AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.8/5 (sur 27 notes)

Nationalité : Russie
Biographie :

Ilya Ilf (1897-1937) et Evgueni Petrov (1903 -1942) sont deux écrivains soviétiques des années 1920 - 1930.

Originaires d'Odessa, ils ont écrit une grande partie de leurs ouvrages ensemble, sous le nom de "Ilf et Petrov".

Ils sont devenus extrêmement populaire pour leurs deux romans satiriques : "Les Douze Chaises" (1928) et "Le Petit Veau d'Or" (1931).

Dans ces deux textes, on retrouve le personnage principal, Ostap Bender, un escroc à la poursuite de richesses insaisissables. On suivra les aventures de Bender et de ses collaborateurs à la recherche d'un trésor au milieu de la réalité contemporaine soviétique, en fait à l'époque de la nouvelle politique économique des années 1920.

Ilf et Petrov furent aussi envoyés aux États-Unis après la crise de 1929 entre octobre 1934 et février 1935 pour en ramener un récit satirique de la réalité américaine : "L'Amérique: roman-reportage" (1937).
+ Voir plus
Source : http://en.wikipedia.org/wiki/Ilf_and_Petrov
Ajouter des informations
Bibliographie de Ilf et Petrov   (12)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Elochka Schukina (les 12 chaises)


Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Les responsables de la rédaction du bidécadaire illustré La cause aventurière manquaient d'ouvres littéraires susceptibles de "river" l'attention du lecteur adolescent. (...)
On décida finalement de passer commande d'un roman en plusieurs épisodes.
Un messager de la rédaction porta en hâte une convocation à l'écrivain Moldavantsev et, dès le lendemain, ce dernier était assis sur le canapé style "marchands d'autrefois" du cabinet directorial.
"Vous comprenez, essayait de lui faire comprendre le rédacteur en chef, cela doit être divertissant, nouveau, plein d'aventures intéressantes. En somme, cela doit être le Robinson Crusoé soviétique. (...)
Et effectivement le roman fut prêt à la date prévue. Moldavantsev ne s'était pas trop écarté du célèbre original. (...)
Un jeune Soviétique fait naufrage. Le flot le dépose sur une île déserte. (...) Il est entouré de dangers: les bêtes, les lianes, la saison des pluies qui va commencer. Mais le Robinson soviétique, plein d'énergie, surmonte tous les obstacles, en apparence insurmontables. Et trois ans plus tard une expédition soviétique le retrouve, dans la plénitude de ses forces. Il a vaincu la nature, construit une maisonnette, l'a entourée d'une ceinture verte de potagers, a créé un élevage de lapins, s'est tissé une blouse paysanne avec des queues de singe et a appris à un perroquet à le réveiller chaque matin en criant: "Attention! Rejetez vos couvertures! Rejetez vos couvertures! Nous commençons la gymnastique matinale!"
- Très bien, fit le rédacteur. Et au sujet des lapins, c'est tout simplement magnifique. (...) Mais, vous savez, je ne vois pas très clairement l'idée majeure de l'ouvre.
- Lutte de l'homme contre la nature, annonça Moldavantsev avec son laconisme habituel. (...)
- Mais on ne sent pas l'organisation sociale soviétique. Où est par exemple le comité d'entreprise? Le rôle directeur du syndicat? (...)
- Et où prendrait-on le comité d'entreprise? Vous êtes bien d'accord que l'île est déserte?
- Oui, (...) elle est déserte. Mais il faut un comité d'entreprise. Je ne suis pas un artiste du verbe mais, à votre place, je l'introduirais. En tant qu'élément soviétique.
- Mais tout le sujet est construit sur le fait que l'île est dés...
Moldavantsev jeta alors, par hasard, un coup d'oeil au fond du regard du rédacteur en chef et resta pantois. Il y avait dans ce regard un tel printemps, on y sentait une telle vacuité, une telle bleuité des mois de mars qu'il décida d'accepter un compromis.
- C'est vrai, vous avez raison, fit-il en levant le doigt. Bien sûr. (...) Ils sont deux à échapper au naufrage: notre Robinson et le président du comité d'entreprise.
- Et aussi deux permanents, - ajouta froidement le rédacteur en chef. - (...) Deux permanents, et disons aussi une militante, pour percevoir les cotisations.
- Pourquoi encore une trésorière? De qui va-t-elle percevoir les cotisations?
- Mais de Robinson!
- Le président du comité d'entreprise peut très bien percevoir les cotisations de Robinson. Il n'en mourra pas.
- Sur ce point vous faites erreur, camarade Moldavantsev. C'est absolument inadmissible. Un président de comité d'entreprise ne doit pas se disperser et courir à droite et à gauche pour percevoir des cotisations. Nous luttons contre cela. Il doit s'occuper d'un travail sérieux, d'un travail de direction.
- Alors on peut rajouter une trésorière, fit Moldavantsev résigné. (...) Elle épousera le président du comité d'entreprise, ou ce même Robinson. Ce sera quand même plus gai à lire.
- Inutile. Ne versez pas dans le boulevard, dans un érotisme malsain. Elle n'a qu'à percevoir bien tranquillement ses cotisations et les garder dans un coffre-fort. (...)
- Permettez, un coffre-fort est impensable sur une île déserte! (...)
- Attendez, attendez, (...) vous avez dans votre premier chapitre un endroit merveilleux En même temps que Robinson et les membres du comité d'entreprise, le flot rejette sur la rive différentes choses...
- Une hache, une carabine, une boussole, un tonneau de rhum et une bouteille de liquide antiscorbutique, énuméra solennellement l'écrivain.
- Barrez le rhum, dit rapidement le rédacteur en chef. Et puis aussi: qu'est-ce que c'est que cette bouteille de liquide antiscorbutique? A quoi bon? Mettez plutôt une bouteille d'encre! Et obligatoirement un coffre-fort.
- Vous y tenez, à ce coffre-fort! On peut très bien garder les cotisations syndicales dans le tronc d'un baobab! Qui ira les voler?
- Comment qui? Et Robinson? Et le président du comité d'entreprise? Et les permanents? Et la commission de contrôle de magasin?
- Elle aussi a échappé au naufrage? demanda peureusement Moldavantsev.
- Oui. (...)
"Peut-être, demanda perfidement l'auteur, le flot a-t-il aussi rejeté une table de réunions?
- Ab-so-lu-ment! Il faut quand même donner aux gens des conditions de travail correctes! Bon, disons une carafe d'eau, une sonnette, une nappe. La nappe rejetée par le flot peut être comme vous voudrez. Elle peut être rouge, elle peut être verte. Je ne limite pas la création artistique. Mais mon très cher, voici ce qu'il faut faire avant tout: il faut montrer les masses. Les vastes couches des travailleurs.
- Le flot ne peut pas rejeter des masses, fit Moldavantsev, têtu. (...) C'est à faire rire les poules!
- Au fait, plaça le rédacteur en chef, une petite quantité de rire sain, enthousiaste, optimiste, ne peut pas faire de mal.
- Non! Le flot ne peut pas faire cela.
- Pourquoi le flot? fit soudain le rédacteur en chef d'un ton étonné.
- Et comment les masses parviendraient-elles autrement sur l'île, puisqu'elle est déserte?
- Qui vous a dit qu'elle était déserte? On dirait que vous essayez de m'embrouiller. Tout est clair. Il y a une île, une presqu'île serait même mieux. (...) On y fait du travail syndical, parfois on n'en fait pas assez. La militante met à jour un certain nombre d'anomalies de fonctionnement, ne serait-ce que dans le processus de perception des cotisations. Les vastes couches lui apportent leur aide. Ainsi que le président repenti. A la fin, on peut montrer une assemblée générale. Ce sera très spectaculaire, en particulier au point de vue artistique. (...)
- Et Robinson? balbutia Moldavantsev.
- Oui. Vous faites bien de me le rappeler. Robinson m'embête. Supprimez-le carrément. C'est un type de pleurnichard stupide et sans aucune justification.
- Maintenant je comprends tout, fit Moldavantsev d'une voix sépulcrale. Ce sera prêt demain.
- Eh bien, au revoir. Ouvrez. Au fait, vous avez au début du roman un bateau qui sombre. Vous savez, on n'a pas besoin de naufrage. Passons-nous de naufrage. Ce sera plus amusant. Pas vrai? (...)
Demeuré seul, le rédacteur en chef eut un rire heureux.
"Enfin, dit-il, enfin! Je vais enfin avoir un vrai roman d'aventures, et qui plus est pleinement artistique".
Commenter  J’apprécie          40
Dans un des parcs de la capitale, où les arbres jetaient une ombre opulente sur le sable craquant des allées, une grande pancarte est restée accrochée tout l'été:
PARTICIPONS TOUS A LA LUTTE
POUR DES PROMENADES SAINES
Mais personne ne se promenait dans le parc. Les arbres jetaient en vain leur ombre et aucun talon prolétarien ne laissait sa trace dans le sable, de qualité pourtant supérieure, des allées. ON ne se promenait pas ici. On passait son temps à lutter. A lutter pour des promenades saines.
Commenter  J’apprécie          20
Dès son plus jeune âge, Boris Indioukov avait fréquenté des universités, académies et autres panthéons littéraires. Il s'était fixé pour but de devenir un grand écrivain de la terre soviétique, mais l'Institut des Émotions Versifiées, où il étudiait, avait été fermé d'office par la direction de l'Enseignement professionnel avant que Boris eût appris si l'on devait ou non mettre un point à la fin des phrases.
Commenter  J’apprécie          20
Sur toute l'étendue de notre pays circulent en mendiant et larmoyant de faux petits-fils de Karl Marx, des neveux imaginaires de Friedrich Engels, des frères de Lounatcharski, des cousines de Clara Zetkin ou, au pis-aller, des descendants du prince Kropotkine, le célèbre anarchiste. Ces cohortes de parents mythiques exploitent avec ardeur les richesses naturelles du pays: bonté, stupidité et servilité.
P. 41
Commenter  J’apprécie          20
- Je vais à la gare dit Koreïko dès qu'ils furent seuls.
- Et si nous allions dans une autre ville faire la fête? proposa Ostap. Nous pourrions passer gaiement quelques jours à Tachkent.
- Cela suffit pour moi, répondit Koreïko. Je vais aller porter ma valise à la consigne de la gare et me faire engager ici dans un bureau quelconque. J'attendrai le capitalisme pour me distraire.
- Eh bien, attendez-le, répliqua assez brutalement Ostap. Moi, je pars. Ce que nous avons vu aujourd'hui n'est qu'un regrettable malentendu, une suite d'exagérations dans le bon sens comme on en voit à la périphérie. Notre petit Veau d'or doit bien avoir encore quelque influence dans notre pays !
P. 457
Commenter  J’apprécie          10
-Le ciel! dit Ostap. Le ciel est aujourd'hui à l'abandon. Ce n'est plus l'époque; il est passé de mode. Ce sont les anges qui ont maintenant envie de descendre sur terre. On est bien sur terre; il y a l'eau et le gaz pour tous, et aussi le planétarium où l'on peut regarder les étoiles en écoutant un commentaire antireligieux.
Après la huitième chope, Kozlewicz en commanda une neuvième, la leva au-dessus des têtes, suçota sa moustache de chauffeur et demanda solennellement:
-Dieu n'existe pas?
-Non, répondit Ostap.
- Donc, il n'existe pas? Eh bien, à notre santé! Ainsi continua-t-il à boire, en demandant avant chaque nouvelle chope:
-Dieu existe? Non? Alors, à notre santé!
P. 269
Commenter  J’apprécie          10
Un fantôme incarnant l'extrême vertu errait à travers la ville en provoquant les événements les plus étonnants. Le sens critique qui sommeillait dans le cœur des citoyens s'était soudain éveillé.
Commenter  J’apprécie          20
- Je peux vous aider, dit Ostap. J'ai déjà eu l'occasion de soigner des amis et connaissances selon la méthode freudienne. Les rêves, ce sont des bêtises. L'essentiel, c'est d'éliminer la cause des rêves. La cause principale, c'est l'existence même du régime soviétique. Malheureusement, je ne peux pas l'éliminer à l'heure actuelle. J'ai trop à faire.
P. 133
Commenter  J’apprécie          10
Notre plan brillait par son absence de complexité. Nous arrivions à New York, achetions une voiture et roulions jusqu'en Californie. (...) Mais une fois sur le sol américain, la chose cessa de paraître aussi simple et romantique.
Commenter  J’apprécie          10
- Comprenez donc! poursuivait Varvara toute excitée, - en mettant la feuille sous le nez de Mitritch. Voilà l'article. Vous voyez? « Au milieu de la banquise et des icebergs!»
- Des icebergs! répondit narquoisement Mitritch. Cela, sûr que nous pouvons le comprendre. Depuis dix ans qu'ils nous font la vie, ces Iceberg, ces Weisberg, ces Eisenberg, tous ces Rabinovitch! Priakhine a raison. On prend la chambre, un point c'est tout. D'autant plus que Lucie Frantsevna, ici présente, peut confirmer que c'est la loi.
P. 206
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Ilf et Petrov (29)Voir plus

¤¤

{* *} .._..