Un gros meuble à tiroirs encombrés de bilan,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds chevaux roulés dans des quittances,
Cache moins de secrets que mon triste cerveau.
Qui contient plus de morts que la fosse commune.
- Je suis un cimetière abhorré de la lune...
Le frais balancement des ramures chenues,
L'horion élargi plein de vagues chansons,
Tout, jusqu'au vol joyeux des oiseaux et des nues,
Tout, aujourd'hui, console et délivre.
Quand reviens l'été superbe,
Je m'en vais au bois tout seul :
Je m'étends dans la grande herbe,
Perdu dans ce vert linceul.
La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forets de symboles
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !
Tout comme la vie et la nature qui se déroulent au fil des jours et des saisons, la poésie est rythme.
Un poème peut aussi être considéré comme un mantra.
Chaque son émet une vibration spécifique qui correspond à une situation ou à une disposition intérieure qu'il crée ou réveille.
Ce rouge soleil que l'on nomme l'amour !
La couleur agit sur nous elle est un moyen d'exercer une influence direct sur l'âme.
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons trainer à coté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche est veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
La poésie nous rappelle ce ^pouvoir des mots et, qu'il; soit croyant ou non, le poète manifeste cette force créatrice. Vous aussi êtes poètes, même si ce magicien dort peut-être au plus profond de vous.
le mot est en effet un concentré d'énergie.
Les mots sont des briques de votre - maison de l'être.
Vous tissez votre être grâce à la langue.
Toute poésie authentique se présente comme une cathédrale ou un palais de mots.