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Citation de Osmanthe


La place s'élargit, son centre s'affaissa, ses perspectives s'effondrèrent les hauteurs qu'il avait gravies le matin, et dont encore un instant auparavant la ligne bleue se dessinait au loin, semblaient désormais se dresser au bout de la place. Le ciel s'ouvrit dans une cascade de réfractions d'éclairs aveuglants, dans le déluge d'étincelles et de feu du soleil implacable, que des milliers d'objets métalliques, chromés, de vitres et de tuiles amplifiaient jusqu'à la furie, il était prêt à s'effondrer. Les coups de cor exprimaient-ils encore les gémissements des autos dans les sept coins de la place, ou étaient-ce déjà les trompettes du dies irae ? En face, la fontaine, pareille à une énorme mamelle que deux mains impitoyables auraient modelée en un volcan en éruption, vomissait son contenu trouble au milieu de râles, de sifflements et de spasmes incontrôlables : ce n'était plus une place mais une vallée de larmes. Sur la terrasse, plusieurs personnes saisies d'épouvante s'étaient levées pour mieux voir l'horreur : dans l'embouteillage de l'heure de pointe, tout craquait et tournoyait en une ronde indiciblement mouvementée.La rue ressemblait à un fleuve où tout s'était arrêté, entassé, où chaque bateau avait une voie d'eau et à bord, tous luttaient pour l'air, pour l'existence; deux bras levés au ciel sortant d'une voiture ouverte s'élevaient au milieu des débris dérivant dans l'écume des vagues, pareils aux derniers signes faits dans une barque en train de sombrer.
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