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Critiques de Ion Pillat (25)
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Monostiches et autres poèmes

Après avoir lu "Le bouclier de Minerve" de Ion Pillat, j'ai décidé de poursuivre mes lectures de ce poète avec "Monostiches et autres poèmes".

Ce sont des poèsies roumaines traduites par Gabrielle Danoux et Muriel beauchamp. L'ensemble est un délice, et j'ai particulièrement apprécié ses monostiches. Le tout est une invitation au voyage et à la rêverie.
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Monostiches et autres poèmes

Monostiches et autres poèmes est un recueil écrit par Ion Pillat, poète symboliste roumain et traduit merveilleusement par Gabrielle Danoux, avec le concours de Muriel Beauchamp. Je remercie ici chaleureusement Gabrielle Danoux qui m'a permis de me faire connaître ce texte, je lui rends ici grâce car la traduction d'une oeuvre poétique est toujours un exercice délicat. Ici le résultat est particulièrement réussi si l'on en juge par la beauté des mots qui viennent à nous et leur lumière...

J'ai ici découvert ce qu'était un monostiche, une sorte d'exercice de concision, un peu à la manière d'un haïku, c'est plus court et plus magique qu'un aphorisme, quelque chose qui ressemblerait à une devinette qu'on déplierait sous nos doigts éblouis...

Monostiches et autres poèmes est une invitation au voyage, au ciel, à la légèreté, à la lumière...

Les monostiches sont des vers qui s'égrènent comme des pétales de fleurs jetés au vent, des devinettes, des respirations comme l'écho qui revient après le jour faiblissant.

C'est l'âme qui s'échappe des mots, transgressant la limite de la page...

C'est l'innocence d'un sourire qui jette ses mots sur le fil fragile de l'existence.

C'est une étincelle qui allume le coeur encore sombre de ce que nous sommes.

C'est un baiser cueilli au bord de l'eau.

Ces vers concis, ramassés en quelques mots sont la lumière d'un rire enfantin. Ce sont des vers incroyablement jubilatoires sur le bord d'un rivage que nous ne soupçonnions pas...

Ce sont des chuchotements tristes qui s'évaporent dans le soir ténébreux.

Des mots orphelins du ciel et de la terre s'envolent comme des oiseaux. L'auteur les cueille au passage de son coeur qui s'ensorcelle.

Ces vers nous rappellent ô combien que le temps est assassin mais que le poète est avant tout un peintre de la lumière.

Au-delà des monostiches, les poèmes qui suivent sont plusieurs invitations dans une facture plus classique, donnant tout l'éclat du symbolisme de la poésie de Ion Pillat.

Nous célébrons ici l'art italien...

...Une fresque inconnue, peut-être oubliée pour l'éternité.

C'est une invitation au voyage à la lumière au silence.

Ici les sortilèges s'invitent sous nos yeux étonnés.

C'est comme un conte étrange, quelque chose de merveilleux. Le temps est suspendu à ce rêve.

Une promenade dans les vignes...

L'automne a ce goût amer des choses qui ont vécu.

Et puis la Bretagne vient...

Toujours et encore ici l'ombre d'une cathédrale, peut-être celle de Quimper, ou plutôt celle de Saint-Pol-de-Léon, plus près de la mer...

Les femmes des pêcheurs, celles qui ne pleurent jamais, ressemblent à des madones.

Ces poèmes ont souvent un seul point commun, l'éloge de ce qui est plus grand que nous, que ce soit une montagne, un ciel, une fresque, une cathédrale, un oiseau aux ailes déployées, le soleil d'automne et son crépuscule sur la mer Noire, les mythes anciens et immortels, l'évocation d'Ulysse revenant de la guerre de Troie.

C'est l'âme de la Méditerranée antique qui revient ici comme une vague dans ces vers magnifiques.

C'est l'âme du large au plus loin que nous pouvons espérer aller avec les mots...

La poésie ouvre nos murs en ce temps de confinement...

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Le bouclier de Minerve

« Lorsque, Minerve, le temps et l’homme te laisseront,

Lorsque ne pourra plus te célébrer le granit le plus dur

En quatorze vers je t’érigerai une maison.



Mais donne-moi, déesse, la grâce et des sages lois

Pour que mon sonnet se hisse dans l’éternel azur

Mirage de pilastres et de rapports droits. »



Cette anthologie des poèmes de l’écrivain roumain Ion Pillat, traduite en français par Gabrielle Danoux et Murielle Beauchamp, comprend un choix représentatif de toute sa production dans ce genre, qui commence autour de 1910 jusqu’à sa mort, en 1945.



Les 18 sonnets de « Le bouclier de Minerve », dont ma citation est extraite, donne son titre au recueil. Ils ont été publiés en 1933. Ion Pillat a été à l’évidence très influencé par l’antiquité et les mythes grecs. On retrouve au fil des poèmes des évocations de tout un monde méditerranéen fantasmé, avec de superbes irisations. Dieux, nymphes, faunes et satyres y sont comme chez eux.



Pourtant les sources d’inspiration des poèmes choisis reflètent aussi bien d’autres horizons. La Roumanie n’est pas absente : « Automne à Miorcani », de même que l’orient « Hokusai », « Prière à Bouddha ». Le monde fantastique des contes et légendes y a aussi sa place : « Thulé », « La lanterne magique ».



D’autres poèmes sont plus charnels, centrés autour du corps de la Femme. Ils peuvent paraître avoir été influencés par le surréalisme, notamment « Cailloutis », « La femme sur le pré », « Endormissement » avec leurs métamorphoses, leurs visions oniriques…



A coup sûr une voix singulière. Je ne pourrais jamais goûter la saveur originelle de ces textes, mais j’ai pu m’en faire une idée, je suis sûr fidèle, grâce à cette traduction.

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Le bouclier de Minerve

Je tiens à remercier Tandarica qui vient de m'ouvrir les portes de la littérature roumaine grâce à ses traductions.

Ici, il s'agit d'un recueil de poésie de Ion Pillat "Le bouclier de Minerve", l'auteur compose à la manière de Ronsard, intitule un de ses textes Hokusai, nous emmène visiter les rivages grecs où nous retrouvons les dieux et les déesses, Ulysse, les mythes...

J'ai beaucoup aimé cette poésie d'essence classique à mon humble avis. Ce sont de beaux textes simples et lumineux.

La traduction de Gabrielle Danoux est fluide, soignée et sans maladresse ou lourdeur de style, ce qui permet de se laisser porter par la lecture. Je ne peux que la remercier pour ces traductions qui permettent de découvrir la Roumanie, ses auteurs et sa culture à la lectrice que je suis. Un bien beau cadeau de Noël.



Challenge RIQUIQUI 2019
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Le bouclier de Minerve

Le Bouclier de Minerve est un recueil de poèmes de l'écrivain et poète symboliste roumain Ion Pillat, traduit merveilleusement par Gabrielle Danoux, avec le concours de Muriel Beauchamp.

On ne rappelle jamais assez que la traduction est aussi un art, un travail de création qui vient revisiter les fondations du texte initial. J'ai aimé les propos de l'écrivain Frédéric Boyer lui-même traducteur, entendu sur France-Culture à ce sujet : " Traduire c'est s'immiscer, se confronter au texte d'un autre, s'opposer parfois, c'est peut-être aussi le transformer, c'est un moment de réinvention à travers la captation des mots écrits par un autre..." C'est peut-être une nouvelle fondation pour ce texte qui continue alors son chemin...

Je remercie ici chaleureusement Gabrielle Danoux qui m'a permis de faire quelques pas dans la littérature roumaine, grâce au partage de quelques œuvres qu'elle a traduites, dont celle-ci.

Ce livre qu'il faut voir comme une anthologie de poèmes qu'a écrit l'écrivain roumain, est une suite au recueil que j'ai eu le plaisir de vous commenter tout récemment, Monostiches et autres poèmes. Celui-ci est pourtant d'une facture plus classique, quoique le texte propose parfois quelques digressions qui nous surprennent agréablement.

Comme à chaque fois, la traduction de Gabrielle Danoux est fluide, lumineuse, ce qui est un défi à part entière lorsqu'il s'agit de poésie.

Ceux sont tour à tour des sonnets, des quatrains... qui nous montrent combien Ion Pillat était un admirateur de la Grèce et plus particulièrement de la Grèce antique.

Des vers gorgés de soleil nous entraînent dans la lumière hellénique où sont convoqués dieux et déesses.

Paysages de collines et de ciel, le temps s'immobilise, minéral. Le son d'une flûte portée aux lèvres d'un pâtre ionien vient brusquement nous réveiller.

Une île apparaît. Ulysse cherche une crique où faire escale, tandis que Nausicaa se baigne dans ses eaux limpides à la tombée du jour ; le chant des sirènes et celui des nymphes s'enroulent alors autour de nos doigts...

La Grèce antique n'est pas la seule halte géographique de ces pages. La Roumanie, l'Orient apparaissent dans cet archipel d'îles et de mots. Et puis, brusquement, comme venant clore avec magie ce voyage, d'autres rivages plus charnels, aux courbes ondulantes, nous tendent les bras et nous inclinent vers des songes oublieux...

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Monostiches et autres poèmes

Mes poèmes préférés sont les brillantes parenthèses de la préface, comme "Soldats de plomb..." qui évoque brillamment la guerre et comment elle est socialement entretenue ou "Tant ai-je contemplé ton corps" dont le sujet est, bien entendu, la passion amoureuse.

Parenthèses, parce que Ion Pillat est considéré en Roumanie et en France comme un poète de facture classique, qu'on pourrait presque comparer à Théophile Gautier: un amour du classicisme, avec beaucoup de références à la Grèce antique par exemple, mais aussi des écarts (pour Gautier, penser à "Mademoiselle de Maupin", en particulier certains passages de la préface, ou à "Albertus"). Bref, je ne poursuivrai pas le parallèle jusqu'à la thèse, surtout que l'homme a étudié à Henri IV et est sans doute le seul à avoir fait rimer quelque chose, mais je ne veux pas trop en dévoiler, avec "Francis Jammes", auquel il fut souvent comparé.

Comme beaucoup de jeunes gens de sa génération et de héros romanesques de l'époque (de mémoire Demian chez Hermann Hesse ou Léniot chez Valéry Larbaud), Pillat est rapidement passé aux travaux pratiques : campagne de Bulgarie puis Première guerre mondiale, ce qui lui valut d'être durablement marqué par la mort, sujet récurrent, parfois à la limite de la misanthropie. Pour un classique, la forme est très variée, la poésie populaire roumaine aidant, comme la soif de dépaysement de l'auteur toujours inassouvie. C'est ainsi qu'on trouve cette forme rare surtout en Roumanie qu'on appelle le monostiche : des poèmes d'un seul vers qui se rapprochent parfois sous la plume de Pillat des "cimilituri", ces devinettes roumaines issues de la littérature populaire : "Jaillissant des vagues, l'écume blanche s'est mise à voler" ("Mouettes", p.28). Si vous voulez connaître la réponse à "Il a serré le bleu dans ses bras et le berce toujours", vous savez où la découvrir...
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Le bouclier de Minerve

Ce nouveau volume du poète roumain penche vers la Grèce et ses paysages peuplés de pâtres ioniens, bustes antiques ou d'Hymette. Quelques surprises nous attendent tout de même: les poteaux télégraphiques, comme un anachronisme, le Fuji-Yama comme chez Hokusai et même un parfum des collines de Maillane pour évoquer Frédéric Mistral. Plus étonnant, "Vocation" permet même à l'auteur de répondre à certains de ses critiques et de révéler sa vision de la poésie. Pierre de Ronsard fournit une source limpide d'inspiration à la jeunesse, un mystérieux Yussuf dispense des accents orientaux qui rappellent qu'a été érigée à Bucarest une statue d'Omar Khayyâm. Plus classique que Monostiches et autres poèmes, un peu plus austère, ce recueil zen apaise et l'on se range au précepte final: écoute aboyer depuis un autre rivage.
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Le bouclier de Minerve

En vérifiant toutes les citations que j’avais gardées de mes lectures passés, j’en ai découvert plusieurs de ce recueil.

Et je me suis rendu compte, en lisant toutes les belles critiques de mes ami.e.s babeliotes que j’avais oublié de commenter ce recueil plein de magie poétique que m’a envoyé il y a pas mal de temps la traductrice Gabrielle Danoux (Tandarica sur Babelio).



Je me dois de réparer cet oubli, car j’avais beaucoup aimé tous ces poèmes de Ion Pillat, et j’ai eu, à les relire, l’impression de les redécouvrir et de mieux saisir leur beauté étrange, et onirique, bien souvent.



C’est une atmosphère méditative, mystérieuse, extatique, impassible, qui fait leur beauté, et les mots choisis par la traductrice contribuent, je crois, à créer ce climat.



Certains s’apparentent à des rêves éveillés, qui nous transportent dans la Grèce antique, à Venise (un merveilleux poème lui est dédié), au Japon, en Roumanie ou même à Paris.



D’autres sont d’une mélancolie, d’une angoisse diffuse qui me fait penser à Verlaine, tels « Sur la mer, des oiseaux » « Cra-ro-ra-ra », « Abandon », « La mare » « Des cloches sonnent » etc….



Et puis ceux qui chantent la beauté de la femme, l’amour, la sensualité , la tendresse: « Stances » «Ève », « La femme sur le pré » « À l’inconnue », etc…



Et puis le mystère du temps, dans « Un astrologue », « L’horloge secrète », « La nuit décroît », etc…



Et enfin tant de beaux poèmes inclassables, si originaux, et si beaux comme ces « Poteaux télégraphiques », par exemple, ou « La fourmi »



Une poésie calme, fluide, lumineuse, qui vous transporte vers l’ailleurs,… en douceur .















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Éternités d'un instant : poésies ; Eternită..

Ravissement d'avoir pu faire venir ce livre de Roumanie : je souhaite, sans plus attendre, partager avec vous cette étonnante découverte. Père de Dinu Pillat, déjà connu sur ce site, Ion Pillat est avant tout un poète. Dans son anthologie, Andrea Roman insiste sur l'aspect "classique" de la poésie de cet artiste qui a partagé durant plusieurs années sa vie entre la France et la Roumanie. J'observe néanmoins que le vers roumain est souvent libre, parfois même sans rime. Dans l'édition bilingue dont il est question ici, on est surtout frappé par la modernité des poèmes en un vers. Des monostiches mélodieux et suggestifs comme des natures mortes d'une rare concision. Peut-être que des traducteurs passionnés feront revivre dans un français de 2015 quelques uns des poèmes, presque centenaires, transposés de manière plutôt correcte par une équipe éditoriale "communiste" qui pensait probablement cultiver le jardin national de la beauté des lieux naturels. Surprenante dès lors, la présence de cette cathédrale Notre Dame de Chartres, mais aussi du poète français Francis Jammes, en compagnie de la vigne et des autres symboles de l'automne, de la mer et de l'Argeș.
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Le bouclier de Minerve

Il y a trois instances dans la poésie de Ion Pillat : les dieux, gardiens de la transcendance, la nature, généreuse pourvoyeuse de la vie et la femme, objet de désirs.

Tandis que le style du poète roumain fait preuve de classicisme pour la évoquer la présence immuable des divinités, il se meut en témoin modeste pour admirer la grande diversité de la nature et fait preuve d'une plus grande sensibilité ou même sensualité pour évoquer son rapport aux femmes.

Bravo aussi pour cette traduction réussie de vers classiques avec rimes et métrique.
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Monostiches et autres poèmes

******



Poète roumain du début 20e, Ion Pillat vécut et fit des études un temps à Paris.

J’ai apprécié le travail de la traductrice Gabrielle Danoux (Tandarica sur Babelio) qui s’est surpassée dans un travail d’orfèvre réussi à la perfection.

Celle- ci m’a confié les contraintes supplémentaires engendrées par une traduction qui se doit de rester fidèle à l’oeuvre originale. En raison de cette contrainte, certains mots m’ont parfois échappé, sans que cela nuise à la beauté de la poésie.



Je découvre les monostiches du début du recueil, vers d’une seule ligne qui sont excellents, je préfère les superbes poèmes venant à la suite.

Il est toujours difficile de présenter un recueil de poèmes. Inutile à mes yeux de faire de longues phrases, il faut laisser parler l’auteur. Quelques courts extraits de certains poèmes, choisis en fonction du plaisir ressenti, suffisent pour faire découvrir aux lecteurs la qualité de ceux-ci, et donc de l’ensemble.



BERCEUSE

Dors, dors, pour t’endormir je t’ai apporté

Les phalènes, les fleurs, la feuillée,

Les nuages du couchant découpés,

En vol vers les sommets,

Les aurores, les étoiles, les soirées,

Pour t’endormir je te les ai apportées,

Je te les ai apportées…



LE CERISIER

Le cerisier sera rouge comme lors de mon enfance,

Les cerises pendront aux branches comme des dormeuses,

Les bras nus, la fille en prendra dans sa vareuse,

De sa perche chaque fois des cents en abondance.



DANS LA CATHÉDRALE - NOTRE-DAME DE CHARTRES

La lumière dorée forme des fleurs tremblantes

En bouquets les rassemble

Sur les murs noirs et arqués ; dans les autels coule le sang

Lorsqu’elle transperce les vitraux et leur déluge érubescent.



AUX MOULINS À VENT

Ô, noirs auvents ailés sous le disque blanc de la lune,

Qui se souviennent, tant ils sont vieux, incessamment,

De Don Quichotte qui luttait avec les moulins à vent,

Aperçus une nuit sur le chemin de Pampelune !



LES COQUILLAGES DES TRITONS AU LOIN

Sur la lame de fond

Nages-tu sirène ?

Si ce n’est-là, réponds,

Sous quelle carène ?



TANT AI-JE CONTEMPLÉ TON CORPS…

Tant ai-je contemplé ton corps que des yeux je l’ai volé,

Tant ai-je aspiré ta voix que ton verbe j’ai ravi.

Ton ombre seule attise toujours des robes rêvées

Et tes propos résonnent comme un écho affaibli.



SOLDATS DE PLOMB…

Et, nous les enfants, avec nos sabres en bois, partions nous quereller

En portant comme étendard des serviettes au soleil flottant.

Quel corps à corps, quelle raclée sous les mûriers du verger !

Et après la bataille, combien de morts fuyaient en riant…





La rime a été respectée dans les poèmes que j’ai montrés. La forme des vers est parfois différente sans que cela n’altère la qualité du poème.

Je me suis toujours demandé comment l’on pouvait traduire des vers et leurs rimes tout en leur gardant leur mélodie poétique. Je pense à l’immense Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand qui est traduit et joué dans de nombreux pays avec un succès immense.

Il en est de même avec la traduction de ce recueil.




Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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Monostiches et autres poèmes

Les citations, qu'il est réconfortant de voir largement apprécier pour certaines, donnent une idée pertinente de la variété de la poésie de Ion Pillat. Elle rappelle "L'invitation au voyage" de Charles Baudelaire : tout n'y est, à première vue qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté, sous des horizons variés. On y joue du shamisen au Japon, on y lit Giorgio Vasari, on se recueille à San Francesco del Deserto, et la Roumanie se rapproche de la Grèce et de Rome par l'intermédiaire d'Ovide. Mais sous cette préciosité feinte apparaît discrètement une pertinente réflexion sur la condition humaine, à l'image de cette biche de porcelaine, décrite comme une merveille, avant de révéler le contraste entre le monde animé et celui des choses, "où la mort ne tue point". Ancré dans la campagne roumaine, où il avait plusieurs propriétés, comme Francis Jammes dans son Béarn, Pillat s'en évade en monostiches vers ces amandiers riches en immortalités fragiles : qui ne ressent pas, aujourd'hui, l'envie de s'évader?
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Le bouclier de Minerve

Ion Pillat est un poète roumain méconnu, né en 1891 et décédé en 1945. Il a effectué une partie de ses études en France, à la Sorbonne. Ses traductions en roumain des poèmes de Saint-John Perse et de Charles Baudelaire ont reçu des éloges unanimes. Sa propre poésie lui a valu d’être nommé à l’Académie roumaine et de recevoir à titre posthume le prix national de littérature. Sous influence parnassienne et apparentée au symbolisme tardif, sa poésie s’inspire grandement de ses voyages en France, Espagne, Italie et Grèce.



Le présent recueil est une anthologie réunissant 60 poèmes de Ion Pillat, initialement publiés dans 16 recueils dont celui qui lui donne son titre, « Le Bouclier de Minerve » (Scutul Minervei, 1933). Cette anthologie nous est présentée ici en français sous la traduction élégante et érudite de Gabrielle Danoux et Muriel Beauchamp.



C’est d’abord dans la Grèce immortelle que ce recueil nous emmène, avec des poèmes narrant les héros et les dieux de la mythologie hellénistique, la mer Méditerranée et les terres ensoleillées où poussent amandiers, oliviers et vigne prodigieuse. Les hommes y côtoient les divinités et la nature y est décrite avec grande sensibilité. Bien que je ne lise pas le roumain et que je sois incapable d’évaluer la qualité de la traduction, je puis cependant apprécier la musicalité des vers traduits, reconnaître le travail que cela a requis.



Après la Grèce antique, c’est vers d’autres horizons et d’autres temps que nous voyageons : au mont Fuji avec « Hokusai », en Roumanie avec « Automne à Miorcani », dans la Venise éternelle ou bien la mythique Thulé septentrionale. On sent la fascination du poète pour la faune et la flore, pour l’amour et la sensualité aussi. Certains poèmes sont pleins de tristesse et d’espoir tels « Si je meurs » et « Stances sur un motif de Ronsard », d’autres empreints d’humour et de sagesse comme « La fourmi ». L’éclectisme de ces poèmes choisis se révèle aussi bien thématique que formel, allant des vers classiques mâtinés d’exotisme aux monostiches à la brièveté japonisante. Ils reflètent la diversité du talent de Ion Pillat.
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Monostiches et autres poèmes

L'art du monostiche est art de l'essentiel. Peu soutenu par un rythme qui se déploie, orphelin de sa rime, fortement concurrencé par le proverbe, il se débat dans un sévère dépouillement de mots, d'images et de liberté.

Ion Pillat parvient cependant à nous émerveiller non seulement par la justesse de sa vision mais aussi par sa capacité à la surprise dans une espace si court, dans cette soudaineté déjà prétendument consommée. Puis surgit en deux pieds, la surprise, le pendant, le contrecoup, l'envolée.



Le reste du recueil plus classique, s'attarde sur la beauté de la nature, l'oppose à l'activité humaine et met en question la manière dont l'homme, le poète, perçoit cette nature et le monde qui l'entoure.



Bravo aussi au traducteur pour avoir rendu les monostiches si vivants.

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Le bouclier de Minerve

Traduction du Roumain par Gabrielle Danoux et Murielle Beauchamp.



Poèmes suivants :

- A un poète



- Hokusaï



- Automne à Miorcani



- Chemins



- Soirée en bord de mer.



Poésies qui ne m'ont pas inspirées plus que ça, j'ai trouvé la forme assez décousue mais peut-être étais-ce volontaire.

Cela ne m'a pas tellement touchée.

Dommage !
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Monostiches et autres poèmes



Une belle découverte faite grâce à Gabrielle Danoux (Tandarica sur Babelio), mille mercis à elle, qui a traduit avec Muriel Beauchamp les poèmes de cet auteur roumain que je ne connaissais pas (mais il me reste tant et tant d’auteurs, poètes ou pas, à découvrir).



Une poésie plutôt traditionnelle, sans que ce soit péjoratif, et hormis les Monostiches, des textes au rythme lent, pleins de mystère souvent, des évocations notamment de la nature, du monde antique, de l’amour et de la mort.

Des thèmes éternels mais que chaque poète décline à sa façon.



Les poèmes sont de taille et de structure variée, tantôt rimant, tantôt pas.



Les Monostiches sont de formidables petites merveilles d’une seule ligne, d’une beauté saisissante, tous d’une grande puissance évocatrice.



Mais il y a aussi beaucoup d’autres très beaux poèmes. Ma préférence a été pour ceux dont la versification est plus libre, tels les magnifiques Ovide, la Fresque d’Orvieto, le Vieux centaure, Sur le Rivage.

Mais j’en ai apprécié beaucoup d’autres aussi, par exemple les émouvants Soldats de plomb...Poupée de cire, Déploration, ou encore le très beau Tant ai-je contemplé ton corps.
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Le bouclier de Minerve

Placé sous l'égide de la déesse de la sagesse, Ion Pillat consacre ses vers au travail et à la rigueur du poète, à l'artisanat dont la déesse est la patronne. Les références mythologiques à la Grèce antique façonnent le recueil comme il est gravé des figures sur des amphores, comme il est gravé des maximes sur les frontispices des temples. Bien que Minerve soit armée d'une lance, Ion Pillat ne s'intéresse qu'au bouclier que Minerve confie à Persée, un bouclier qui reflète le regard de la Meduse pétrifiant quiconque la regarde directement. Le poète poursuit comme un héros de la Grèce antique une femme qui n'est plus mais cette quête étant vaine, il se présente comme étant tourmenté, cloche sonore fêlée, et le bouclier de Minerve comme un couvercle entre ciel et terre recouvre le poète d'une âme de plomb, ainsi l'homme se sent "Emmuré comme sous une voûte que [la] pensée écroue." Il trouve un refuge dans l'introspection, dans le recueillement ; il recherche la philosophie dans la poésie, la tranquillité de l'âme, l'ataraxie. Il me semble qu'il y parvient dès qu'il retourne aux sources de la poésie à l'âge d'or, à la poésie pastorale, aux Bucoliques de Virgile. Un recueil de poésie qui m'a été offert par la traductrice, que je remercie chaleureusement.
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Le bouclier de Minerve

Plongée dans la plume savante, précieuse, profonde, ciselée de Ion Pillat. Le recueil s'ouvre avec une suite mythologique qui certes, raconte en suspends quelques épisodes, mais surtout drape d'un éclat sans pareil cette période historique qui a tout dit. La lecture est passionnante, prenante, exigeante et à la fois nous offre tellement en retour. Les autres poèmes sont parfois inspirés de la mythologie, mais moins systématiquement. La nature, la création, le travail, le rêve, la beauté que l'on ignore et qui nous dépasse, la sérénité que l'on cherche ici ou là. L'auteur déploie une parfaite maîtrise de toutes les formes poétiques classiques, sachant aussi s'en affranchir. En résumé, c'est un très bel ouvrage que nous offre les traductrices (Gabrille Danoux et Muriel Beauchamp), car le kindle est gratuit ! Merci et longue vie à la poésie.
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Le bouclier de Minerve

J’avais perdu l’habitude de lire de la poésie ces derniers temps.

Quelle bonne idée, merci Tandarica, de m’avoir fait découvrir ce texte (beau travail de traduction, bravo !), et d’avoir permis ainsi à la poésie de m’apprivoiser à nouveau.

Il m’a fallu un ou deux jours pour réhabituer mon cerveau au rythme de l’écriture poétique puis, une fois l’habitude revenue, j’ai dévoré ce recueil goulûment, quoi que lentement, à mon rythme justement, à certains moments de la journée, entrecoupant ma vie ordinaire d’un ou deux poèmes quand je sentais le cœur et l’âme suffisamment ouverts.

Mes connaissances limitées en mythologies grecques m’ont certainement empêché de profiter pleinement de ce texte mais j’ai été sensible à cette fenêtre ouverte sur l’âme vibrante de Ion Pillat.

Âme inquiète, âme souffrante devant le cœur changeant, âme sur le fil, âme sur ce fil de crête douloureux, mystérieux, entre la permanence et l’impermanence des choses.

Pleine poésie. Sensualité de la poésie.

Plus précisément, poésie comme exercice de sensualité, exercice d’existence, art de l’instant et monde du possible.

Une belle parenthèse, un beau moment.

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Monostiches et autres poèmes

Voici le genre de poésie que j’aimerais lire plus souvent, voire parfois que je voudrais créer moi-même.

Apres avoir lu quelques extraits sur babelio, je savais que ces poèmes allaient me plaire et j’ai découvert Monostiches et autres poèmes d’Ion Pillat avec bonheur.



Toute la première partie (à part le poème d’introduction « Pas un Espar ») est composée de monostiches, des poèmes d’un seul vers, évocateurs et fugaces, comme la brièveté magique d’un instant, d’une émotion, d’une pensée… L’auteur réussit à capter l’attention du lecteur dans le tempo et la respiration d’une simple phrase. Il invite les lecteurs à s’arrêter, s’appesantir…

Ce sont des poèmes qui doivent se lire au goutte à goutte pour en apprécier toute l’essence.

La deuxième partie comporte des poèmes plus longs assez contemplatifs, évoquant des lieux où il a vécu, qu’il a visité, des peintures, des fresques, des époques avec nostalgie et réflexion. On y retrouve aussi des références à la mythologie grecque et latine.

Dans la structure, on retrouve souvent en échos les premiers et derniers vers d’une strophe qui se répètent, ce qui apportent un côté chantant aux poèmes. Les vers peuvent être libres, peuvent comporter des rimes ou pas, mais à chaque fois, ils sont variés et plein d’une émotion tout en retenue.



Je ne sais pas si tous les poèmes sont écrits en roumain dans la version originale (la recueil n’étant pas bilingue). Néanmoins, j’aimerais saluer le travail de traduction de Gabrielle Danoux et Muriel Beauchamp. La poésie est le genre littéraire le plus compliqué à traduire : maintenir le rythme des phrases, la versification, les rimes tout en gardant le sens du texte dans une autre langue que l’original relève parfois de l’exploit.



J’aurai du mal à citer des poèmes en particulier, car je les ai tous trouvés magnifiques. Le diptyque « Soldats de plomb… » « …Poupée de cire » a retenu mon attention, évoquant tour à tour les jeux innocents de l’enfance et la violence de la première guerre mondiale, ce qui crée un contraste saisissant et profond.

Le recueil se termine en apothéose sur « Echos Marins » , évoquant en un jeu de questions-réponses, la rencontre de marins sur un trirème avec une sirène, au large de la Grèce, qui m’a laissé comme pour ces marins, le regret de quitter la poésie de ce très beau recueil d’Ion Pillat.
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