorité, défiés par le temps qui passe impitoyablement.

Il a obtenu le National Book Award pour ce roman.
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