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EAN : 9782204080118
287 pages
Le Cerf (11/12/2008)
5/5   1 notes
Résumé :
Inclassable et unique, Marie Madeleine appartient au domaine public... Elle fait parler d'elle depuis deux mille ans. Beaucoup d'encre a coulé, d'innombrables discours ont été tenus sur cette femme au nom si doux qu'il se laisse dévorer comme un gâteau. Ce n'est pas sa beauté ravageuse qui l'a rendue célèbre, comme Cléopâtre, ni son ambition criminelle, comme Agrippine ; elle n'est pas un modèle de la maternité comme Cornelia, la mère des Gracques, ni une fine polit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Isabelle Renaud-Chamska est docteure ès lettres et diplômée en théologie. Elle a été responsable du Comité national d'art sacré, rattaché au service de la pastorale liturgique de la Conférence des Évêques. C'est donc une intellectuelle qui nous parle dans ce livre d'un sujet passionnant, les représentations de Marie Madeleine dans l'art occidental.

Cela fait un an que je m'attache à approfondir le sujet Marie Madeleine et j'ai déjà lu une grande masse de livres le concernant mais je dois dire que ce livre m'a éblouie et apporté autant de satisfaction intellectuelle que de plaisir esthétique.
Première chose, ce livre est un objet très plaisant, de belle qualité, d'un format agréable à manipuler et à lire. L'iconographie est foisonnante: l'autrice parle des oeuvres, beaucoup, et son érudition est tout simplement stupéfiante, sachant qu'elle n'est pas historienne de l'art. L'organisation du propos, le système de références et de bibliographie sont également très bien faits.
C'est donc un grand plaisir de lire, contempler ce très beau livre et ses images, et de progresser dans sa réflexion grâce à lui.

Sur le plan intellectuel, l'esprit de synthèse et la justesse de l'approche de l'autrice quant à son sujet forcent l'admiration. Il faut effectivement du courage pour attaquer un thème aussi immense que complexe. du talent pour en sortir avec autant de brio !
Et une grande érudition pour s'intéresser autant à la liturgie, à la littérature, aux arts plastiques de toutes les époques : effectivement, l'autrice ayant organisé en 2004 une exposition d'art contemporain sur la sainte, elle évoque autant les enluminures, la peinture et statuaires de toutes les époques, que les installations ou oeuvres vidéo contemporaines. Sidérant !

La grande qualité du propos réside à mes yeux dans le souci constant d'Isabelle Renaud-Chamska de restituer aux représentations de Marie Madeleine leur sens historique. La sainte échappe ainsi à toute interprétation idéologique : on comprend tout simplement comment et pourquoi chaque époque a donné à son personnage la coloration spécifique qui était la sienne.

Cette lecture m'a énormément apporté dans ma compréhension du personnage de Marie Madeleine et je le recommande très sincèrement à toute personne ayant déjà quelques notions et souhaitant approfondir le sujet. La quantité énorme d'informations et la complexité du propos pourraient peut être assommer un peu un néophyte? Il reste que ces images magnifiques et la qualité du propos ne peuvent que stimuler l'âme et l'esprit du lecteur, quel qu'il soit.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
On constate donc combien les différentes figures de Marie Madeleine sont liées aux sacrements qui structurent et entretiennent la vie de l'Eglise depuis sa fondation. Le rapprochement opéré très tôt par les Pères de I'Eglise avec la Bien-Aimée du Cantique des Cantiques fait aussi de Marie Madeleine une figure de l'Epouse, évoquant donc le sacrement du mariage, même s'il est hautement improbable qu'elle ait vécu maritalement avec le Christ. La liste des sept sacrements, arrêtée au XIle siècle dans la forme que nous lui connaissons depuis. n'est cependant pas complète dans cette recension magdaléenne, car jamais, évidemment, dans sa longue histoire, I'Eglise romaine n'a évoqué la possibilité de faire de Marie Madeleine une figure d'un sacrement qu'elle réserve aux hommes, le sacrement de l'Ordre. Cependant, malgré le discrédit jeté sur les femmes réputées trop faibles physiquement et moralement, mépris largement partagé par les hommes depuis l'Antiquité et jusqu'à une époque très récente, nous avons relevé que, à certains moments, certains ne lui ont pas refusé le don de la prédication si rarement consenti aux femmes. C'est pourquoi Marie Madeleine est la patronne des Dominicains et des Franciscains, deux ordres de prêcheurs. Avec cete charge sacramentelle très forte qu'elle porte allègrement depuis deux mille ans, les revendications actuelles de mouvements progressistes trouvent assez naturellement en Marie Madeleine un argument de poids pour tenter de faire évoluer la doctrine de l'Église romaine dans le sens d'une féminisation des ministères ordonnés.
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Dans cette longue histoire qui reprend les étapes de la vie de Marie Madeleine telle qu'on la racontait au Moyen Age, Marie Madeleine apparaît à la fois comme missionnaire et pénitente, dans une relation réciproque : missa, "envoyée", et remissa, puisque ses péchés lui ont été "remis" (Lc 7, 48). Le jeu de mots que nous proposons ici fait sens en latin et trouve un certain équivalent sémantique en français avec le couple « donnée » et « pardonnée ». Les scolastiques ont créé le couple peccatrix / predicatrix qu' on aimerait traduire par « pécheresse / prêcheresse ». Mais, en français, si le premier mot existe bel et bien, le second est évidemment introuvable. Au masculin, "pécheur" et "précheur" sont bien attestés. Cette asymétrie linguistique confirme le peu de Succès qu'aura la position de didascale de Marie Madeleine dans la société et, peut-être surtout, dans le clergé catholiques.
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Un court poème appelé un « trope », Commençant par ces mots « Quem queritis ? » (Qui cherchez-vous ?), se chante à la fin de l'office des matines du dimanche de Pâques, avant la messe de Pâques, soit au cours de la procession qui se dirigeait vers le lieu de l'église figurant le sépulcre, soit simplement juste avant l'introït qui marque le début de la messe, ou en combinaison avec lui. A partir de ce noyau qui n est que le bref mais éblouissant dialogue entre l'ange et les femmes : «Qui cherchez-vous ? - Jésus de Nazareth- II n'est pas ici, il est ressuscité», se généralisera, à partir du XIIe siècle, la pratique de l'Oficium sepulcri ou Visitatio sepulcri, véritable drame liturgique que l'on appelle à l'époque « faire les Marie ». La première version dramatisée est attestée au Xe siècle.
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La jolie Marie Madeleine en prière de Cerrini (vers 1640) conservée au musée du Louvre (fig. 7), avec ses deux seins nus naïvement ofterts au désir du spectateur, ou celle de Furini (1630) conservée au Kunsthistorische Museum de Vienne, assise sur un rocher, sa chevelure immense jetée en arrière et revenant délicatement cacher son sexe (fig. 8), comme toutes les Marie Madeleine qui fleurissent à cette époque, participent à cette découverte émerveillée du nu féminin, non plus idéalisé comme dans l'Antiquité ou à la Renaissance, mais reçu et aimé pour ce qu'il est, dans la réalité d'une vie charnelle à la fois misérable et aimable puisque Dieu lui-même l'a aimée. Ainsi s'élabore progressivement une érotique proprement chrétienne faite de désir et de dépassement du désir.
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Dès les prémisses de l'époque moderne au XIlle siècle, le personnage de Marie Madeleine, mieux qu'aucun autre personnage biblique ou mythologique, incarne la naissance et le développement de la conscience à l'intérieur de laquelle se livre le combat de l'homme aux prises avec la multitude de ses passions et de ses désirs. Le théâtre, la musique, la peinture, tous les arts déclinent à l'envi les ambiguités de l'âme humaine, sa duplicité, le combat intime qui la déchire dans sa double postulation, dirait Pascal, entre son attirance pour la terre et son aspiration vers le ciel.
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