Interview with JB Salsbury
Prologue :
" Nothing, Arizona, 1999
... Il a le nez rouge et les lèvres gonflées.
- Tues venue.
Sa voix est rauque, il hoquette à travers ses derniers pleurs.
- Oui, je suis là. (Je tends la main sous la porte et il s'en empare aussitôt.) Tu vas bien ?
Il resserre son emprise sur mes doigts et les entoure de son autre main.
- Ça va mieux maintenant.
- Je t'ai apporté quelque chose.
De ma main libre, je pousse l'ours sous la porte.
Il baisse les yeux et libère une de ses mains pour s'emparer de l'animal.
- C'est pour moi ?
- Oui, il est vraiment doux. Je me suis dit que ça t'aiderait à dormir.
Il fixe l'ours sans dire un mot.
- Dormir.
Il le couvre entre ses mains et les miennes.
- Merci, Gia.
...
- Je vais mourir ici.
Il a parlé d'une voix si ténue que je crois avoir rêvé.
- Ne dis pas ça. Si je pouvais trouver où ils cachent la clé, je pourrais...
- Non. (Il semble fâché.) Ne te mêle pas de ça.
Une brûlure prend naissance dans mon estomac et se propage dans mes joues.
- Je ne veux pas... Je vais faire quelque chose. Tu crois que je ne peux pas t'aider parce que je ne suis qu'une petite fille. Mais tu te trompes...
- Non, mais... C'est que... si tu te fais coincer... (Il resserre son emprise autour de mes mains.) Je ne veux pas qu'ils s'approchent de toi. Je ne les laisserai pas faire !
- Chut/ (LA chaleur sur me joues s'accentue et se diffuse vers ma poitrine.) Nous trouverons un moyen. Mais il est tard.
..."
— Ne parle plus jamais de toi comme ça, m’ordonne-t-il de sa voix ferme et grave, qui me fait
baisser les yeux. Regarde-moi, Raven.
Je m’exécute.
— Tu ne ressembles à aucune autre. Tu es gentille, intelligente, drôle, gracieuse… Bon sang, tu ris
même aux blagues de Blake ! C’est toi que je veux. Toi, et tout ce qui fait la personne que tu es.
Il me veut, moi. Cet homme incroyable, beau et puissant me veut. Me suis-je déjà sentie aussi
désirée avant ? Une larme solitaire coule sur ma joue. Ses mots sont comme une couverture chaude
qui m’enveloppe le cœur. Il se penche en avant et effleure des lèvres le coin de mes yeux.
Est-il en mesure de comprendre à quel point ce qu’il dit me touche ? Je n’ai jamais eu le sentiment
d’être assez importante ou assez bien pour mériter ce genre d’affection. Il y a quelques jours à peine,
je sentais le mur que j’avais érigé autour de mon cœur se fissurer ; avec ces simples paroles, il l’a
fait s’effondrer.
Je suis à l’étroit à l’arrière de la voiture de police. Mes poignets brûlent sous l’acier des menottes. Mais je suis exactement à ma place. Je l’ai mérité.
J’ai pété les plombs.
Je lui avais promis qu’elle serait en sécurité avec moi.
J’ai trahi cette promesse.
Et si Jonah n’avait pas été là pour m’arrêter ? Combien de temps sa nuque fine aurait-elle tenu sous la pression de mes mains ? Ce cou que j’ai goûté de ma langue, contre lequel j’ai enfoui la tête pour m’enivrer de son parfum… Cette chair tendre contre laquelle j’ai murmuré des mots d’encouragement, pour qu’elle se détende et se laisse aller.
Je grogne et baisse la tête. Ouais, je mérite qu’on m’enferme.
Elle hoche la tête et s’éloigne. Je ne la suis pas tout de suite et regarde le lit. Il y a quelques minutes à peine, cet endroit était tellement plein de promesses, de possibilités d’avenir. De quoi bousculer ma putain de vie. Mais maintenant le lit est vide, couvert de draps tordus, reflet de ce que je ressens au fond de moi.
Elle minimise notre expérience et me relègue au rang de connard de base, où elle m’avait rangé lors de notre rencontre. Elle se rabaisse au simple rôle de coup d’un soir sans conséquence, dont il ne restera rien sinon, comme elle le disait elle-même, une vieille capote dans ma poubelle.
Elle me raconte alors sa soirée. Tachant de ne pas m'attarder sur le connard qui a osé poser ses sales pattes sur ma nana avant de la plaqué contre le bar, je ravale les remarques furieuses qui menacent d'exposer sous ma frustration dévorante.
J'écoute en hochant la tête, m'evertuant en vain à étouffer mes grondements de désapprobation.
Vince et moi sommes face à face, mon flingue braqué sur son visage, le sien sur ma poitrine. Je suis vaguement conscient de la présence d'autres personnes dans la piece, mais, pour l'instant, je suis en mode sniper et Vince est dans mon champ de mire. Tuer d'abord, expliquer plus tard.