Henry Allainmat

Lu ce livre très jeune, à 13 ans - mon oncle avait une bibliothèque assez particulière, beaucoup de livres témoignages choc, comme "Les Survivants", "Le pull-over rouge", "4 ans dans l'enfer des fous"... Et j'allais emprunté en cachette ces livres pour les grands, que je dévorais en 1 ou 2 jours - et je m'en rappelle encore comme si c'était hier bien que je ne l'ai pas relu depuis. Et pour cause...

Ce livre raconte l'horreur du bagne de la Légion, en Corse. Cet endroit immonde a été fermé depuis la parution de ce témoignage en 1977. Il "accueillait" les légionnaires ayant commis un crime, ou ayant voulu déserter.

L'auteur, Henry Allainmat, journaliste, a enquêté sur ce bagne de la Légion, situé à Corte, et recueillit des témoignages de légionnaires et de gardiens qui y ont séjourné, dont le plus fiable est celui de Michel Trouvain.

Dans cet enfer, les légionnaires emprisonnés pour crimes divers - vols, rixes, meurtres - mais aussi pour désertion, cassent du cailloux. Mais en plus de ça, les conditions inhumaines de détentions, les humiliations, tortures morales et physiques en tout genre, malnutrition, sont intolérables et mortels pour certains.

Voici deux exemples de punition qui m'ont marquée - refusant de continuer à courir autour de la cour en plein soleil, sans eau ni nourriture, pendant des heures et des heures, et parce qu'il n'en peux plus, un prisonnier est puni, attaché sur un poteau au milieu de la cours, à genoux sur des cailloux, avec une corde qui se met à l'étrangler s'il relâche la tête... en plein soleil, toute une journée, et la nuit, il est mis au mitard. - un détenu est puni pour x raison et doit ramasser les crottes des chiens (il y a des chiens de garde et des miradors) en faisant le tour de la cour (pleine de cailloux coupants) à genoux, mains liées dans le dos, et se servir de sa bouche pour ramasser les déjections...

Pour conclure, voici ce que dit Henri Allainmat sur cet endroit : "J'ai toujours eu un grand respect et une grande admiration pour ces hommes. La légion reste pour moi l'entreprise des héros. Les héros ont-ils tous les droits ? C'est un vrai débat. Je tiens à préciser une chose : les disciplinaires qui ont fait la section d'épreuve n'étaient pas des anges. Il y avait parmi eux des multi-déserteurs, des gens pas très équilibrés. Mais une démocratie ne peut s'accommoder d'endroits cachés où on torture les hommes, quoi qu'ils aient fait."

Le bagne a été fermé en Corse. Mais transféré en Guyane...

Les officiers de la Légion n'ont pas protesté contre ce livre, certains ont dit que c'était exagéré... Mais les photos et les témoignages sont vrais.

A lire pour plus d'infos : Interview de Henri Allainmat dans Corse Matin

Un livre documentaire choc, qui, je crois, n'est plus réédité.
Lien : http://www.corsematin.com/ar..

Je pense que c'est le premier livre que j'ai lu dans ma vie, qui m'a autant choquée !... Camps de concentration, bagne de Guyane, vie en prison étrangère n'ont pas pareil en matière de tortures !!!

La foule adore la Légion Etrangère, les légendes qui courent sur elle, la réputation d'invincibilité des képis blancs marchant au pas sur les Champs Elysées pour le défilé du 14 juillet. Ils sont étrangers ou Français et éprouvent de la fierté à la pensée qu'ils ont choisi de se battre pour le drapeau tricolore.

Ca c'est la partie dorée de la légion et il y a la partie sombre .. très sombre : La Section d'Epreuve ! La S.E est le bagne des légionnaires récalcitrant aux ordres, aux déserteurs, aux durs à cuire. La S.E se trouve en Corse, non loin d'Ajaccio. Pour la première fois un ancien légionnaire raconte ... Marcel (son nom de la Légion) à rejoint la S.E pour 6 mois (en 1973) après qu'il ai déserté. Ses gardes chiourmes le "prend en main" : brimades, tortures, travail qu'aucun humain normalement constitué ne peut supporter .. Profitant d'un séjour à l'hopital il en profite pour s'évader avec un Allemand. Ils seront repris puis là, le cauchemar va commencer pour 9 mois au lieu de 6. Tous les jours ils devront casser de la roche avec un masse de 16 kg en comptant chaque coups, ils dormiront nus dans une cellule en terre battue en plein hiver qu'ont viendra arroser toutes les 2H afin que le sol gêle, ils seront trainé par une jeep dans les cailloux jusqu'à ne plus avoir de vêtements sur le corps, ils ne mangeront pas pendant 48H et ce, régulièrement, ils devront courrir pendant 4H avec les pieds enchainés en portant sous le bras un boulet de 10kg, punition suprême pour insultes aux gradés : dormir dans le wc "turc" jamais nettoyé, tête posée sur le trou !..

Nombreux sont les légionnaires qui meurent suite aux sévices. Ces décès sont cachés par la légion. Pour le civil : décédé d'un arrêt cardiaque suite à effort sportif.

J'avoue avoir été très choquée de savoir ce qu'il peut encore se passer sur notre territoire. Ce livre est très bien écrit, on ressent les émotions et la douleur de l'auteur, ces peines, sa révolte. Le livre comporte d'autres témoignages troublants et en fin d'ouvrage un entretien avec un journaliste Corse où l'auteur dénonce les pratiques barbares de cette armée qui fait la fierté de la France.

Ce livre est le récit fait par un journaliste du passage d'un jeune légionnaire au camp disciplinaire de Corte, en Corse, en 1972/73. Le sadisme, la cruauté et la bêtise de certains militaires est effarante et choquante. Les souffrances et brimades endurées par les disciplinaires en font de véritables surhommes, physiquement. L'auteur décripte également les mécanismes psychiques utilisés pour briser les volontés, pour humilier, pour monter les disciplinaires les uns contre les autres.

Une effrayante plongée dans un univers parallèle à celui des civils, mais totalement occulté.