Citations de Henri-Frédéric Blanc (52)
L’arbre mort
L’arbre mort
griffe le ciel.
Au flanc de l’abîme
C’est au flanc de l’abîme intérieur
que l’on cueille les plus belles fleurs.
Je ne sais pas ce qu’est la poésie
Je ne sais pas ce qu’est la poésie
mais elle sait ce que je suis.
Sur un chat feignant
En boule, les yeux fermés comme des murs,
le nez enfoui au fond de sa fourrure,
monsieur Chat est resté, je le jure,
douze heures près du poêle
sans remuer d’un poil !
Une telle maîtrise du corps
est digne du Livre des records.
Lourde est mon âme
Lourde est mon âme
comme un hippopotame.
Pour n’être qu’un furet
folâtrant dans les prés,
quel est donc le secret ?
L’Essentiel
Le trésor de mon âme
je l’ai trouvé dehors
mais le cœur de toute chose
se trouve dans mon cœur.
Dans les ruelles d’Arles
Les portes sont des nids d’âmes
et les couloirs des puits
plongeant dans le passé.
Nos regards s’aiment enfin
Un instant nous nous regardons dans les yeux,
nos regards s’aiment enfin
dans le nid profond d’une éternelle seconde
(cette seconde, j’en suis sûr,
je la retrouverai dans l’au-delà), puis
faisant semblant de rien
elle détourne les yeux.
La vengeance
Aujourd’hui, pour me venger de vivre,
je vais sortir m’acheter un livre.
Calme plat
L’absence furieuse de vent
depuis je ne sais quand
a quelque chose
d’infernal.
Le naufragé paresseux
Ma vie,
ce naufrage au ralenti
auquel j’assiste
dans mon transatlantique.
Le poète écorché
Ce que j’ai dit m’asphyxie
et ce qu’il me reste à dire
me ronge.
La pluie
La pluie qui tombe a je ne sais quoi d’ancien,
cette eau vieille me serre le cœur et me fait du bien,
elle a comme un arrière-goût d’ennui,
mais d’un ennui dont j’ai la nostalgie…
Voilà, j’y suis :
elle me rappelle les longs après-midi
passés, quand j’avais quinze ans, à regarder la pluie.
La plante verte
Vastement immobile
de toute la force
vertigineuse
du vert
elle est, elle est, elle est.
Si tu vois un hippopotame jouer de l’accordéon…
Si tu vois un hippopotame jouer de l’accordéon,
ce n’est pas un hippopotame
ou ce n’est pas un accordéon.
Solitude du penseur
C’est bien beau d’avoir l’esprit sans défaut
mais, comme le pensait Daniel Defoë,
toutes les vérités ne valent pas
sur une plage une trace de pas.
Temps noir
Dehors il fait mauvais,
dedans il fait méchant.
Eloge de la marche
Les idées noires viennent
par les oreilles
et s’en vont par les pieds.
La conquête du monde intérieur
Je trace des mots frais et voici
que disparaissent tous mes soucis.
Aventurier
de l’encrier
je chemine sans carte dans
les territoires du dedans.
Un jour j’entrerai triomphant
dans mes Amériques d’enfant.
Place Notre-Dame-Du-Mont
Il y a un grand mystère
au fond de l’ordinaire
et comme une saveur d’éternité
dans la tiédeur de la banalité.