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Bibliographie de Isabelle Renaud-Chamska   (4)Voir plus

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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
On constate donc combien les différentes figures de Marie Madeleine sont liées aux sacrements qui structurent et entretiennent la vie de l'Eglise depuis sa fondation. Le rapprochement opéré très tôt par les Pères de I'Eglise avec la Bien-Aimée du Cantique des Cantiques fait aussi de Marie Madeleine une figure de l'Epouse, évoquant donc le sacrement du mariage, même s'il est hautement improbable qu'elle ait vécu maritalement avec le Christ. La liste des sept sacrements, arrêtée au XIle siècle dans la forme que nous lui connaissons depuis. n'est cependant pas complète dans cette recension magdaléenne, car jamais, évidemment, dans sa longue histoire, I'Eglise romaine n'a évoqué la possibilité de faire de Marie Madeleine une figure d'un sacrement qu'elle réserve aux hommes, le sacrement de l'Ordre. Cependant, malgré le discrédit jeté sur les femmes réputées trop faibles physiquement et moralement, mépris largement partagé par les hommes depuis l'Antiquité et jusqu'à une époque très récente, nous avons relevé que, à certains moments, certains ne lui ont pas refusé le don de la prédication si rarement consenti aux femmes. C'est pourquoi Marie Madeleine est la patronne des Dominicains et des Franciscains, deux ordres de prêcheurs. Avec cete charge sacramentelle très forte qu'elle porte allègrement depuis deux mille ans, les revendications actuelles de mouvements progressistes trouvent assez naturellement en Marie Madeleine un argument de poids pour tenter de faire évoluer la doctrine de l'Église romaine dans le sens d'une féminisation des ministères ordonnés.
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Dans cette longue histoire qui reprend les étapes de la vie de Marie Madeleine telle qu'on la racontait au Moyen Age, Marie Madeleine apparaît à la fois comme missionnaire et pénitente, dans une relation réciproque : missa, "envoyée", et remissa, puisque ses péchés lui ont été "remis" (Lc 7, 48). Le jeu de mots que nous proposons ici fait sens en latin et trouve un certain équivalent sémantique en français avec le couple « donnée » et « pardonnée ». Les scolastiques ont créé le couple peccatrix / predicatrix qu' on aimerait traduire par « pécheresse / prêcheresse ». Mais, en français, si le premier mot existe bel et bien, le second est évidemment introuvable. Au masculin, "pécheur" et "précheur" sont bien attestés. Cette asymétrie linguistique confirme le peu de Succès qu'aura la position de didascale de Marie Madeleine dans la société et, peut-être surtout, dans le clergé catholiques.
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Un court poème appelé un « trope », Commençant par ces mots « Quem queritis ? » (Qui cherchez-vous ?), se chante à la fin de l'office des matines du dimanche de Pâques, avant la messe de Pâques, soit au cours de la procession qui se dirigeait vers le lieu de l'église figurant le sépulcre, soit simplement juste avant l'introït qui marque le début de la messe, ou en combinaison avec lui. A partir de ce noyau qui n est que le bref mais éblouissant dialogue entre l'ange et les femmes : «Qui cherchez-vous ? - Jésus de Nazareth- II n'est pas ici, il est ressuscité», se généralisera, à partir du XIIe siècle, la pratique de l'Oficium sepulcri ou Visitatio sepulcri, véritable drame liturgique que l'on appelle à l'époque « faire les Marie ». La première version dramatisée est attestée au Xe siècle.
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Dès les prémisses de l'époque moderne au XIlle siècle, le personnage de Marie Madeleine, mieux qu'aucun autre personnage biblique ou mythologique, incarne la naissance et le développement de la conscience à l'intérieur de laquelle se livre le combat de l'homme aux prises avec la multitude de ses passions et de ses désirs. Le théâtre, la musique, la peinture, tous les arts déclinent à l'envi les ambiguités de l'âme humaine, sa duplicité, le combat intime qui la déchire dans sa double postulation, dirait Pascal, entre son attirance pour la terre et son aspiration vers le ciel.
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La jolie Marie Madeleine en prière de Cerrini (vers 1640) conservée au musée du Louvre (fig. 7), avec ses deux seins nus naïvement ofterts au désir du spectateur, ou celle de Furini (1630) conservée au Kunsthistorische Museum de Vienne, assise sur un rocher, sa chevelure immense jetée en arrière et revenant délicatement cacher son sexe (fig. 8), comme toutes les Marie Madeleine qui fleurissent à cette époque, participent à cette découverte émerveillée du nu féminin, non plus idéalisé comme dans l'Antiquité ou à la Renaissance, mais reçu et aimé pour ce qu'il est, dans la réalité d'une vie charnelle à la fois misérable et aimable puisque Dieu lui-même l'a aimée. Ainsi s'élabore progressivement une érotique proprement chrétienne faite de désir et de dépassement du désir.
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Construction littéraire et liturgique au départ, la figure de Marie Madeleine a pris son essor, puis son autonomie, dans les arts visuels au fur et à mesure que le temps a passé, sans jamais s'affranchir totalement de son point d'origine, les récits évangéliques. Chaque époque a mis en valeur un aspect de la figure de Marie Madeleine selon sa propre intelligence des textes et ses besoins spirituels particuliers.
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La plénitude de l'amour lui ayant été donnée dès le départ, il n'y a eu qu'à dévider, au cours des siècles, le fil de la perfection amoureuse du Christ pour broder la figure infiniment riche et belle de la Marie Madeleine que nous connaissons aujourd'hui dans l'abondante production artistique qui est la nôtre. Ces réseaux de sens, en jouant les uns sur les autres, créent une figure en étoile [...]
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Clef d'intelligence de la foi dans ses manitestations les plus « extérieures » ou artistiques, Marie Madeleine est cette figure en qui s'instaure pour l'humanité la possibilité de consentir tout ensemble à l'horreur de la mort et à la beauté de la vie. Telle est la rencontre - certains diront la « conversion » - à laquelle Marie Madeleine nous invite.
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Envovée par le Christ pour communiquer la nouvelle de sa résurrection, celle qu'Hippolyte de Rome appellera bientôt l'"apôtre des Apôtres", Marie de Magdala, est la figure même de la « diffusion ». Elle va se trouver naturellement associée à trois éléments présents dans les récits évangéliques, tous les trois liés traditionnellement à la thématique du féminin, et qui partagent entre eux justement la capacité de se diffuser : les parfums, les larmes et les cheveux. C'est toute une phénoménologie des rapports entre la diffusion – d'un message – et les effusions - des émotions -, qui se construit à partir du personnage de Marie Madeleine, ce qui ne manque pas de produire une certaine confusion.
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