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2.9/5 (sur 10 notes)

Nationalité : Yémen
Né(e) à : Aden , 1956
Biographie :

Habib Abdulrab Sarori est informaticien et écrivain.

En 1976, il s’installe en France où il poursuit ses études. Il est titulaire d'un master en informatique à l'Université Paris-VI (1983) et d'un doctorat de l'Université de Rouen (1987).

Il est actuellement professeur d'informatique à l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA) de l’Université de Rouen.

Après avoir publié un premier roman, "La Reine étripée" (1998), écrit en français, il choisit l’arabe comme langue d’écriture littéraire et publie huit romans dont "Ṭa‘ir el-kharab" ("L’oiseau des ruines", Riaḍ el-Rayyes, 2011), 'Ṭaqrir al-hudhud' ("Le rapport de la huppe", Dar al-adab, 2012) et 'Ḥafid Sindibad' ("Le petit-fils de Sindbad", Dar al-Saqi, 2016).

Il est également auteur de plusieurs essais et nouvelles.

La traduction par Hana Jaber de "Ibnat Suslov" (Dar al-Saqi, 2014) a paru chez Actes Sud (collection Sinbad) sous le titre "La Fille de Souslov" en 2017.

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Source : http://www.lorientlitteraire.com
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La fille de Souslov


Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Trois jours plus tard, de ma chambre d’hôtel me parvenait le brouhaha assourdissant de ce qui semblait être une manifestation. De la fenêtre ouverte, on pouvait voir la rue recouverte de noir. C’était une manifestation de femmes. Des milliers de corps enveloppés de noir, en rangs serrés, tenant par la main chacune un jeune enfant, fille ou garçon, car “une femme pieuse ne va pas seule dans la rue”, selon la vulgate salafiste. Le flot de femmes était précédé de banderoles marquées de slogans qui semaient en moi la confusion : “La charia autorise quatre épouses”. Celui-ci illustré avec l’image d’une main à quatre doigts, le pouce étant retourné vers l’intérieur de la paume. Un autre slogan annonçait : “Le projet qui interdit la violence contre les femmes est discriminatoire et va à l’encontre des principes de la charia islamique.” Sur une troisième banderole, on pouvait lire : “Le projet interdisant de battre sa femme porte atteinte aux droits de l’homme, tels que définis par le verset 34 de la sourate des femmes.” La rue était parcourue d’un déluge noir impressionnant, plus effrayant dans sa réalité qu’un film d’horreur. Il suscitait en moi, moderniste particulièrement allergique aux ténèbres et à la terreur, une envie de vomir et de me boucher les oreilles !
J’étais à la fenêtre et je scrutais ce paysage surréaliste qui suscitait mon horreur......
( Ce n'est malheureusement pas de la fiction )
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Le jour où les élèves recevaient leur bourse d’études mensuelle, il fallait voir les patrons de bouis-bouis et les catins de Saysaban, munis de carnets de comptes qui listaient des dettes de repas et de fornication, attendre leur tour afin d’effacer l’ardoise de leur clientèle estudiantine tant que leurs poches étaient encore remplies !
( Aden-Yemen )
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Elle avait remarqué que les baisers atténuaient mon trouble, et fonctionnaient comme une amphétamine pour un élève sensible affolé par ces ambiances peu coutumières. Du bout des doigts, elle y ajouta des touches
délicates et magnétiques de part et d’autre de ma taille, avant de nous entraîner magistralement dans une danse dont elle connaissait le tempo et menait les pas, avec une maestria et une douceur infinies. Puis elle me dit
des mots réjouissants, que seuls les thaumaturges et les gourous peuvent proférer : “Tu es très beau, mais tun’es pas détendu. Reviens vendredi prochain, à la même heure, ce sera gratuit !”
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J’avais commencé par la lecture de L’Art de la guerre
du stratège chinois Sun Tzu, où il disait : “Tout réside
dans l’art de vaincre l’ennemi sans avoir à l’affronter,
sans la moindre perte et sans verser la moindre goutte
de sang !” À un autre endroit du livre, il écrivait : “Avant
de s’engager dans une bataille, il faut s’assurer de l’avoir
complètement gagnée !” Il définissait un moyen pour y
arriver : “l’intelligence absolue” !

Un langage auquel ni notre civilisation ni la civilisation occidentale n’atteignaient. À l’exact opposé méthodologique du slogan arabe particulièrement enraciné,
densément résumé par le stupide adage yéménite : “La
bravade est la moitié de la bataille.” Un langage qui
était le contraire éblouissant de celui de la civilisation
occidentale, fondée sur la culture du spectacle militaire,
les offensives criminelles et arrogantes, et ce depuis la
guerre de Troie jusqu’à la destruction de l’Irak, en passant par deux guerres mondiales.
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Elle l’oubliait complètement et reprenait sa voix langoureuse, fraîche et
enjouée, amoureuse. Sa voix était faite d’éclats colorés,
c’était un arc-en-ciel sonore. Tous les pores de son corps
respiraient ces instants paradisiaques dédiés, de bout en
bout, à moi seul.

Rien ne l’agaçait, ni ne la faisait sortir véritablement
de ses gonds, hormis de rares appels de son mari, plongé
dans ses contemplations théologiques au whisky. Peut-être reconnaissait-elle, au timbre de sa voix, l’intensité
de la biture qu’il prenait. Parfois, son appel prenait des
airs de romance, ou plutôt de débauche sénile, suscitant
la moquerie et le mépris de son épouse. D’autres fois,
son appel parvenait agressif et détestable, la sommant
de rentrer aussitôt.

Elle le maudissait tout haut, usant des pires anathèmes
religieux, dont le très romantique “Que Dieu brûle son
cœur” : car au cours de ces six heures, sa liberté était
sacrée, et il ne pouvait y toucher.
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En plein air, dans cet environnement sablonneux,
leurs conversations revenaient inévitablement au sexe : Saysaban était un film pornographique qui avait une
oasis entière pour écran de projection,

un lieu orgiaque pour les classes opprimées,une échappatoire amoureuse pour le prolétariat miteux, des entrepôts à sexe pour les démunis.
Que de bons compagnons… Chaque tente se composait de deux cloisons qui, montées en croisillon, délimitaient quatre pièces recouvertes de tissus épais, dotées chacune d’une porte. Les portes ouvraient sur quatre prostituées, accroupies ou allongées, éclairées d’une lumière pâle. Des catins qui attendaient des clients venus du lycée d’à côté, mais aussi de tous les quartiers d’Aden, voire de l’ensemble du Yémen démocratique.
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Ce fut un jour inoubliable, imprégné des mains de la “doctoresse”, de sa voix, de sa douceur d’Abyssinie, de sa suavité, de sa peau d’amande qui exhalait des senteurs de jasmin, d’œillets et autres fleurs sauvages. Pour m’apaiser, elle s’y prenait comme pour me soigner d’un mal, m’offrant son visage agréable, son corps gracile, et sa bouche magique où s’alignaient ses dents d’une blancheur éclatante, que le seul fait d’embrasser me comblait de bonheur. Notons, au passage, que j’avais revu mes expectatives à la baisse, moi qui étais venu avec l’enthousiasme d’un kamikaze, et la soif d’un prisonnier fuyant une condamnation à perpétuité.
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La charia parle
de « frapper » au sens éducatif, c’est doux et léger. C’est
un honneur que Dieu fait à la femme que de la faire
frapper : sans violence et sans insultes ; sans bâton, avec
une tige de siwak, par exemple, pas plus !
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“Quiconque n’a pas vécu des amours clandestines avec
une salafiste n’a pas connu l’amour.” J’avais lu quelque
part cette phrase qui était devenue ma devise depuis
le début de nos répétitions pour le jardin d’Éden, avec
Amat al-Rahman.

C’est une chose vraiment surprenante. À croire que
la femme salafiste fait l’amour pour se venger de tous
les interdits, frustrations et barrières, ou qu’elle est tenue
par la religion d’en faire à elle seule autant que soixante-dix houris dans un seul lit. Gloire à l’amour salafiste et
à ses concupiscences débridées !
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Pendant près d’une demi-heure d’initiatives heureuses et de vengeances bénies, je vivais des instants denses, frémissants, géniaux, où je me livrais à des acrobaties que les miroirs rendaient plus complexes, plus surprenantes et plus inventives. Nous éprouvions alors un plaisir
intense qu’elle tenait à regarder avec moi, tout comme elle tenait à regarder notre propre spectacle coïtal. Pour se venger de lui, elle m’inondait de son plaisir, ce qui la
vengeait davantage, et décuplait son plaisir.
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