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Critiques de Henri Lewi (5)
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La visite au musée

Commandé le 6 décembre 2017- Librairie Caractères à Issy-les-Moulineaux- Relecture partielle en juillet 2021



Une relecture que je me félicite d'avoir faite… car à cette seconde lecture, je découvre d'autres pistes de réflexion…et une infinie pluralité de points de vue…



Essai des plus passionnants de « notre « regard sur les oeuvres d'art….



L'auteur nous prend par la main pour visiter certaines oeuvres du Louvre qui lui parlent plus profondément : Poussin, Léonard de Vinci, Rembrandt, Chardin….Hubert Robert, etc.



Un ouvrage lu il y déjà près de quatre ans… que je relis en ce mois de juillet 2021, en piochant au hasard… pour savourer les multiples questionnements, réflexions sur « comment regarder un tableau », « Comment apprécier une oeuvre d'art ? » « Faut-il une formation, une éducation particulière, lire des choses savantes, ou se laisser porter par l'étonnement spontané, le mystère de la création « ? Autant de questions sans aucune réponse vraiment satisfaisante et définitive.. !



« Je ne suis pas sûr que l'enfance qu'émerveille la peinture soit vocation muette au langage. Ainsi mon regard à moi, quand j'avais neuf ans et que ma mère m'achetait des livres de reproductions. le tableau se donnait d'un seul coup, comme un mot d'esprit qui fait rire avant même qu'on ait réfléchi. Je ne savais pas qui étaient Dürer et Vinci, je ne lisais pas le texte du livre. Je ne cherchais jamais à savoir qui était tel personnage, ce qu'était exactement le mythe représenté. Je me contentais de l'étonnement que j'éprouvais devant chaque tableau. Sans lire la biographie des peintres, je découvrais des voix. Ce regard, rétrospectivement, me paraît juste, aussi juste que celui des savants. (p. 185)”



Texte à la fois assez savant et vraiment jubilatoire…Rapprochements intéressants entre Littérature et beaux-Arts, et plus spécialement la peinture… sans omettre les analyses et observations d'écrivains sur l'Art, dont une part, bien évidemment, non négligeable sur Proust…



Henri Lewi parle de ses goûts, attirances, coups de coeur envers tel ou tel artiste, de son enfance à l'âge adulte…dont un engouement non démenti pour les sanguines et grands tableaux d'Hubert Robert…parmi tant

d'autres !...



Un essai ouvert qui n'apporte aucune réponse définitive… L'auteur propose de nombreuses alternatives parfois contradictoires, réunissant lectures savantes ou non sur les oeuvres et spontanéïté, sans préparation…pour vraiment « regarder un tableau ».

La grande qualité, à mon sens, de cet essai est de sensibiliser chacun, pour exercer au mieux sa perception avec un regard à la fois plus spontané, plus attentif, en s'informant, lisant aussi à l'occasion comme les artistes eux-mêmes l'ont toujours fait, tout en restant dans l'attitude merveilleuse de l'enfant ou dans un bel état méditatif, n'ayant besoin d'aucun discours ; une sorte de balancement continu entre « intellectualisation » et « élan sensible », spontané d'avant les mots !! :



« Quel est l'effet d'une cathédrale de Monet, d'un compotier de Cézanne ? Comment on peut le penser dans la salle des Nymphéas, le tableau naît d'une attitude méditative et veut susciter la même chez son spectateur ; cette attitude méditative se voulait étrangère à tout discours. La peinture de grand genre faisait appel continuellement au langage ; l'effet produit était peut-être d'abord un effet des mots (en particulier du titre), elle appelait les mots ; mais que dire des Coquelicots de Monet, a fortiori des taches noires de Soulages ? (p. 213)



Essai passionnant, que je reprendrai certainement pour relire tel ou tel passage… Un ouvrage à lire avec attention, mais pas forcément d'un bloc….Ce qui manque ce sont quelques reproductions des tableaux évoqués, commentés… j'ai, pour apprécier le texte, été chercher les toiles pour revisualiser les « oeuvres ». Essai enrichi d'une bibliographie très variée et attractive….



« L'effet produit par un tableau, sans doute, condense la complexité de tous ses aspects. Il découle toujours à la fois du sensible et de l'idée (…)»



"Cette histoire peut faire sentir à quel point il est difficile de parler mais aussi de ne pas parler de peinture : pourquoi donc, ayant atteint la jouissance picturale, ou un étonnement qui pourrait durer indéfiniment, pourquoi donc faut-il absolument dire des choses sur un tableau ? S'agissant de Daniel Arasse, la raison essentielle, sans doute, est dans l'amitié qu'ont les professeurs pour l'humanité ordinaire: la parole est celle de l'initié qui fera entrer l'amateur dans le temple de l'oeuvre. (p. 136)"

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La visite au musée

Un essai très intéressant, au titre emprunté à une nouvelle de Vladimir Nabokov, en forme de promenade/réflexion, au musée du Louvre. Voir et savoir regarder les oeuvres, oui mais lesquelles, et surtout comment ? Quelle relation établir avec le tableau ? Quelle distance garder avec le commentaire savant ? Qu'est-ce qu'un chef d'oeuvre ? Autant de questions que nous nous posons tous, évidemment, et qui sont abordées dans ces pages.



Pas d'exercice obligé d'admiration – rassurez-vous – pour Henri Lewi, dont on apprend quand même un peu à discerner les préférences. Faire apparaître le poids de l'appareil à penser les oeuvres, telle est l'une des intentions. Certaines parmi les grandes oeuvres emblématiques du Louvre s'y prêtent : Delacroix (« La Mort de Sardanapale », 1827), Léonard de Vinci (« La Vierge à l'enfant avec Sainte Anne », commencée vers 1500 et terminée dix neuf ans plus tard !), Poussin (« La Peste d'Asdod », 1630-1631) et Rembrandt (« Bethsabée au bain tenant la lettre de David », 1654), accompagnent parfaitement les réflexions de l'auteur sur la question – mais beaucoup d'autres encore sont examinées. La visite, sur ce plan là, enrichit l'esprit et ne peut décevoir.



Réflexion très personnelle, plutôt lucide, axée sur le rôle tenu par le verbe et la place dévorante prise par les commentaires pléthoriques et savants dans l'élaboration et la construction du discours sur l'art, l'esthétique et la création artistique, façonnant notre connaissance et parfois nos vues dans le domaine de la peinture en particulier. Face à cet appareil intellectuel envahissant, au détriment des oeuvres selon l'auteur, quelle place reste-t-il pour la subjectivité résiduelle d'un non initié ? C'est le véritable sujet, au fond, de cet essai qui semble vouloir ranimer discrètement les feux d'une plus subtile et mystérieuse rencontre entre l'amateur sans bagage et l'oeuvre d'art. Est-ce possible ?



« On peut se demander, s'il n'y a pas dans l'étude universitaire d'une oeuvre, littéraire ou plastique, de quoi entraver son effet naturel ? »



Difficile d'ignorer ce savoir, mis en place par l'institution muséale elle-même [autour des cartels (pas toujours à jour), descriptifs et autres brochures, mais aussi expositions, études et manuels, catalogues fournis au public] et qu'appuie la recherche scientifique, avec des moyens de plus en plus étendus et sophistiqués (cf. l'expo sur la restauration de la Sainte Anne de Léonard, en 2012, largement évoquée), produisant un discours venu principalement de spécialistes en sciences humaines (histoire, histoire de l'art et sociologie etc.). Quelle est sa légitimité, sa nécessité même, et jusqu'où l'admettre dans l'interprétation des oeuvres, compte tenu des incertitudes irréductibles pesant sur l'acte créateur ? C'est en somme cet édifice que tente d'ébranler Henri Lewi, au fil de ses haltes picturales pas désagréables du tout, même si un tantinet raisonneuses, parfois ; ajoutant lui-même inévitablement au passage, il faut bien le dire, du commentaire aux commentaires : ainsi du rapprochement fort réussi entre Madame de la Fayette et Nicolas Poussin au Grand Siècle. L'agrégé de lettres classiques maniant la formule latine n'est jamais loin. Sic transit gloria mundi!



La visite s'effectue au pas de charge et sans trop de poses. Ailes Denon, Sully et Richelieu… enfilades de galeries, escaliers roulants, ascenseurs, parcours au gré des « appels » lancés par les tableaux ou par les peintres :



Les nombreuses oeuvres devant lesquelles il s'arrête sont l'occasion pour les besoins de sa démonstration d'un inventaire critique des diverses sources écrites produites à leur sujet (on peut d'ailleurs discuter du choix retenu par l'auteur) – quelques références citées datées des années 60/70 permettent de mesurer l'ampleur de la variabilité et de la fragilité d'hypothétiques interprétations, ainsi que d'en relativiser de plus contemporaines (Arasse se trouve épinglé). Force est de constater que cette luxuriance verbale ressemble souvent à un excès verbeux (fumeux verbiage) qui se délecte de lui-même. c'est convaincant.



« Faut-il absolument parler de peinture ? » (p. 185)

… Quand tout porte à se taire, (c'est moi qui ajoute).



Saturation d'écrits et commentaires faisant en effet écran à l'oeuvre d'art. Si l'on suit volontiers Henri Lewi dans sa quête de "l'effet naturel" d'une oeuvre, il reste quelques doutes sur l'aléa de sa survenue. La néophyte que je suis et entends rester préfèrera toujours en matière d'ecrits la surabondance à l'indigence. Sur le chemin des arts la rencontre (rare) avec l'oeuvre « au naturel » peut bien s'accorder avec une connaissance périphérique (encombrante) dont le contact naïf éperonne aussi certaines curiosités. Une belle lecture.

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Isaac Bashevis Singer, la génération du déluge

Comme ses lecteurs ont tous été assassinés, et les quelques descendants rescapés assimilés à la culture américaine ou israélienne, la littérature yiddish est presque un organisme mort. Nous restent les traductions, et quelques auteurs décidés à animer une sorte de "revival" (qu'on appellerait à la façon de Singer dans son discours du Nobel, une "t'hiyes hameisim", une résurrection des morts). Henri Lewi, auteur du présent essai, est du nombre et consacre son étude aux frères Singer, Isroel Joshua et Isaac Bashevis, rescapés juifs polonais du "déluge" nazi réfugiés, comme d'autres, en Amérique.



L'ouvrage est dense, foisonnant, et conduit le lecteur dans les complexités de la famille des deux frères auteurs, et dans les problématiques culturelles des années 30 en Pologne et en Amérique. Il ne se borne pas au seul domaine de la littérature, mais se permet des incursions inspirées par la psychanalyse et la psychologie. C'est peut-être là que je ne le suivrai pas : cette dimension de l'essai a probablement une énorme importance pour lui, mais elle contribue à brouiller les idées et les faits de cette vie littéraire si riche, si vivace, que le génocide d'un côté, l'assimilation de l'autre, ont éradiquée si totalement. En somme, j'aurais aimé plus de faits, de titres, d'études littéraires, et moins d'intimité biographique et familiale. On trouve quand même de nombreux textes et documents inédits, et des observations sur les héritiers américains de ces rescapés (Saul Bellow, Paul Auster). La lecture de ce riche ouvrage saura éclairer le lecteur curieux de cette littérature engloutie.
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La visite au musée

Agrégé de lettres classiques, traducteur de l’italien et du yiddish, connu également pour ses essais, en particulier celui sur le grand auteur Isaac B. Singer, Henri Lewi explore ici les chemins de la transmission du savoir et de la culture. Faut-il nécessairement être docte et cultivé pour apprécier une oeuvre d’art, alors qu’au fil du temps, change la manière de recevoir ladite oeuvre ? Paradoxalement, le non-savoir n’est-il pas préférable à la connaissance intellectuelle pour découvrir un tableau, une sculpture, un poème, s’abandonner à la beauté d’un texte, à la grâce d’une statue, à l’éblouissement des couleurs ? Tout au long d’un voyage original, parcourant le temps et les formes, l’auteur essaie de répondre à cette interrogation récurrente et controversée, d’une actualité brûlante à une époque où se pose plus que jamais la question de la démocratisation de la culture, où les musées se multiplient et n’ont jamais été aussi fréquentés. D’une érudition immense mais sans pédanterie aucune, l’auteur évoque ses visites dans ces lieux mythiques, ses rêveries devant des toiles aussi diverses que celles de Poussin, Rembrandt ou Botticelli, démontrant que le plaisir de la découverte est indépendant de l’ordre social, que le conférencier ne peut remplacer l’élan personnel, que l’ineffable et la grâce émanant d’un tableau nous touchent sans qu’il soit nécessaire de connaître son histoire, ni l’intention du créateur. Prenant ses distances avec l’académisme et la conception rigide de la culture, ce petit ouvrage confirme que la vérité dans l’art est une utopie : en réalité, l’amateur a simplement besoin, non de cohérence, mais d’émotion, d’impertinence et de spontanéité : les musées eux-mêmes ne sont-ils pas multiples, changeants et vivants, à l’image du Louvre, sans cesse renouvelé ?



Par Joëlle Elmyre Doussot, critique parue dans L'Objet d'Art 516, octobre 2015

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Isaac Bashevis Singer, la génération du déluge

Cette étude solidement documentée accorde une large place à l'écrivain de langue yiddish Isaac Bashevis Singer ainsi qu'à son frère aîné Joshua. Ces derniers sont nés à Leoncin en Pologne, l'un en 1904, l'autre en 1893. Tous deux émigrent aux USA dans les années 30 alors que s'amoncelent sur l'Europe les nuages noirs du National-socialisme. Ils ne sont donc pas des témoins directs de la Shoah mais des victimes collatérales. Témoins d'un judaïsme polonais yiddishophone presque totalement disparu, les frères Singer n'ont eu de cesse de faire revivre à travers leurs écrits ce monde balayé par la folie meurtrière du 3ème Reich. Pour ce, un outil incontournable et efficace : la langue yiddish, presque unique dépositaire de la tradition ashkénaze. Cette langue en grand danger d'extinction, c'est à ses derniers conteurs qu'il appartient de la maintenir en vie car elle seule peut réanimer le petit monde de la Varsovie juive et du Shtetl. Le yiddish, langue vernaculaire des Ostjuden, langue témoin, langue mémoire mais aussi langue méprisée des Gentils. Manes Sperber, autre Juif polonais en exil, se voit humilié par un professeur viennois car il prononce Hous au lieu de Haus! H. Lewi accorde en effet une place non négligeable à d'autres écrivains de la génération du déluge: yiddishophones nés en Pologne ou ailleurs, fils d'immigrés du Yiddishland maîtrisant plus ou moins bien ou pas du tout la langue de leurs parents. Opatoshu, Tenenboym, Howe, Anski, Sperber..., autant d'auteurs que j'ai découverts à la lecture de ce livre. Tous sont pétris de contradictions insolubles mais se présentent à travers leurs écrits comme des " grands réparateurs de la mort". Cette mort qui a en partie tué le Hassidisme, courant mystique fondé au XVIIIeme siècle par le Baal Shem Tov où comptent "l'effusion, l'intensité d'intervention, , l'amour mystique", ce Hassidisme en opposition au judaïsme rabbinique, basé sur l'interprétation rigoureuse des textes. Or, même si la question se posait déjà dans la Pologne juive d'avant le "déluge ", elle se pose aussi après : faut- il perpétrer l'héritage juif qui semble un "choix de soi-même contre l'universel, contre l'attitude assimilée à la Raison ? En clair, faut-il choisir entre le judaïsme et l'universalité ? Faut-il à travers le récit juif continuer le voyage pour atteindre la venue du Messie? Pourtant débarrassé de ses papillotes, pourtant devenu citoyen américain, Singer ne se mélangera jamais vraiment à la population non juive du pays d'accueil dont il ne maîtrisera non plus jamais vraiment la langue... Car, pour terminer avec les mots d'Henri Lewi, s'assimiler, c'est se faire une raison et "se faire une raison, c'est accepter l'inacceptable." Un livre hermétique mais d'une très grande richesse. J'ajouterais tout de même un bémol : le vocabulaire universitaire pompeux de l'auteur qui explique de manière compliquée ce qu'il pourrait dire simplement ainsi que ses références constantes à la psychanalyse, obsédée par les problématiques sexuelles. Faut-il à tout prix psychanalyser les passeurs du Yiddishland ?
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