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Citations de Henri Deluy (55)


Henri Deluy
Et tout ce temps



Et tout ce temps
Que tu passes
À être morte.

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Personne ne venait …


Personne ne venait, personne. Celle
Que tu voyais debout, couchée,

Presque nue, à demi nue, dans tes
Rêves. Avant. Après. Puisque tu

Ne rêvais jamais.
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Henri Deluy
 
 
Odeur proche …


Odeur proche d’une
Femme à sa
Toilette
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Assis au bord d'une chaise défoncée,
nauséeux, malade, à peine vivant,
j'écris des vers tout d'abord pleurés
pour la ville où je suis né.

Il faut les trouver, ici aussi
sont nés mes tendres enfants
qui t'apportent tant de douceur parmi les tant de peine
Il faut apprendre à résister.

Ni à s'en aller ni à rester
à résister
même s'il est sûr
qu'il y aura plus de peine et d'oubli.

2015 - [Poésie/Gallimard n° 92, p. 221]
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Je voudrais tant que tu sois cet air
Qui m'entoure et me pénètre
Pouvoir te respirer.
Te voir dans la haute lumière
Et passer en toi.

Où sont tes bras, tes mains,
Les blanches terres plus que belles,
De tes épaules, tes seins brillants?
J'ai tellement soif,
Tellement faim.

Herman Gorter
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Henri Deluy
Même paysage



Même paysage ne signifie pas
Mêmes collines, mêmes floraisons.
Ou mêmes regards. Même lumière.

Même couleur du vent.
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LE COEUR DE PIERRE

Là-bas, où se croisent rivières et chemins
sous l'hiver d'un ciel boueux, la plainte
de l'arbre immobile me parvient. Là-bas,
bien que je sois sous un autre ciel, bleu et
froid, que je m'abrite derrière le carreau embué
par la chaleur moite de la maison.

Plus d'une fois la plainte se fait entendre
et pendant ce temps, face à la fenêtre,
j'imaginais ce lointain hiver; pas même
la musique (vivaldi - un vieux disque,
et toujours cette inévitable rayure
un peu avant la fin) n'a pu me faire
oublier la voix surgie d'on ne sait où.

L'arbre : jalon au centre de cet espace
sans frontière, entre chemins, rivières
et nuages. Il signale aux derniers oiseaux
le point d'un retour possible; dépouille-toi
et de tes bras desséchés fais en sorte
qu'un fruit naisse de ton image stérile.
NUNO JUDICE
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Henri Deluy
Les cigales



Seules les cigales savent se taire.
Adhérer au silence, comme fusillées.
Jusqu’à ce qu’elles n’y tiennent plus
Et se mettent à rebâtir la même phrase.

L’orage, lui, se couvre d’un linge.
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MATIN

La mer frappe à ma fenêtre dans le matin imprévu.
Je n'étais pas un corps mort.
Je buvais ce qui restait,
notais les choses,
je leur donnais leurs derniers traits,
et la mer est venue battre à ma fenêtre,
elle m'a abandonné :
corps mort.

RIF'AT SALLAM
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Derrière la palissade rouge
on aimerait vivre et vieillir très
longtemps, on serait
un homme sans crainte, sans presque
de désir et seulement les arbres
parleraient de vous, diraient la sève
et le surcroît, l'immobile
mouvoir des heures et puis la mort
comme une écorce mouillée, on serait là, les yeux
ouverts, juste une vie, derrière une palissade rouge.
CLAUDE ESTEBAN
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Au détour d'une phrase
tu reviens, c'est l'aube dans un livre, c'est
un jardin; on peut
tout voir, la rosée, un insecte
sur une feuille et c'est toi
qui te lèves soudain parmi les pages
et le livre devient plus beau
parce que c'est toi
et tu n'as pas vieilli, tu marches
lentement vers une porte.
CLAUDE ESTEBAN
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NEUVIEME CENTAINE


La couverture

5
1/5

impossible
dans les gants les draps

pillage du frottement
impossible frottement
les draps


5
6/10

ton étoffe dans le son
si petit
qu'il déchire ta bouche

avec mon œil qui est encore ce qui te voit le mieux
impossible transparence
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SCENE RUSTIQUE

Dans les cimetières de province le portail en fer
grince d'une lenteur éternelle. L'après-midi, des pauvres
viennent là, leurs chapeaux troués à la main, attendre
les visiteurs. Les morts, eux, n'assistent plus à rien,
immobiles dans l'herbe de leur lit. Et celui qui regarde
le ciel où surgissent les premières taches du crépuscule,
saisira un ordre dans le vol des oiseaux que l'automne
chasse vers le sud. En silence, ils propagent à l'horizon
leur inquiétude. Et pourtant, si vous poussez un cri, vous
percevrez une hésitation dans leur vol : comme s'ils attendaient
à peine ce signal pour retourner à leur ancien nid
et s'y endormir. Voilà ce qui est arrivé à ceux
qui sont sous les pierres : ils ont rebroussé chemin quand la vie
leur a fait signe; ils n'ont pas voulu atteindre cette ligne
qui partage la terre en deux. Parfois un visiteur
ne peut étouffer un gémissement plus fort. Un arbuste
bouge au vent froid qu'apporte la nuit. Cependant
certains croient que les âmes réagissent à ces faibles
stimulations; et qu'il suffit de faire couler ses larmes
pour qu'en plein hiver, comme un oiseau repenti,
la vie revienne.
NUNO JUDICE
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Même dressée en moi



Même dressée en moi l’eau court,
Comme dans un lit,
Et je suis l’eau,
En quelque point à l’intérieur de moi,
Elle se forme,
Elle surgit dans mon sexe
Et débouche à l’océan de l’air.

Je perds membres et forme
Parce que je suis l’air,
Légères dans les particules
Que je respire
Tout est un jardin infini
Où la douleur est impossible
Je suis le public
Et je suis le dieu de la musique.

Je perds mes organes et mes sens
Je ne suis qu’une porte.


//Angela García

/ Traduction de l’espagnol (Colombie) par Henri Deluy
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Jeudi 5 février



Maquillage de plomb tu ne naviguais
Pas de femmes-marins disais-tu dans
Ce froissement d’épaules autres tapi
Neuses d’Alexandrie mauvaises herbes
Sur la plage pièce vide ou récemment
Repeinte et sur la couleur des yeux
Taillés en amande bleu pervenche

*

Magnifique


Henri Deluy nous a quitté le 21 juillet 2021.
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Les nuages…

   
   
Les nuages se couvraient d’oiseaux. – Tu insistais.
Un peu de lumière était tout ce qui restait.
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Mercredi 11



extrait 2

L’organisation des couleurs dans les formes
L’organisation de la forme des couleurs
L’organisation de la couleur des formes
L’organisation du délire de la couleur
Et des formes

L’organisation
L’imagination organisée


*

Catalogue expo Cobra Moscou
Et bistro en terrasse
Première prostituée
Sur le bord d’un trottoir
Des voitures s’arrêtent
Vue sur le dôme de l’hôtel
Ukraïna
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Le mot pour dire lion



De ma bouche ouverte au vent, pleine de temps,
gouffre d’air, je hèle l’animal et il vient.
Il passe le pont houleux de la langue,
la courbe d’un bras qui s’élève au-dessus
de l’eau, cède et enfin sombre

dans son propre reflet. Le mot pour dire lion
se courbe et s’étire, monte, se recroqueville.
Papier consumé par le feu ; aucun mot
n’est assez grand pour tant
de rouge et d’or bruts.

Il ne marche pas, il tue les distances.
Son cri sort d’un ventre de terre,
est effondrement, mortel glissement.
Il lèche de sa langue ma langue à l’écorcher,
se frotte contre les barreaux de ma bouche.


// Esther Jansma (24/12/1958 -)
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L'aube
(La madrugada, 1917)

Tourne la nuit aux aiguilles
de la triste et lourde
horloge du clocher.
Roule la peine d'un tramway
qui solitaire s'habille
de mélancolie bleue...

Un soupçon de brouillard
entoure le café
de fine pénombre...
Pleure la nuit qui agonise.
Où je vais?... Ce que je cherche?...
Je ne sais pas... ne sais pas...

Peut-être Margot qui fut,
triste et lointaine,
la trêve de mon cafard?
Est-ce sa vieille fenêtre?
Est-ce sa voix qui m'appelle?
Est-ce l'ami vaincu
qui, hier même,
m'embrassait en pleurant?
Je ne sais où je vais, cherche sans cesse
Ce que je dois trouver dans ta pénombre...

Je veux traverser l'aube,
cherchant dans la brume
celle que je ne peux oublier...
Vieux éclairs d'ennui ;
la lumière de l'aube vibre
et meurt en moi.

Sortilège où me plongent
la lune d'argent
et le café louche...
Pleure la nuit dans la rosée.
Ce que je suis?... Ce que je cherche?...
Je ne sais pas... ne sais pas...
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Henri Deluy
L’amour seul



Le dehors fait mal.
Le dedans fait mal.

L’amour seul.
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