Ravissement d'avoir pu faire venir ce livre de Roumanie : je souhaite, sans plus attendre, partager avec vous cette étonnante découverte. Père de Dinu Pillat, déjà connu sur ce site, Ion Pillat est avant tout un poète. Dans son anthologie, Andrea Roman insiste sur l'aspect "classique" de la poésie de cet artiste qui a partagé durant plusieurs années sa vie entre la France et la Roumanie. J'observe néanmoins que le vers roumain est souvent libre, parfois même sans rime. Dans l'édition bilingue dont il est question ici, on est surtout frappé par la modernité des poèmes en un vers. Des monostiches mélodieux et suggestifs comme des natures mortes d'une rare concision. Peut-être que des traducteurs passionnés feront revivre dans un français de 2015 quelques uns des poèmes, presque centenaires, transposés de manière plutôt correcte par une équipe éditoriale "communiste" qui pensait probablement cultiver le jardin national de la beauté des lieux naturels. Surprenante dès lors, la présence de cette cathédrale Notre Dame de Chartres, mais aussi du poète français Francis Jammes, en compagnie de la vigne et des autres symboles de l'automne, de la mer et de l'Argeș.
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De Bretagne.
Les maisonnettes des cités bretonnes
Au dos courbé, aux plaintes gutturales,
S'inclinent à l'ombre de la grande cathédrale.
À l'aube sur la mer s'éparpillent les barques.
Dans la brume de lumière parsemée,
Les cloches douces en sourdine ont sonné.
Les femmes des marins qui partent
N'agitent pas des mouchoirs toutes éplorées,
Devant l'horizon qui lentement s'est vidé.
Au crépuscule, leur petit dans les bras,
Elles attendent encore sur la rive des mers bretonnes.
Comme sur les vitraux les anciennes madones.